terça-feira, 30 de novembro de 2010
Os Ditadorzercos não me Enganam: Sempre Foram Submissos e Medíocres
O seu argumento, o melhor de todos, é o de que as pressões dos credores são um dado, não um problema. Por isso, não há que discutir mais sobre o assunto, mas aceitar essas pressões, porque não adianta enunciar um problema que não somos capazes de resolver.
Ainda há quem fale numa geração rasca, referindo-se à juventude formada pelas nossas escolas. Na verdade, não faz mais essa juventude do que aprender (muito bem) com estes garbosos comentadores que quotidianamente intoxicam os nossos meios de comunicação.
Alguns deles parecem-me senis, outros estão claramente num mundo em que é mais importante as contas que fazem do que a realidade. São platónicos mal amanhados, cheios de escamas e com cheiro a fora do prazo.
Alegremente saúdam o retorno à época em que os Estados, porque não eram competentes, se subordinavam aos mercados. A competência agora é assumir essa subordinação como inevitável, isto é, voltar ao século XIX e aos princípios do século XX.
Vivemos, com efeito, um momento de crise muito complexa, mas o mais preocupante é a forma como se dá insistentemente voz a pessoas sem imaginação, sem criatividade, sem vontade de olhar para a complexidade, com uma tendência mórbida para a desgraça e para o mais abjecto conformismo, renomeado de realismo ou, pior, muito pior ainda, de competência.
Valha-nos o Reitor celeste da Universidade, muito terrestre, em que alguns leccionam.
sábado, 27 de novembro de 2010
sexta-feira, 26 de novembro de 2010
Les failles de l'économie portugaise
LEMONDE.FR | 24.11.10 | 16h31 • Mis à jour le 24.11.10 | 19h03
Le sort de l'Irlande à peine scellé, les observateurs de la zone euro ont tourné les yeux vers le Sud. Le Portugal est désigné comme le successeur le plus probable de l'Eire dans la liste des bénéficiaires d'un plan de soutien européen. Ses faiblesses sont pourtant bien différentes de celles qui ont mis le Tigre celtique à terre. Le Portugal est victime d'une mauvaise gestion des comptes publics et d'une croissance en berne, une situation qui se rapproche plutôt du cas grec.
Comme l'explique Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le Portugal et la Grèce "ont en commun d'importants problèmes structurels datant d'avant la crise : un fort endettement des ménages – le taux d'épargne au Portugal est le deuxième plus faible de la zone euro après la Grèce –, une baisse de compétitivité, une stagnation de la consommation intérieure..." A ces difficultés s'ajoutent, pour le Portugal en particulier, une croissance qui n'a jamais décollé : 1,3 % par an entre 2000 et 2008, contre 3,9 % pour la Grèce et 5 % pour l'Irlande.
Contrairement à l'Irlande, qui a su attirer des industries de haute technologie avec des moyens contestés – une fiscalité sur les entreprises très basse, parfois considérée comme de la concurrence déloyale –, l'économie portugaise repose sur des secteurs peu porteurs. Son industrie textile, notamment, a beaucoup souffert de la concurrence asiatique. Le Portugal a vu ses exportations chuter au cours des années, ce qui a pesé sur sa croissance et sur les efforts faits pour assainir ses finances publiques. Point positif : son secteur bancaire n'est pas en difficulté.
Le pays, accusé comme la Grèce d'avoir trop dépensé ces dernières années pour soutenir sa consommation intérieure, a fait preuve, sous la pression de l'Europe, de bonne volonté dans les années 2000 pour réduire son déficit. Mais ses efforts ont été handicapés par une croissance faible, et le déficit portugais reste à un niveau très élevé, à 7,3 % du PIB en 2010.
DES COMPTES PUBLICS DANS LE ROUGE
Lorsque la crise est arrivée, le Portugal avait peu de marge de manœuvre. "Beaucoup de pays ont mis en place des politiques de relance. Au Portugal, la relance a été tardive et limitée, car il était difficile de creuser davantage la dette," explique Céline Antonin. Le PIB a reculé de 2,5 % en 2009, plombant encore la situation budgétaire du pays.
Le gouvernement du socialiste José Socrates s'est engagé à ramener le déficit à 4,6 % du PIB l'an prochain, et ne ménage pas ses efforts pour rassurer les marchés. Il a décidé début septembre des mesures de rigueur drastiques, qui devraient être définitivement approuvées lors du vote du budget, vendredi 26 novembre.
