sexta-feira, 3 de junho de 2011

Texte Spinoza

Texte Spinoza

Bac Philosophie

Le sujet :

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

« La communauté politique la plus libre est celle dont les lois s’appuient sur la saine raison. Car, dans une organisation fondée de cette manière, chacun, s’il le veut, peut être libre, c’est-à-dire s’appliquer de tout son cœur à vivre raisonnablement. De même, les enfants, bien qu’obligés d’obéir à tous les ordres de leurs parents, ne sont cependant pas des esclaves; car les ordres des parents sont inspirés avant tout par l’intérêt des enfants. Il existe donc selon nous une grande différence entre un esclave, un fils, un sujet, et nous formulerons les définitions suivantes: l’esclave est obligé de se soumettre à des ordres fondés sur le seul intérêt de son maître; le fils accomplit sur l’ordre de ses parents des actions qui sont dans son intérêt propre; le sujet enfin accomplit sur l’ordre de la souveraine Puissance* des actions visant à l’intérêt général et qui sont par conséquent aussi dans son intérêt particulier. »
SPINOZA
* la souveraine Puissance : l’instance qui détient l’autorité politique. 
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

Le corrigé :

Les notions au programme : la liberté
Références possibles : Rousseau, Kant.

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

Thèse : Spinoza montre que pour que les sujets d’une communauté politique soient libres, ils doivent obéir à des lois raisonnables, c’est-à-dire qui visent l’intérêt général. Spinoza critique ici le régime despotique.

Le raisonnement de Spinoza procède en quatre temps :
1/ Qu’est-ce qu’une société libre ? Une société libre est celle qui est régie par des lois fondées sur la raison.
2/ Donc, est libre un membre d’une société libre, à condition qu’il veille à vivre « raisonnablement ».
3/ Qu’est-ce que vivre raisonnablement ? De la ligne 3 à 5, Spinoza va montrer qu’une vie raisonnable consiste à agir selon son intérêt propre en établissant une analogie avec la situation de l’enfant soumis aux ordres de ses parents.
4/ Puis, de la ligne 5 à 11, Spinoza va distinguer la situation de l’esclave, qui n’est pas libre, celle de l’enfant, qui doit obéir à ses parents pour agir raisonnablement, et celle du sujet qui est libre en respectant les ordres de l’état qui visent à l’intérêt général.

2.
a) Montrez en quoi l’obéissance de l’enfant et du sujet se distingue de l’obéissance de l’esclave :
Puisque les parents veulent ce qui est dans l’intérêt de leurs enfants, les enfants, en obéissant à leurs parents, agissent dans leur propre intérêt.
Au contraire, l’esclave agit en fonction d’un intérêt qui lui est extérieur, celui de son maître. Le maître ne cherche pas à agir dans l’intérêt de son esclave, mais dans le sien.
Une conduite raisonnable consiste ainsi à agir suivant son propre intérêt.

b) Pourquoi le sujet agit-il « aussi dans son intérêt particulier » lorsqu’il accomplit « des actions visant à l’intérêt général » ?
Il y a convergence de l’intérêt général et de l’intérêt particulier parce que tous deux obéissent aux lois de la raison. Si les lois n’obéissaient aux décisions arbitraires d’un despote, elles ne serviraient ni l’intérêt général, ni donc l’intérêt particulier du sujet (qui serait dans la situation de l’esclave).

c) Quelle est la définition de la liberté sur laquelle s’appuie l’argumentation de Spinoza ? Expliquez-la en vous servant des exemples du texte.
Spinoza refuse ici une conception de la liberté comme libre-arbitre : la liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais à se plier à ce qui est raisonnable.

3. Est-on d’autant plus libre que les lois auxquelles on obéit s’appuient sur la raison ?
Problématique : il semble d’abord que l’obéissance aux lois et la liberté s’opposent, si on comprend la liberté comme indépendance. Puis, il convient de s’interroger sur ce que signifient des « lois qui s’appuient sur la raison » ? Selon Spinoza, de telles lois visent l’intérêt général. Mais comment être sûr que ces lois défendent l’intérêt des sujets et non pas « la raison d’état » ? En effet, la raison peut être un calcul de coût et avantages froid et inhumain. De telles lois ne risquent-elles pas de conduire au despotisme de l’intérêt général ?

a) La liberté exige des bornes fixées par la raison :
  • La liberté conçue comme indépendance conduit à une impasse, car les hommes sont alors esclaves de leurs passions.
  • Seule la raison, en tant qu’elle met à distance les passions, peut dicter une conduite libre. La liberté est alors autonomie, obéissance à la loi qu’on s’est prescrite.
b) La vie en société exige des lois s’appuyant sur la raison :
  • Mais comment les hommes peuvent-ils coexister ensemble ? Suffit-il que chacun obéisse à sa propre raison ? Les hommes ont aussi une dimension sensible qui les porte aux passions, et donc à s’éloigner de la raison. C’est pourquoi des lois sont nécessaires, afin de rappeler les hommes à la raison.
  • Mais de quelle raison sont issues ces lois ? Inutile de rappeler que les régimes totalitaires ne sont appuyés sur une rationalisation de la société. La rationalité n’est pas une garantie de la justice des lois. Ne faudrait-il pas alors faire appel à des lois plus humaines, plus équitables ?
c) A quelles conditions des lois rationnelles permettent-elles la liberté ?
  • Mais comment faire pour que les lois permettent la liberté des hommes, dont Rousseau nous dit qu’elle est le bien le plus précieux ? Rousseau disait que ces lois devaient être l’expression de la volonté générale. Mais comment faire pour que les hommes ne soient pas justement asservis à l’intérêt général? 
  • Les lois, pour permettre la liberté, doivent donc en même temps veiller à être justes et équitables, à ne sacrifier aucun individu au nom de l’intérêt général.

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