quinta-feira, 24 de março de 2011

Le premier ministre portugais présente sa démission

Le premier ministre portugais présente sa démission

LEMONDE.FR avec AFP | 23.03.11 | 12h55  •  Mis à jour le 23.03.11 | 23h00




En présentant sa démission, José Socrates a mis en garde contre l'impact de cette crise politique, qui aura, selon lui "des conséquences gravissimes sur la confiance dont le Portugal a besoin auprès des institutions et des marchés financiers"

En présentant sa démission, José Socrates a mis en garde contre l'impact de cette crise politique, qui aura, selon lui "des conséquences gravissimes sur la confiance dont le Portugal a besoin auprès des institutions et des marchés financiers"REUTERS/RAFAEL MARCHANTE

L'issue se profilait depuis plusieurs jours pour José Socrates : elle s'est confirmée, mercredi 23 mars au soir, lorsque l'ensemble de l'opposition, majoritaire au Parlement, a rejeté le nouveau programme d'austérité du premier ministre. Moins de deux heures plus tard, le premier ministre portugais a annoncé sa démission.

"Aujourd'hui, tous les partis de l'opposition ont rejeté les mesures proposées par le gouvernement pour éviter que le Portugal doive recourir à un programme d'aide extérieure", a déclaré M. Socrates dans une communication au pays. "L'opposition a retiré au gouvernement toutes les conditions pour gouverner. J'ai par conséquent présenté ma démission au président de la République", a-t-il dit, après avoir remis sa démission au président de centre-droit, Anibal Cavaco Silva.

CRISE POLITIQUE

Mardi soir, le Parti social-démocrate (PSD), principale force d'opposition, avait appelé à voter contre le "programme de stabilité et de croissance" (PEC) "au nom de l'intérêt national", jugeant que seuls un départ du premier ministre et l'élection d'un nouveau gouvernement permettraient au Portugal de récupérer sa "crédibilité" et la "confiance" de ses partenaires européens comme des marchés financiers.

Vue du Parlement Portugais, le 22 mars 2011.
Vue du Parlement Portugais, le 22 mars 2011.AP/Armando Franca

Mercredi, la droite avait annoncé qu'elle voterait au côté de la gauche antilibérale contre le programme d'austérité du gouvernement. Au total, cinq résolutions ont été déposées par l'opposition – toutes tendances confondues, du CDS (parti minoritaire de droite) au Bloc de gauche (extrême gauche) – afin de dénoncer ce quatrième plan d'austérité en moins d'un an, déjà présenté et salué à Bruxelles.

L'OMBRE D'UNE INTERVENTION EXTÉRIEURE

En présentant sa démission, José Socrates a mis en garde contre l'impact de cette crise politique, qui aura, selon lui "des conséquences gravissimes sur la confiance dont le Portugal a besoin auprès des institutions et des marchés financiers", alors que se tient jeudi un sommet européen qui doit parachever la réponse de l'UE à la crise de la dette.
Depuis des mois, le Portugal est considéré par les marchés financiers comme le prochain candidat à un soutien financier de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, dans le sillage de la Grèce puis de l'Irlande, l'an dernier. La démission de José Socrates, opposé à un recours à l'aide financière internationale, pourrait précipiter cette issue. Le premier ministre avait annoncé en janvier que le déficit public pour 2010 serait "clairement en dessous des prévisions" correspondant à l'objectif de 7,3 % du PIB, après un déséquilibre record de 9,3 % en 2009.

UN DÉFICIT QUI POURRAIT ÊTRE REVU À LA HAUSSE

Mais le Portugal pourrait être contraint par l'office européen des statistiques, Eurostat, d'inscrire des dépenses supplémentaires à son déficit de 2010, rapporte la presse mercredi. Le déséquilibre des comptes publics portugais pourrait finalement "dépasser les 8 %" du produit intérieur brut, indiquent le quotidien économique Diario economico et le journal de référence Publico, faisant état de "conversations" entre Eurostat et l'Institut national des statistiques (INE).
Selon ces deux journaux, la question concerne surtout la prise en compte des pertes financières de 2 milliards d'euros affichées par la banque BPN, nationalisée fin 2008 après la découverte d'opérations frauduleuses sur fond de crise financière internationale. Par ailleurs, la comptabilisation de fonds transférés à certaines sociétés publiques de transport, largement déficitaires, pourrait davantage alourdir le déficit de 2010, précise le Diario economico. Dans le cadre des procédures pour déficit excessif, l'INE doit communiquer à Bruxelles ses chiffres officiels à la fin du mois.
Le trafic ferroviaire était très fortement perturbé mercredi, au premier jour d'une nouvelle série de grèves dans le secteur des transports pour protester, notamment, contre les baisses de salaires imposées par le gouvernement. Dans le cadre de sa politique d'austérité budgétaire, le gouvernement portugais a imposé depuis janvier une baisse de 5 % en moyenne des salaires des fonctionnaires et exigé des entreprises publiques une diminution globale de 15 % de leurs dépenses.

 

Un prêt de l'UE n'est pas envisagé pour l'instant

Les mesures budgétaires prises par le Portugal pourraient lui éviter d'avoir besoin de demander un prêt de l'Union européenne, a déclaré, mercredi, le commissaire européen Olli Rehn au quotidien finlandais Helsingi Sanomat.
"Le Portugal a commencé à prendre des mesures décisives pour rénover ses finances publiques. Ce n'est pas écrit dans les lois de la nature qu'il va devoir demander une aide financière", a estimé le commissaire finlandais. Depuis des mois, le Portugal est considéré par les marchés financiers comme le prochain candidat à un soutien financier de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, dans le sillage de la Grèce puis de l'Irlande l'an dernier.
De son côté, le chef de file des ministres des finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a estimé qu'une éventuelle aide au Portugal devait se faire "sous de strictes conditions", c'est-à-dire en échange de mesures fermes d'austérité.


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