L'attitude des autorités portugaises est vue par ses partenaires comme un point positif pour le pays. "Le Portugal ne montre pas de laxisme budgétaire, il y a au moins des signes de bonne volonté, explique Céline Antonin. L'objectif [de la rigueur] est à plus long terme, à l'horizon 2013. Mais ces mesures restrictives auront un prix pour la population..."
L'AUSTÉRITÉ SANS CERTITUDE
Hausse de deux points de la TVA à 23 %, gel des retraites, baisse des salaires des fonctionnaires, plafonnement des aides sociales... Les mesures devraient provoquer dans un premier temps, selon le gouvernement portugais, un ralentissement de la croissance l'an prochain à 0,2 % et une hausse du chômage prévue à 10,8 %
Malheureusement pour le gouvernement, qui s'est aliéné une grande partie de la population, il n'est pas certain que ces mesures impopulaires atteignent leur objectif : rassurer les marchés et éviter un destin à l'irlandaise. "Personne ne prend de telles décisions de gaieté de cœur", a répété ces dernières semaines le chef du gouvernement. Mais, a-t-il insisté, "c'est la seule façon de protéger le pays contre la turbulence des marchés financiers".
"Sur le coup on pensait que ça rassurerait les marchés, mais ça n'a pas vraiment fonctionné, constate l'économiste de l'OFCE. "Quand on regarde les taux obligataires, on n'est pas très loin des taux irlandais." Le Portugal espérait que l'annonce officielle, dimanche, du plan de sauvetage à Dublin allait lui offrir un peu de répit, en rassurant les marchés sur d'éventuels risques de contagion. La tendance observée en début de semaine était plutôt pessimiste à cet égard : le taux d'intérêt à 10 ans pour les bons du Trésor portugais a grimpé lundi malgré l'accord de l'Irlande, et a encore augmenté mercredi, dépassant les 7 %.
Mercredi, les Portugais se sont massivement mobilisés à l'appel des syndicats pour protester contre l'austérité, mais José Socrates, à la tête d'un gouvernement socialiste minoritaire, a annoncé qu'il ne céderait pas. Espérant ne pas connaître le même sort que son homologue irlandais, qui fait les frais du plan de sauvegarde, le premier ministre a réaffirmé mardi que "le budget qui va être approuvé vendredi défend l'emploi et l'économie".
Marion Solletty
Les Européens n'ont pas "suggéré" un plan d'aide au Portugal
LEMONDE.FR avec AFP | 26.11.10 | 12h36 • Mis à jour le 26.11.10 | 13h32
"Un plan d'aide pour ce pays n'a été ni demandé ni nous ne lui avons suggéré", a déclaré M. Barroso devant la presse. "Je crois qu'un des problèmes que nous avons eus récemment, c'est qu'il y a des responsables politiques qui font chaque jour des commentaires au lieu de prendre des décisions", a-t-il ajouté, sans préciser quel dirigeant il visait en particulier.
L'Allemagne a été accusée de jeter de l'huile sur le feu ces derniers jours. Son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, s'est montré le plus alarmiste mardi dernier en estimant que "l'avenir de notre monnaie unique" était "en jeu", tandis que la chancelière Angela Merkel a parlé de "situation extrêmement sérieuse" pour la zone euro.
Le gouvernement portugais a également démenti de son côté "toute pression" de la Banque centrale européenne (BCE) et de plusieurs pays de la zone euro pour qu'il sollicite une aide financière, qualifiant les informations publiées par le Financial Times Deutschland de "totalement fausses".
Le ministère des finances allemand a également démenti faire pression sur le Portugal pour qu'il sollicite à son tour une aide internationale, un porte-parole affirmant que ce n'était "pas du tout la position de la maison". La Banque centrale européenne et une majorité de pays de la zone euro font pression sur le gouvernement portugais pour qu'il sollicite à son tour une aide de l'UE et du FMI, affirme le Financial Times Deutschland dans son édition de vendredi.
Economie portugaise
Manuel Alegre | Notícias 02
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quinta-feira, 25 de novembro de 2010
FMI Propõe Cura HOMEOPÁTICA para a Crise
Pois bem, e que propõe o FMI para resolver a crise?
Que o fosso entre ricos e pobres aumente um pouco mais. Verdadeira cura omeopática. O veneno que mata é o veneno que cura. É só preciso saber dosear as coisas.
