sexta-feira, 23 de dezembro de 2011

Le magazine du Monde




 
 
  Le 14 janvier, Zine El-Abidine Ben Ali.
2011, l'année de toutes les chutes
 
Leur chute fut fulgurante alors même qu'on les croyait tout-puissants. Des dictateurs indéboulonnables aux politiques aux m?urs douteuses, retour sur une année émaillée de destitutions brutales, rappelant que les excès du pouvoir ne restent pas toujours impunis. Par Béatrice Boisserie.
 
 
  En 2011, le peuple a fait son grand retour sur la scène de l'actualité.
Les anonymes, héros de l'histoire en marche
 
En 2011, le peuple a fait son grand retour sur la scène de l'actualité, renversant des dictateurs, dénonçant les marchés financiers. Au sein de ces mouvements, des inconnus qui souvent s'engageaient, pour la première fois...
 
 
  Stéphane Hessel.
Stéphane Hessel, gentleman indigné
 
Les internautes du Monde.fr ont désigné comme personnalité de l'année cet infatigable défenseur des droits de l'homme, âgé de 94 ans. Pas étonnant, quand on sait que son livret à 3 euros, judicieusement intitulé "Indignez-vous !", continue de provoquer un tourbillon planétaire.
 
 
  Ai Weiwei dans son atelier, à Pékin, en décembre 2011.
Ai Weiwei, artiste de la révolte
 
Artiste, architecte, cybermilitant trublion inclassable, Ai Weiwei réussit surtout l'exploit de donner un visage à la dissidence chinoise. Ce qui lui vaut d'avoir été choisi par la rédaction du "Monde" comme la personnalité de l'année.
 
 
  Défilé d'Alex Perry dans le cadre de la semaine de la mode à Sydney.
Mode : une nouvelle galaxie de talents
 
Dans le monde de la mode, la tendance forte de l'année n'a que peu à voir avec les couleurs ou les hauteurs d'ourlets. Ce microcosme de plus en plus médiatisé s'est offert un lifting spectaculaire avec l'arrivée de créateurs quasi-inconnus à la tête de maisons prestigieuses.
 
 
 



 
  Ryota Sono (poing levé) à la tête d'une manifestation à Tokyo contre les bases américaines  à Okinawa, dans le sud de l'archipel.
Ryota Sono veut libérer le Japon du nucléaire
 
Avec la catastrophe de Fukushima le 11 mars, ce jeune militant d'extrême gauche a trouvé une nouvelle cause. Depuis, Ryota Sono est à la tête de toutes les manifs antinucléaires. Rencontre avec un idéaliste à l'énergie inépuisable.
 
 
  Maha Issaoui à l'aéroport de Tunis, le 14 décembre 2011.
Maha Issaoui, blogueuse tunisienne
 
La jeune femme de 24 ans, cofondatrice de l'association Karama (dignité), fut l'une des premières à mettre en ligne sur son blog des photos et des vidéos des manifestations à Sidi Bouzid, qui menèrent à la chute du président Ben Ali.
 
 
  Stav Shaffir. Tel-Aviv, décembre 2011.
Stav Shaffir rêve d'un autre Israël
 
Elle fut l'une des leaders de la contestation née le 14 juillet à Tel-Aviv. Près de six mois après, malgré les divisions, elle veut croire à la survie du mouvement. Mais face à l'inefficacité des manifestations, elle cherche un nouveau mode d'action.
 
 
  Des Ferrari numérotées aux yourtes à 57 000 euros, le "Christmas Book" de Neiman Marcus est devenu un objet culte.
Petit papa Noël, moi, milliardaire, je voudrais...
 
Adressé à plus d'un million de fidèles clients très privilégiés, un catalogue texan offre un panel de cadeaux extravagants.
 
 

