quinta-feira, 9 de junho de 2011

A Crise de Futuro do Ocidente - Perspectiva Filosófica

La crise d'avenir de l'Occident

De la faillite d'une économie fondée sur le crédit à l'affaire DSK, rencontre inédite entre les deux philosophes parmi les plus lus et traduits en Europe
L'Occident vit une crise de l'avenir: les nouvelles générations ne croient plus qu'elles vivront mieux que celles qui les ont précédées. Une crise de sens, d'orientation et de signification. L'Occident sait à peu près d'où il vient, mais peine à savoir où il va.

Certes, comme disait René Char, "notre héritage n'est précédé d'aucun testament" et il appartient à chaque génération de dessiner son horizon. Mais nos tourments ne sont pas sans fondement. Le sens du commun s'est étiolé. A l'heure du chacun pour soi, le sentiment d'appartenance à un projet qui transcende les individualités s'est évaporé. L'effondrement du collectivisme – nationaliste ou communiste – et du progressisme économique a laissé place à l'empire du "moi je". Le sens du "nous" s'est dispersé.

L'idée de partage, de bien commun et de communauté semble voler en éclats, notamment à chaque nouvelle révélation de conflits d'intérêts touchant de hauts fonctionnaires. Mais ils sont encore nombreux ceux qui ne souhaitent pas laisser l'idée de communauté aux communautarismes qui hantent une planète déchirée.

Philosophes européens, Peter Sloterdijk et Slavoj Zizek sont de ceux-là. Ils ont accepté de débattre publiquement pour la première fois. Tout les sépare, en apparence. Le premier est un adepte de la philosophie individualiste de Nietzsche, l'autre un marxiste proche des mouvements alternatifs. Le premier est plutôt libéral, le second qualifié de radical.

Grâce à la puissance métaphorique mise au service de ses audaces théoriques, Peter Sloterdijk (prononcez "Sloterdeik") s'attache à saisir l'époque par la pensée, notamment grâce à une morphologie générale de l'espace humain, sa fameuse trilogie des "sphères", qui se présente comme une analyse des conditions par lesquelles l'homme peut rendre son monde habitable. En mariant Marx et Matrix, en jonglant entre Hegel et Hitchcock, le penseur slovène Slavoj Zizek (prononcer "Slavoï Jijèk") est une figure notoire de la "pop philosophie", aussi sévère avec le capitalisme global qu'avec une certaine frange de la gauche radicale, ne cessant d'articuler les références de la culture élitaire (opéra) et populaire (cinéma) aux grandes déflagrations planétaires.

Cette rencontre inédite est liée à la sortie concomitante de deux ouvrages destinés à penser la crise majeure que nous traversons. Avec Vivre la fin des temps (Flammarion, 578p., 29 euros), Slavoj Zizek analyse les différentes façons d'appréhender la crise du capitalisme. Car les quatre cavaliers de l'Apocalypse (désastre écologique, révolution biogénétique, marchandisation démesurée et tensions sociales) sont, selon lui, en train de le décimer: le déni (l'idée que la misère ou les cataclysmes, "cela ne peut pas m'arriver"), le marchandage ("laissez-moi le temps de voir mes enfants diplômés"), la dépression ("je vais mourir, pourquoi me préoccuper de quoi que ce soit" et l'acceptation ("je n'y peux rien, autant m'y préparer").

Et de proposer des alternatives et des initiatives collectives afin de retrouver le sens d'un communisme débarrassé de sa grégarité allié à un christianisme délivré de sa croyance en la divinité. Avec Tu dois changer ta vie (Libella/Maren Sell, 654p., 29euros), Peter Sloterdijk esquisse d'autres solutions, plus individuelles et spirituelles. Inspiré par le poème de Rainer Maria Rilke consacré à un torse antique du Louvre, il cherche dans les exercices spirituels des religieux à inventer un nouveau souci de soi, un autre rapport au monde.

De la faillite du crédit à l'affaire DSK, un dialogue inédit pour changer de voie.
Nicolas Truong (Débat)

Peter Sloterdijk Philosophe

Cet intellectuel allemand, professeur de philosophie et d'esthétique né en 1974, est aujourd'hui recteur de l'université de Karlsruhe et enseigne également aux Beaux-Arts de Vienne. Depuis sa "Critique de la raison cynique" (Christian Bourgois, 1987), il n'a cessé de mêler des réflexions métaphysiques ("Essai d'intoxication volontaire", Pluriel, 2001) à des essais politiques ("Théories des après-guerres. Remarques sur les relations franco-allemandes depuis 1945", 2008). Quelques ouvrages, comme "Règles pour le parc humain" (Mille et une nuits, 2000), déclenchèrent de vives polémiques en Allemagne. Son œuvre volumineuse aborde de nombreux thèmes dont, depuis "La Colère et le Temps" (Maren Sell Editeur, 2007), une "analyse psycho-politique" des luttes contemporaines. Il est aussi l'auteur d'une série d'ouvrages consacrés à une réflexion en profondeur sur le rôle de la forme ronde en philosophie et sur les représentations qui l'accompagnent, dont le dernier est "Globes Sphères II" (Libella, 2010). Il vient de publier "Tu dois changer ta vie" (Libella/Maren Sell, 2011).

Slavoj Zizek Philosophe

Né en 1949 à Ljubljana (Slovénie), ce philosophe, connaisseur de l'idéalisme allemand autant que de l'œuvre de Jacques Lacan, est docteur en psychanalyse. Son travail sur le cinéma sismographe des grandes tendances et convulsions qui agitent la société s'inscrit dans le sillage des études culturelles fondées par le penseur marxiste américain Fredric Jameson. Une pensée marxiste à laquelle cet ancien candidat du parti Démocratie libérale slovène en 1991 est resté attaché malgré la disparition du bloc de l'Est. C'est ainsi qu'il s'est déclaré proche du philosophe français Alain Badiou lorsque ce dernier a été attaqué. Auteur prolifique, il écrit régulièrement des tribunes dans la presse internationale sur la géopolitique. Parmi ses livres les plus importants, notons "Vous avez dit totalitarisme? " (Amsterdam, 2004), "La Parallaxe" (Fayard, 2008) ou tout récemment "Vivre la fin des temps" (Flammarion).

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