terça-feira, 3 de maio de 2011

Une molécule pour sortir les autistes de l'isolement

Une molécule pour sortir les autistes de l'isolement 

Par Sandrine Cabut
16/02/2010 | Mise à jour : 11:52

Les premiers résultats d'un essai français avec l'ocytocine sont encourageants.

Connue de longue date pour son rôle dans l'accouchement et la lactation, plus récemment qualifiée d'hormone de la confiance voire d'hormone de l'amour, l'ocytocine offre aujourd'hui un espoir thérapeutique dans l'autisme. Testée pour la première fois contre placebo chez un petit nombre d'autistes sous forme de spray, cette molécule a amélioré significativement leurs contacts sociaux, selon une étude menée par l'équipe d'Angela Sirigu (centre de neurosciences cognitives, CNRS, Bron) et du Pr Marion Leboyer (Inserm, pôle de psychiatrie de l'hôpital Chenevier-Mondor, Créteil). Leurs résultats, certes préliminaires mais encourageants, viennent d'être publiés dans Les Comptes rendus de l'Académie des sciences américaine.
Synthétisée dans le cerveau par l'hypothalamus, l'ocytocine est un petit peptide (constitué de neuf acides aminés) qui passionne les chercheurs. Ces dernières années, des expériences chez différents animaux et chez l'homme ont affirmé son rôle dans toute une série de comportements sociaux positifs : lien mère-enfant, confiance, attachement social, fidélité… Parallèlement, des études ont retrouvé un déficit d'ocytocine dans le sang d'autistes, suggérant un potentiel thérapeutique dans cette pathologie caractérisée par des difficultés à communiquer avec les autres et à développer des liens sociaux.
Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs français ont inclus 13 patients (11 hommes et 2 femmes) âgés en moyenne de 26 ans, atteints d'autisme dit «de haut niveau» ou de syndrome d'Asperger. Ces deux formes se caractérisent par des capacités intellectuelles et linguistiques normales, mais des troubles graves de la communication avec les autres. Ces volontaires ont participé à deux types de tests, avec ou sans administration au préalable d'ocytocine en spray (une voie qui permet à l'hormone d'atteindre le cerveau en quelques minutes, avant d'être éliminée rapidement).
Les chercheurs ont ainsi observé les patients et des témoins pendant qu'ils jouaient à un jeu de balles avec trois partenaires virtuels. L'un des trois renvoyait toujours la balle au patient («bon»), un autre jamais («mauvais») et un troisième indifféremment au patient ou aux autres joueurs («neutre»). Le jeu était répété afin que les participants puissent identifier les profils de leurs partenaires et s'adapter. Sous placebo, les autistes ont renvoyé la balle sans distinction aux trois joueurs. Sous l'effet de l'ocytocine, ils l'ont envoyé préférentiellement au «bon» partenaire, avec un comportement se rapprochant de celui des témoins.
Dans l'autre test, les malades devaient fixer des visages sur un écran d'ordinateur, le mouvement de leurs yeux étant enregistré. Sans traitement, les autistes avaient tendance à regarder la bouche ou en dehors du visage. Après le spray, ils ont porté plus d'attention aux visages, et ont en particulier fixé leur regard sur les yeux de la personne photographiée. Pour Angela Sirigu, ces résultats sont très positifs. «Le test de la balle montre que les autistes peuvent ainsi discriminer les profils sociaux et adapter leur comportement en fonction du feed-back, c'est de l'apprentissage» souligne-t-elle. De même, rappelle cette spécialiste, l'évitement du regard est un symptôme majeur de l'autisme. L'augmentation du temps de fixation est donc un signe de l'efficacité de l'hormone. Les auteurs soulignent toutefois que certains patients, semblant correspondre à des profils refusant tout contact, ont peu répondu à l'ocytocine, qui n'a été administrée qu'une fois, en quantité modeste. Pour Angela Sirigu, l'objectif est maintenant de mener des études à plus large échelle, avec un traitement plus long. «Nous aimerions aussi faire des tests à des stades beaucoup plus précoces de l'autisme, chez des enfants», insiste la chercheuse, en quête de partenaires industriels. En France, l'ocytocine est utilisée de longue date en intraveineux pour déclencher l'accouchement ou prévenir des hémorragies après celui-ci, sans problème de tolérance, selon les obstétriciens.

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