sexta-feira, 16 de dezembro de 2011

Angela Merkel, croquemitaine de l'Europe



Angela Merkel, croquemitaine de l'Europe

POLITIQUE – Comparée à Bismarck ou Hitler, la chancelière cristallise l'antigermanisme primaire ravivé par la crise de la dette.Jean-Michel NormandLa charge, menée sabre au clair, d'Arnaud Montebourg contre " la politique à la Bismarck d'Angela Merkel " et celle de Jean-Marie Le Guen, comparant Nicolas Sarkozy à Edouard Daladier cédant devant Hitler, semblent bien innocentes au regard de ce que subit la chancelière allemande ailleurs en Europe. Généralement représentée avec un casque à pointe, lorsque ce n'est pas un uniforme de la Wehrmacht, la chancelière concentre sur elle tout le ressentiment que déclenche le leadership de plus en plus marqué qu'exerce son pays sur les affaires européennes. La palme de l'antigermanisme primaire revient sans doute à la Grèce, où les manifestants brandissent régulièrement des photomontages mettant en scène une Angela Merkel membre de la Waffen-SS. A Athènes, les journaux grecs, qui n'ont toujours pas digéré la couverture du magazine allemand Focus de mars 2010 (on y voyait une Vénus de Milo adressant un doigt d'honneur à l'Europe), réclament de nouveaux " dommages de guerre " à la chancelière. Lors d'un show télévisé, le présentateur a souhaité, sur fond de musique militaire, un " joyeux Noël allemand " aux téléspectateurs. Quant aux caricaturistes de la presse britannique, ils se déchaînent. Ces dernières semaines, le célèbre Peter Brookes, du Times, a présenté la chancelière fouet en main, vêtue d'un uniforme prussien, et Steve Bell, du Guardian, en lascive Salomé recevant la tête de Nicolas Sarkozy sur un plateau et en Domina portant un collier clouté. " Bienvenue dans le IVe Reich ! ", a lancé de son côté le Daily Mail, estimant que " là où Hitler avait échoué à conquérir l'Europe par la voie militaire, les Allemands modernes prennent la relève à l'aide du commerce et de la discipline financière ". En Italie, les sarcasmes sont plus souvent réservés au président français qu'à Angela Merkel. Le quotidien Libero, proche de la très à droite Ligue lombarde, l'a néanmoins croquée portant une petite moustache. L'Espagne semble moins sujette au prurit anti-allemand. Le quotidienABC s'inquiète malgré tout d'une " germanisation de l'Europe ".
Outre-Rhin, ces signes de crispation inquiètent beaucoupFocus. Le magazine discerne clairement une " haine hystérique de l'Allemagne ". Les autres médias semblent prendre les choses avec davantage de recul et de philosophie, comme s'ils étaient rompus à ce genre de réactions. Le Berliner Zeitungtrouve des circonstances atténuantes aux anti-Merkel. Il constate que " sous l'égide de l'Allemagne, on impose aux pays du sud de l'eurozone, comme s'ils n'avaient pas d'autre alternative, une politique d'austérité conçue à Berlin et mise en oeuvre par de prétendus gouvernements d'experts ". Certains médias prennent les choses avec humour. Cité par le site Internet d'Arte, le Spiegel constate que -" l'Allemagne a gagné la seconde guerre mondiale la semaine dernière "" Oups ! j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? ", s'interroge l'éditorialiste.

segunda-feira, 12 de dezembro de 2011

Crescimento das Dívidas Soberanas na União Europeia entre 2000 e 2010


Quem trabalha mais na Europa


Os dados publicados sexta feira pelo Eurostat indicam que os gregos são quem trabalha mais horas na UE e os portugueses estão em quarto lugar. Prova-se assim a xenofobia dos ataques de Angela Merkel aos povos do Sul da Europa e que o Governo de Passos Coelho quer fazer de Portugal um país de trabalho escravo. O artigo é de Marco Antonio Moreno.

Cada vez que se fala de trabalho e produtividade existe o estereotipo da eficiência alemã e da indolência grega. Diz-se que os gregos são uns preguiçosos e que os alemães são os campeões da produtividade na Europa. No entanto, estes dados publicados pelo Eurostat, para as horas trabalhadas nos 27 países da União Europeia dizem outra coisa: os alemães não são os mais produtivos da Europa e os gregos não têm nada de preguiçosos. De facto são os que mais trabalham como mostra o primeiro gráfico.
Esta semana demos conta da falácia do chamado esbanjamento dos países da periferia, ao contrastar os dados para a dívida pública da zona euro e a sua variação entre 2000 e 2010. Durante muito tempo deitou-se a culpa da atual crise a este esbanjamento e conclui-se que os mais “esbanjadores”, e que aumentaram significativamente a sua dívida pública, foram a França e a Alemanha. Agora, com os dados na mão, podemos ver quem são os que trabalham mais horas por semana e os que são mais produtivos.
Quando vemos os números reais, os gregos são os maiores trabalhadores europeus juntamente com os austríacos: 43,7 horas por semana face a 42 horas dos alemães. Em Espanha trabalha-se 41,6 horas por semana, enquanto em França 41,1 horas. Os italianos estão mais abaixo com 40,5 horas. Os mais preguiçosos são os dinamarqueses, que trabalham 39,1 horas...
Pelo lado da produtividade (segundo gráfico) a da Alemanha é apenas 23,7% maior que a média da União Europeia. Neste indicador ganha de longe o Luxemburgo, com uma produtividade 89% maior que a média europeia. Seguem-se-lhe bastante longe a Holanda, com 36,5% acima da média europeia, a Bélgica com 34,7%, a França com 32,7% e a Irlanda com 25,6%. Espanha também está acima da média europeia com uma produtividade superior em 7,9%. Pode ver aqui o gráfico interativo.
Estes dados foram publicados nesta sexta feira, 9 de dezembro de 2011, durante a reunião dos líderes europeus. Os números mostram-nos que muito preconceito quando se trata os gregos de preguiçosos, ou quando se diz que os alemães são os mais trabalhadores da Europa. Se alguma vez isso foi assim, hoje a coisa mudou. Com o dilacerante desemprego juvenil que na Grécia chega a 43,5% é expectável que qualquer grego com trabalho se sinta muito afortunado e que se agarre a esse trabalho com força. Isto também nos fornece dados sobre a deterioração em que vive parte importante da população europeia.
Artigo de Marco Antonio Moreno, publicado em El Blog Salmon