Esta cura homeopática deve ser aplicada às pessoas, tomadas individualmente, por exemplo, reduzindo as indemnizações por despedimento sem justa causa, como recentemente propôs que Portugal fizesse, e também aos países. Por isso, convém que as empresas, de países com maior capacidade financeira, como as alemãs, se financiem no mercado a 2%, e as empresas de países mais pobres, como as portuguesas, só consigam obter o mesmo financiamento a 7% ou mais.
Foram sobretudo os bancos alemães que se envolveram em investimentos de risco? É verdade. Mas isso agora não interessa nada. São eles também que arriscaram a financiar os submarinos que a Grécia e Portugal compraram. Chegou, portanto, a altura de compensar os prejuízos da sua má gestão, fazendo aumentar as taxas de juro a países, que se saiba, não deixaram de cumprir com as suas obrigações de dívida.
Assim se entende que, apesar de haver mais oferta de crédito do que procura, as leis do mercado tenham sido alteradas para que passasse a ser possível alterar as relações habituais entre oferta e procura, pelo menos no que diz respeito ao crédito financeiro.
Agora, graças a esta medicina homeopática, quanto maior for a oferta maior é também o preço do dinheiro. A procura até pode diminuir. O preço do dinheiro é que tem de aumentar.
Assim, sim.
quarta-feira, 24 de novembro de 2010
Comentadores... Fazedores de mentes? Partilha de mentes? ou Mentes?
Rapidez da Justiça e outras Cenas
Timor Leste decidiu que 90% dos dividendos, que reparte com a Austrália, da exploração de petróleo seriam destinados à constituição de um fundo para garantia futura do Estado. Está, portanto, em condições de comprar dívida soberana a Portugal e já se mostrou disponível para isso.
O valor das indemnizações aos trabalhadores por motivos de despedimento com ou sem justa causa terá de ser reduzido em Portugal, defendem técnicos do Fundo Monetário Internacional (FMI). Esta proposta é, em si, uma novidade face ao último relatório do artigo IV, publicado em Janeiro deste ano. Nesse longo relatório, o FMI sugeria várias medidas de flexibilização da lei laboral, mas não ia tão longe. Agora vai.
Após meses de agonia, a família de uma mulher de 62 anos que morreu com cancro, teve uma surpresa quando chegou do funeral da ente-querida. Duas técnicas da Segurança Social queriam saber porque é que Maria Gomes faltou a uma junta médica.
Empreiteiro lucra 376 mil euros com doação à Câmara de S. João da Madeira: Foi um bom negócio para um empreiteiro e militante do PSD de S. João da Madeira: para a câmara permitir mais uma loja num edifício em construção, doou um terreno no valor de 23 mil euros. Castro Almeida, o autarca, foi acusado mas acabou agora ilibado. A este negócio, juntaram-se outros ingredientes que levantaram suspeitas: o empreiteiro é militante do PSD; as obras de construção terão começado sem licença; os serviços da Câmara não responderam devidamente às queixas de uma vizinha, dona de uma moradia, quanto ao facto de não ter sido respeitada a distância mínima de cinco metros entre os dois prédios; e, em 2005, o próprio Manuel Castro Almeida implantou ali a sua sede de campanha para as eleições autárquicas.
O Beira-Mar estranha o silêncio do Benfica, depois do apelo feito aos sócios encarnados para comparecerem no Municipal de Aveiro, no domingo.
“Contávamos com uma reacção do clube quando pedimos aos seus adeptos para não fazerem um boicote ao jogo. Como já é do conhecimento público, dessa receita dependerá a nossa sobrevivência e é importante que a direcção do Benfica incentive os seus sócios a deslocarem-se a Aveiro”, sintetizou o líder António Regala, referindo, ainda assim, que a procura de bilhetes “tem vindo a crescer”.
sexta-feira, 19 de novembro de 2010
Manuel Alegre | Notícias 01
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Silvio Berlusconi restitue son pénis à Mars et ses mains à Vénus
Silvio Berlusconi restitue son pénis à Mars et ses mains à Vénus
Trois fois rien, c'est encore deux fois trop pour Silvio Berlusconi qui, depuis quelques mois, héberge – à titre provisoire – le couple impérial dans la cour d'honneur de la présidence du conseil, le palais Chigi à Rome. Aussi soucieux de sa propre image que de son décor, le premier ministre a décidé d'appliquer à ses statues la chirurgie esthétique qu'il ne se refuse pas. Convoquant son architecte personnel, il lui a confié la tâche de rendre à Vénus ses dix doigts, à Mars, sa virilité. Ce qui fût fait. Coût de l'opération, sans points de suture apparents : 70 000 euros, payés par la présidence du conseil.
