segunda-feira, 10 de setembro de 2012

Le Cerveau sur mesure


Jean-Didier Vincent

Jeudi 26 janvier 2012
Par Printemps du livreBookmark and Share
Jean-Didier Vincent © drfp-odile jacob
© DRFP-ODILE JACOB
Neuropsychiatre et neu­ro­bio­lo­giste, Jean-Didier Vincent est pro­fes­seur émérite à l’Université Paris-Sud. Il est membre de l’Académie des sciences et auteur de nom­breux ouvrages, dontBiologie des pas­sions (Odile Jacob, 2009). Ses recherches consti­tuent un apport déci­sif à l’étude du cer­veau humain, véri­table capi­tale du corps. Dans Le Cerveau sur mesure(Odile Jacob, 2011), co-écrit avec Pierre-Marie Lledo, il en éclaire l’histoire évolu­tive et la plas­ti­cité. À cet organe com­plexe et non figé, les explo­ra­tions actuelles de la recherche médi­cale ouvrent la pers­pec­tive d’être réparé voire «aug­menté». Un cer­veau sur mesure qui doit demeu­rer «à la mesure de l’homme».

Extrait de Le Cerveau sur mesure :
Il n’y a pas un objet connu dans notre uni­vers qui égale en com­plexité un cer­veau humain. Les mil­liards d’étoiles de la Voix lac­tée gou­ver­nées par la méca­nique céleste ne sont pas com­pa­rables à l’admirable archi­tec­ture des cent mil­liards de cel­lules (neu­rones) conte­nues dans les 1 500 grammes de matière céré­brale. Et cepen­dant, ce cer­veau à l’œuvre n’aurait rien d’humain s’il n’était confronté à d’autres cer­veaux sem­blables au sien dont il tire la conscience de sa propre exis­tence – autre­ment dit de sa sub­jec­ti­vité qui s’exprime dans sa capa­cité à dire «je». Cet ego que l’on peut dési­gner sous le terme de psy­ché implique donc un échange de sens avec l’autre : l’autre qui pense en soi et à la place de qui je sens. En avan­çant cette pro­po­si­tion, nous nous pla­çons dans une pers­pec­tive réso­lu­ment huma­niste et en réac­tion contre le «para­digme cyber­né­tique» où nous entraînent les sciences de l’information et cer­taines dérives des sciences dites «cog­ni­tives». Que se passe-t-il lorsque au lieu de son sem­blable, un cer­veau humain doit faire face à une machine ? À quel niveau d’intégration se situe­ront les échanges entre ces deux enti­tés ? On obtient une réponse facile si l’on consi­dère que le cer­veau est lui-même une machine. L’existence des hommes se résu­me­rait alors à des échanges d’informations entre des corps intel­li­gents se com­pre­nant mutuel­le­ment grâce à des codes par­ta­gés aux­quels s’ajouteraient des émotions au ser­vice de leurs facul­tés intel­lec­tives. À la ratio­na­lité ins­tru­men­tale ou effec­tive s’ajouterait la ratio­na­lité expres­sive ou affec­tive. Nous n’avons rien a priori contre l’idée d’une machine sen­ti­men­tale. Notre convic­tion pro­fonde demeure, tou­te­fois, que le cer­veau humain ne peut être réduit à une condi­tion machi­nale dans laquelle il serait amputé d’une par­tie de son essence. Jusqu’à quelles limites les capa­ci­tés sup­plé­men­taires de ce cer­veau peuvent-elles être aug­men­tées sans que ce cyborg cesse d’être un homme ?
Le Cerveau sur mesure, p.224–225-226

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