sexta-feira, 9 de dezembro de 2011

quarta-feira, 7 de dezembro de 2011

Sarkosy et le Nouveau Gouvernement de Vichy


Sem-abrigo: De Marselha a Hamburgo, a caça aos pobres generaliza-se

Várias cidades francesas adotaram medidas contra os mendigos nos últimos meses. Na Alemanha, a instalação de uma vedação para impedir os sem-abrigo de pernoitarem debaixo de uma ponte de Hamburgo suscitou protestos. Por toda a parte, os sem-abrigo são empurrados para fora dos centros das cidades por cercas, multas ou milícias privadas. 
Por Christian Jakob
Ponte Kersten-Miles em Hamburgo, na faixa pode ler-se: Exclusão!
Ponte Kersten-Miles em Hamburgo, na faixa pode ler-se: Exclusão!
A 17 de outubro, a cidade de Marselha aprovou uma portaria antimendicidade para a quase totalidade do centro da cidade. Alguns dias antes, a prefeitura de Paris proibiu a mendicidade nos Campos Elísios. Outras medidas do mesmo tipo foram tomadas pelos presidentes das câmaras de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) e La Madeleine (Nord). A municipalidade de Beauvais (Oise) teve mesmo a ideia de levar a tribunal os sem-papéis instalados debaixo de uma ponte!
Este tipo de medidas não é específico da França. Em Hamburgo, a segunda cidade alemã, a autarquia do bairro de Saint-Pauli desembolsou 18.000 euros em Agosto passado para erigir uma cerca por baixo da ponte Kersten-Miles, onde dormiam pessoas sem-abrigo. Depois de fortes protestos, a cerca foi finalmente removida no fim de setembro.
A caça aos sem-abrigo vai provavelmente prosseguir na Alemanha. Desde o dia 1 de novembro, a Deutsche Bahn (o principal operador ferroviário) dispõe de um “direito especial de utilização” dos terrenos em redor da estação. Contra o pagamento de uma taxa, a sociedade dos caminhos de ferro ficou com o direito de usufruto de uma zona até aqui pública. As empresas privadas de segurança poderão agora decidir expulsar quem queiram. Este procedimento poderá ser estendido a gares noutras cidades. Para Stefan Karrenbauer, trabalhador social no jornal dos sem-abrigo de Hamburgo Hinz & Kunzt, a vedação na ponte é “uma primeira no país”. Mas as diversas tentativas de banir os sem-abrigo da cidade “voltam regularmente”.
22.000 pessoas na rua
Na Alemanha, mais de 240.000 pessoas não têm habitação fixa, segundo os últimos dados publicados em novembro pelo agrupamento de associaçõesBAWG(Bundesarbeitsgemeinschaft  Wohnungslosenhilfe). São mais 10% do que em 2008. 22.000 encontram-se verdadeiramente na rua.
Segundo o diretor da BAWG, Thomas Specht, este número poderá descer “para um nível mínimo” dentro de alguns anos somente graças a um trabalho social de rua consequente e a uma política de construção de habitação. Mas, para o militante, é também uma consequência do processo de gentrificação (valorização imobiliária), que acontece em numerosas cidades alemãs. As casas aumentam a seguir a “modernizações excessivas”. As “habitações normais” tornam-se raras e a Alemanha não constrói suficiente habitação social para compensar. “Em seguida, a pressão aumenta também sobre a rua”, constata Thomas Specht.
Regulamentos de rua...
A vida torna-se então ainda menos confortável para aqueles que pouco têm. E não só desde que a Deutsche Bahn começou, no quadro da sua privatização, a vender as suas gares como centros comerciais. “As condições de vida nos centros das cidades estão sempre mais submetidas ao diktatdo consumo”, lamentava já em 2003 o diretor do serviço de apoio à habitação da Caritas. Entre os meios de fazer pressão sobre os mais pobres, os “regulamentos de rua” espalharam-se pelo país. “Quase todas as grandes cidades adotaram um destes textos indignos nascidos de um furor burocrático de regulamentação”, constatava ainda a Caritas. Atividades totalmente legais na Alemanha, como a de dormir em parques ou espaços públicos, ou consumir álcool em pé tornaram-se assim “utilizações particulares” dos locais públicos, e portanto, proibidas. Em caso de infração, há a multa.
A maior parte destes regulamentos de rua surgiram nos anos 90. Os debates da época são reveladores. A teoria americana das “janelas partidas” (segundo a qual os mais pequenos problemas de degradação do espaço público devem ser rapidamente tratados para não evoluírem para um estado de degradação geral de bairros inteiros) encontrou adeptos na Alemanha. “Onde há lixo também há ratos e onde reina a degradação também há escória”, declarava, por exemplo, o deputado berlinense conservador Klaus-Rüdiger Landowsky no parlamento local.
Os ladrões reincidentes banidos do centro
Em 1996, o antigo ministro federal do interior, o conservador Manfred Kanther, tinha lançado com a sua “ação securitária” a primeira pedra dos regulamento de rua e das parcerias para a ordem pública, que põem a trabalhar em conjunto empresas de segurança privadas, comerciantes e administrações municipais. À ação de segurança foi atribuído como objetivo “a defesa da ordem pública contra os desordeiros”. Os seus efeitos são visíveis ainda hoje. Mas é sobretudo pela interdição da mendicidade que muitas cidades esperam desembaraçar-se dos indesejáveis. Porém, vários tribunais decidiram que a mendicidade deve ser aceite como um “fenómeno social”. Resta o conceito vago de “mendicidade agressiva”, que se impôs nos regulamentos de rua.
Segundo um estudo de Titus Simon, da universidade de Magdeburgo-Stendal, 72% de 616 cidades alemãs sondadas indicaram ter adotado tais regulamentos no final dos anos 90. Em 2005, a cidade de Colónia ameaçou mesmo multar os que catavam o lixo – os sem-abrigo que procuravam garrafas recicláveis. Os protestos impediram no entanto esta medida.
A cidade de Celle, na Baixa Saxónia, foi mais longe. Desde os finais dos anos 90, os ladrões de lojas reincidentes foram proibidos de entrar na cidade. Se têm lá a sua habitação principal, deixaram de poder ir à cidade velha e ao centro. “Nós fomos os percursores”, afirma o porta-voz da municipalidade. Todos os anos, a cidade de Celle aprova cerca de 14 destas interdições, válidas por um ano. A infração custa 250 euros. “Em geral, estas medidas dizem respeito a toxicómanos”, continua o porta-voz. A cidade não conta mudar de prática, apesar da associação BAGW a considerar contrária à Constituição. Mas os toxicodependentes raramente processam as administrações vexatórias.
As gares, locais de encontro como os outros
Os municípios também atacam os sem-abrigo por meio de estratégias de construção: sistemas de rega, planos íngremes, bancadas curvas, blocos de cimento colocados nas superfícies planas, grades afiadas em torno dos edifícios. “O mundo está cheio de arquiteturas que tornam a vida mais difícil aos sem-abrigo”, constata Stephan Nagel, da Obra diaconal alemã. Em Paris, o coletivo de artistas Survival Groupassumiu como missão o combate a este mobiliário urbano. “O espaço efetivamente público é capturado de maneira autoritária”, explica Arnaud Elfort, doSurvival Group”: “Estas instalações modificam a atmosfera social. A cidade torna-se ameaçadora.”
A política de repressão conheceu no entanto um revés jurídico na Alemanha, pelo menos para as gares. Em fevereiro passado, o tribunal constitucional federal declarou que os equipamentos de transporte em parte públicos continuam a ser “locais de encontro públicos”. Concretamente, esta decisão permitiu realizar-se uma manifestação no aeroporto de Frankfurt. “É uma excelente decisão jurídica, segundo Wolfgang Hecker, professor de direito da Escola superior de polícia e da administração de Hesse. Se o direito fundamental de liberdade de reunião está garantido, isso vale sem dúvida ainda mais para o simples direito de passar algum tempo nas gares”. As consequências são claras: “A ninguém pode ser recusada a entrada numa estação simplesmente porque a pessoa não se insere no conceito de marketing da Deutsche Bahn, limitado ao consumo e ao transporte”.
Christian Jakob

sábado, 3 de dezembro de 2011

Probabologia: União Europeia Contra a Democracia? - O que dizem os pensadores.


La crise de l'endettement fait-elle entrer l'UE dans l'ère du post-démocratique ?

L'Union européenne contre la démocratie?

Avec l'épisode du référendum grec – qui n'est pas toujours une marque de démocratie, selon Philippe Vigneron – la crise de la dette révèle, comme le soutient Marc Le Roy, le déficit démocratique des institutions de l'Union européenne. Comment éviter le danger d'un court-circuit des démocraties ? Peut-on sortir l'Europe de l'emprise des marchés ? Oui, écrit Dominique Rousseau. Les marchés ne doivent plus dicter leur loi. Pour cela, il faut élaborer une nouvelle Constitution ! Car nous vivons un moment décisif, ajoute Yves Charles Zarka, un délitement politique contre lequel il faut réinventer l'idéal européen. La crainte des peuples est parfois justifiée, ajoute Pascal Perrineau. Alors, quand les décideurs parlent de "gouvernance", explique Jürgen Habermas, ils ne font que désigner une forme dure de domination politique. Comment peut-il en être autrement, souligneGérard Raulet, l'Europe est antisociale depuis le traité de 2004 et ses pièges. Pour changer la donne, il faut relancer un projet politique positif, martèle Jean-Marie Guéhenno.

sexta-feira, 2 de dezembro de 2011

Dans les arcanes de la fraude fiscale


Dans les arcanes de la fraude fiscale

par Guillaume Pitron, juin 2011
Révélées par la crise financière en 2008, les pratiques frauduleuses de la Liechtenstein Global Trust et de la banque suisse UBS permettaient à des contribuables européens et américains de dissimuler leur fortune. C’est le point de départ de Xavier Harel, qui dissèque les dessous de l’évasion fiscale : une industrie où soixante-dix « passagers clandestins de la mondialisation » rivalisent d’ingéniosité et de souplesse pour attirer discrètement l’argent des milliardaires et des multinationales (1). Journaliste à La Tribune, l’auteur décrit avec pédagogie l’infinie variété d’instruments financiers, de montages et d’acteurs impliqués. Certes, la construction générale de l’ouvrage ne paraît pas toujours logique et la pertinence du propos échappe parfois dans les derniers chapitres. Néanmoins, le choix d’ouvrir sur la « déclaration de guerre » du G20 aux paradis fiscaux, puis de mettre progressivement en perspective les effets d’annonce avec les actes, renforce la démonstration de l’hypocrisie de dirigeants, peu pressés de s’attaquer à un système dont ils tirent souvent le meilleur parti.
C’est précisément à l’analyse de ce « système » que s’attaque Jean de Maillard. Inlassable contempteur de la criminalité économique née de la dérégulation des marchés, le magistrat français avait toujours jugé la fraude marginale au capitalisme, supposé par essence vertueux. Or, avec L’Arnaque, il observe dorénavant l’économie de marché en train de se corrompre de l’intérieur (2). En effet, une nouvelle forme d’infraction se propage en son sein : la « fraude de système ». En replaçant son propos dans une perspective historique, Maillard décrypte des marchés financiers livrés à la spéculation sur les matières premières et à la multiplication des chaînes de Ponzi, ces pyramides frauduleuses dont M. Bernard Madoff fut l’un des architectes renommés.
Cette « criminalité systémique », qui a atteint son paroxysme en 2008-2009 avec la crise des crédits subprime, est d’autant plus pernicieuse qu’elle est rarement sanctionnée. Et pour cause : les pouvoirs publics se montrent incapables d’y apporter une réponse normative. Or, lorsque ce sont les « escroqueries légales » qui deviennent la norme, plus personne n’assume les crises à répétition, sauf, en dernier recours, le contribuable. Conscient de la nécessité de redessiner les frontières du droit et du non-droit, Maillard suggère de nombreuses pistes de réflexion. On regrettera toutefois que l’auteur n’ait pas enrichi ses analyses de l’expérience de terrain du magistrat.
Guillaume Pitron
Journaliste.

A Arte de Ignorar os Pobres - Prefácio


« L'Art d'ignorer les pauvres »

Préface de Serge Halimi

« Il y a deux manières de favoriser le retour au travail des chômeurs, expliquait en 2010 l’hebdomadaire libéral The Economist. L’une est de rendre inconfortable ou précaire la vie de ceux qui reçoivent une allocation chômage ; l’autre consiste à faire que la perspective d’un emploi devienne viable et attirante. » La question de la « viabilité » d’une recherche d’emploi est cependant posée quand le taux de chômage atteint ou dépasse les 10 %. Et l’« attrait » du travail salarié décline quand les rémunérations se tassent, quand le stress et les pressions se multiplient. Reste alors à rendre encore plus « inconfortable ou précaire » le sort des chômeurs.
Telle est la stratégie que les libéraux au pouvoir et les organisations économiques internationales poursuivent depuis une trentaine d’années. Les articles de John Galbraith et de Laurent Cordonnier le rappellent avec une ironie ajustée au cynisme qu’ils exposent. Avec le texte bien antérieur de Jonathan Swift (1729) qui conseillait aux pauvres d’échapper à la misère en saignant leurs enfants afin de les commercialiser sous forme de « nourrisson de boucherie », plutôt que de se saigner eux-mêmes à élever leur progéniture au risque de la voir ensuite déraper dans le crime et servir de gibier de potence, on passe de l’ironie à l’humour sardonique.
L’intérêt d’un tel registre tient à ce qu’il nous éclaire en nous épargnant l’emphase indignée, les émollientes pleurnicheries. Car qu’il s’agisse des propriétaires fonciers irlandais, des économistes de l’école de Chicago entourant Ronald Reagan, ou de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), leur opposer une protestation morale, faire appel à leurs sentiments n’aurait guère de sens. Riches, instruits, intelligents (le plus souvent...), c’est en effet en connaissance de cause qu’ils défendent une philosophie sociale conçue à leur avantage et qui, sans qu’on la caricature trop, se résume presque toujours ainsi : les riches seraient plus entreprenants s’ils payaient moins d’impôts ; les pauvres seraient plus travailleurs s’ils recevaient moins de subsides.
Des parrains aussi anciens que prestigieux fondent cette doctrine. Emissaire de la révolution américaine à Paris et rédacteur de la Déclaration d’indépendance, Benjamin Franklin estimait dès 1766 que, « plus on organise des secours publics pour prendre soin des pauvres, moins ils prennent soin d’eux-mêmes et, naturellement, plus ils deviennent misérables. Au contraire, moins on fait pour eux, plus ils font pour eux-mêmes, et mieux ils se tirent d’affaire. » En somme, abandonner les indigents à leur sort serait un moyen de leur rendre service. L’avarice devient ainsi une forme intellectuellement avancée de générosité humaine voire, osons le mot, d’aide sociale.
En temps ordinaires, une théorisation aussi aboutie de l’égoïsme serait déjà presque irrésistible. Que dire alors des temps de crise, des moments où la plupart des gouvernants nous serinent que « les caisses sont vides », qu’un endettement croissant menacerait « l’avenir de nos enfants » ? Instruit du danger collectif, de l’urgence de « faire des sacrifices », chacun imagine alors assez volontiers que, même en période d’austérité, il serait, lui, mieux remboursé de ses soins (lorsqu’il tombe malade), mieux compensé au cours de ses périodes d’inactivité (quand il devient chômeur), si d’autres, forcément moins méritants, ne l’étaient pas autant.
On le sait assez : sitôt que la confiance en l’avenir se lasse, que les murs se referment sur eux, les gens se dressent les uns contre les autres - surtout s’ils se côtoient et se concurrencent pour un même type d’emploi, de logement, d’école. Le soupçon que son niveau de vie médiocre ou le montant excessif de ses impôts s’expliqueraient par les avantages innombrables dont bénéficieraient les « assistés » alimente un baril de ressentiments que la moindre étincelle peut faire exploser. Les pyromanes ne manquent pas. En un sens, les rationalisations distinguées du Fonds monétaire international (FMI), de l’OCDE, des « boîtes à idées » ou de la Banque centrale européenne ont pour vocation d’encourager les gouvernants et les journalistes à frotter l’allumette.
Alors, sus aux parasites ! Le « devoir d’informer » va se charger de nous détailler la vie de château qu’ils mènent. « Quand on est RMiste, relevait ingénument Le Point du 28 septembre 2006, on a aussi droit à : l’allocation-logement à temps plein ; la suspension de ses dettes fiscales ; l’exonération de sa taxe d’habitation, de sa redevance, de sa cotisation à la couverture-maladie universelle ; l’accès gratuit à la complémentaire santé de la CMU ; la prime de Noël ; le tarif téléphonique social ; la réduction dans les transports, la gratuité des musées, diverses allocations supplémentaires (en fonction de son lieu d’habitation). »
Le 4 juin 2011, Le Figaro Magazine réservait à son tour sa une à une périlleuse « Enquête sur la France des assistés : ces ‘allocs’ qui découragent le travail ». La couverture représentait un jeune homme vigoureux qui, sans doute bercé par la sollicitude de l’Etat-providence, somnolait dans un hamac tricolore. De fait, si ce fainéant touchait le revenu de solidarité active (RSA), il empochait alors d’un coup la somme rondelette de 467 € par mois (700 € pour un couple sans enfant dans la même situation). RSA, « un boulet dont le coût dépasse 10 milliards d’euros », relevait donc Le Figaro Magazine, toujours précis. « Le ras-le bol monte dans les départements », mais les Alpes-Maritimes « se dotent d’une brigade antifraude au RSA, une première en France » se réjouissait-il ensuite dans un encadré nous signalant que « seize contrôleurs sont chargés de vérifier les factures d’eau, de téléphone et d’électricité. Ils travaillent avec la Caisse d’allocations familiales et peuvent croiser divers fichiers administratifs. »
Ni M. François Pinault, propriétaire du Point, ni M. Serge Dassault, propriétaire du Figaro, n’ont habitué les lecteurs de leurs publications à entourer d’autant de faveurs les contrôles de l’Etat, qu’en général ils jugent tatillons, bureaucratiques, inquisitoriaux, surtout quand ceux-ci concernent les grosses entreprises et les riches. Mais il est vrai que MM. Pinault et Dassault comptent au nombre des cent plus grosses fortunes du monde... Avec 11,5 milliards de dollars pour le premier, 9,3 milliards de dollars pour le second, l’un et l’autre disposent d’un montant presque équivalent à ce que coûte chaque année le RSA pour la totalité des Français.
Dès juillet 1984, lors de la convention du parti démocrate de San Francisco, le gouverneur de New York, Mario Cuomo, dressait l’acte d’accusation d’un individualisme libéral qui, Ronald Reagan aidant, avait déjà le vent dans les voiles : « La différence entre démocrates et républicains a toujours été mesurée en termes de courage et de confi ance. Les républicains pensent que le convoi n’atteindra jamais son objectif à moins que certains vieux, certains jeunes, certains faibles ne soient abandonnés sur les bas-côtés de la route. Nous, démocrates, croyons qu’il est possible d’arriver à bon port avec toute la famille intacte. Et nous y sommes parvenus à plusieurs reprises. Nous avons commencé lorsque Roosevelt se dressa de sa chaise roulante pour relever une nation à genoux. Wagon après wagon, frontière après frontière, toute la famille à bord. Chaque fois tendant la main à ceux qui voulaient monter dans notre convoi. Pendant cinquante ans, nous les avons tous menés à bon port, vers plus de sécurité, de dignité et de richesse. N’oublions pas que nous y sommes parvenus parce que notre nation avait confiance en elle. »
Un mois plus tard à Dallas, Phil Gramm lui répondait lors de la convention du parti républicain. Pour cet économiste, qui jouerait plus tard un rôle clé dans la (désastreuse) déréglementation financière américaine, la « famille d’Amérique » de Cuomo ne constituait qu’une ruse sémantique permettant de ne pas parler de l’Etat prédateur. Quant au convoi solidaire qu’avait évoqué le gouverneur de New York, il n’atteindrait jamais sa destination, car la locomotive n’avançait plus tant le train qu’elle tirait était bondé : « Il y a, résuma Phil Gramm, deux catégories d’Américains : ceux qui tirent les wagons et ceux qui s’y installent sans rien débourser, ceux qui travaillent et paient des impôts, et ceux qui attendent que l’Etat les prenne à sa charge. » Conclusion : il fallait débarquer les oisifs et les parasites dans une prairie ou dans le désert si on escomptait encore que la locomotive américaine retrouve sa vitesse de croisière et reprenne son périple vers la nouvelle frontière. Question discours, celui de Mario Cuomo marqua les mémoires ; nul ou presque ne se souvient des propos de Phil Gramm. Soit, mais cette année-là, Ronald Reagan remporta l’élection dans quarante-neuf des cinquante Etats...
La crise financière a porté à son acmé la consternation qu’occasionnent chez les riches les prodigalités déversées sur les pauvres. Dorénavant c’est la majorité de la population qui figure dans la ligne de mire des possédants. Car, ainsi que l’explique Laurent Cordonnier dans cet ouvrage, il s’agit pour eux de diviser le salariat afin de le vaincre tranche après tranche. Ils commencent donc par sa fraction la moins organisée, les chômeurs et les travailleurs immigrés, se réservant pour la fin l’aile la plus coriace, la plus syndicalisée. Isolée, jalousée, dépourvue d’alliés, comment parviendrait elle à défendre très longtemps ce qu’elle a autrefois conquis, et que l’OCDE, les patronats, les gouvernements et les médias ont décrété « privilèges » ?
Il en est pourtant de plus appréciables... Ainsi, depuis 2009, grâce à des injections plantureuses d’argent public, les banques ont retrouvé leurs couleurs. Elles émergent même de la crise financière plus puissantes qu’avant, plus susceptibles encore de prendre les Etats « en otage » lors d’une prochaine tempête. Et elles invoquent le poids de l’endettement, astucieusement mis entre parenthèses tant qu’il fallait débourser des montants dépassant l’entendement pour sauver Goldman Sachs, la Deutsche Bank ou BNP Paribas, comme prétexte... au démantèlement de la protection sociale et des services publics.
On ne sait pas trop si, vivant aujourd’hui, Swift aurait dû forcer son talent pour décrire la juxtaposition audacieuse d’une pratique laxiste amputant les recettes fiscales au profit des riches et d’un discours de « rigueur » visant à refouler les dépenses budgétaires de l’Etat-providence. En France, par exemple, depuis l’élection de M. Nicolas Sarkozy, la droite a successivement réduit les droits de succession, résolu d’éliminer la taxe professionnelle acquittée par les entreprises, et divisé par trois le taux d’imposition des fortunes supérieures à 3 millions d’euros. Le rapporteur général du budget, M. Gilles Carrez (UMP), a précisé par ailleurs que « les plus grandes entreprises, celles de plus de 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, paient entre 15 et 20 % de l’impôt sur les sociétés, alors qu’elles réalisent entre 50 et 70 % du chiffre d’affaires ». Ainsi, Total, dont le résultat net atteignait 10,5 milliards d’euros en 2010, n’a pas payé d’impôt sur les sociétés cette année-là. On conçoit donc volontiers qu’un ministre français, M. Laurent Wauquiez, ait dénoncé le « cancer » de l’« assistanat ». Magnanime avec Total, son gouvernement a cependant su récupérer 150 millions d’euros ailleurs, en fiscalisant les indemnités journalières versées aux victimes d’accident du travail.
Swift suggérait qu’à défaut d’être dévorés à temps, les enfants de pauvres importuneraient les passants et dès l’âge de six ans s’emploieraient à les détrousser. En revanche, insistait-il, un « nourrisson de boucherie engraissé à point fournira quatre plats d’une viande excellente ». Devant une telle alternative, comment hésiter ? Le satiriste irlandais ne connaissait pas les textes de l’OCDE, mais déjà à son époque les libéraux proclamaient que la loi du marché celle qui, dans l’Irlande du XIXe siècle, occasionnerait une des plus meurtrières famines de l’histoire de l’humanité résoudrait tous les problèmes, y compris ceux de la surpopulation. Une seule condition : qu’on la laisse jouer à plein. Ceux qui proposaient autre chose ne pouvaient être que de doux rêveurs ou de dangereux agitateurs.
Invoquer l’évidence, l’absence de choix réel, constitue un procédé familier pour garantir que des réformes, parfois un peu bourrues, se déploieront sans résistance. Ainsi, plutôt que de se résoudre, très raisonnablement, à accommoder « un jeune enfant en bonne santé et bien nourri sous forme de fricassée ou en ragoût », des écervelés ne risquaient ils pas à l’époque de proposer de sortir de la misère irlandaise grâce à une fiscalité nouvelle, des droits de douane, une réforme agraire ? Face à des suggestions aussi démentes, hurluberlues, utopiques, le satiriste imaginait cette réplique qui sonne encore aujourd’hui comme un appel à l’action : « Qu’on ne vienne pas me parler de ces expédients ni d’autres mesures du même ordre, tant qu’il n’existe pas le moindre espoir qu’on puisse tenter un jour, avec vaillance et sincérité, de les mettre en pratique. »
Certains de ces expédients utopiques ont sans doute été mis en pratique puisque les repas irlandais n’incluent toujours pas dans leurs menus les mets « excellents et nourrissants » que Swift avait autrefois imaginés.