Révélée jeudi 18 novembre par Carlo-Alberto Bucci, journaliste du quotidien de gauche La Repubblica, l'affaire fait grand bruit. Outre la somme dépensée qui aurait pu être utilisée pour sauver un pan de mur à Pompeï ou une fresque à L'Aquila, M. Berlusconi et son architecte se voient reprocher d'avoir voulu confondre le vrai du marbre et le faux de la résine, gommant le hiatus entre les éléments originaux les parties reconstituées. Le ministère de la culture et son titulaire Sandro Bondi sont également sous accusation pour avoir autorisé cette radicale remise à neuf.
"L'ART EST UN POINT DE VUE"
" Encore une fois, a regretté la députée du Parti démocrate (gauche) Manuella Ghizzoni, nous sommes en présence d'une institution qui se plie aux caprices et aux manies du premier ministre imposées cette fois à deux vestiges de l'Antiquité qui, contrairement à d'autres, ne se sont jamais lamentés du passage du temps." En réponse, le ministre a fait savoir que ces "retouches" ne contrevenaient pas à l'article 7 de la charte de l'Unesco de 1972 adoptée par l'Italie en matière de restauration et qu'elles étaient "innovantes". Ces prothèses devraient normalement être ôtées lorsque les statues retrouveront leur domicile habituel du musée romain des thermes de Dioclétien.
"C'est une question idéologique, souligne l'expert et marchand d'art italien Peter Glidewell. Le Bernin lui même a 'arrangé' quelques antiquités. Viollet-le-Duc qui passe aujourd'hui pour un sagouin était considéré comme un génie à son époque. L'art n'est pas une science, mais un point de vue. Le seul critère de jugement est celui du bon goût."
Mais que Silvio Berlusconi impliqué dans plusieurs scandales sexuels restitue le membre perdu de Mars fera ricaner les psychanalystes. En 2008, il avait, au contraire, fait recouvrir pudiquement le sein généreux d'une copie d'un tableau de Tiepolo, La Vérité dévoilée par le temps, qui orne les murs de la salle de presse du palais Chigi. Réparateur aujourd'hui, dissimulateur hier, quel est le vrai Berlusconi ?
Philippe Ridet
quinta-feira, 18 de novembro de 2010
L'enseignement de la philosophie en seconde expérimenté à la rentrée 2011
L'enseignement de la philosophie en seconde expérimenté à la rentrée 2011
"ENSEIGNEMENTS D'EXPLORATION"
A la rentrée prochaine, le ministère va lancer une expérimentation nationale auprès d'établissements volontaires pour aborder la philosophie en seconde et en première, d'une part au travers des "enseignements d'exploration" (deux modules obligatoires au choix) et d'autre part par l'accompagnement personnalisé (deux heures par semaine). Les professeurs de philosophie pourront aussi "intervenir de manière ciblée au sein des cours d'autres disciplines pour en éclairer la portée philosophique", précise un communiqué du ministère.
Les professeurs de philosophie pourront enseigner l'éducation civique, juridique et sociale (ECJS), un cours dispensé en seconde, selon M. Chatel, qui a cité des thématiques, telles que la citoyenneté, les droits et devoirs, pouvant être abordées sous l'angle philosophique.
Pour donner un cadre national à cette expérimentation, le ministre a demandé à l'Inspection générale de l'éducation nationale d'en élaborer le cahier des charges. Un appel à projets sera diffusé en janvier 2011 auprès de tous les lycées. La mise en œuvre de cet enseignement anticipé "ne modifiera absolument en rien" l'enseignement de la philosophie en classe de terminale, que ce soit dans son statut et ses finalités ou dans ses programmes et ses horaires, assure Luc Chatel.
Pour en savoir plus :
- Lire la critique du documentaire Ce n'est qu'un début, de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier.
"La philosophie, une formation essentielle contre la propagande et la désinformation"
"La philosophie, une formation essentielle contre la propagande et la désinformation"
Et à ce titre-là, y compris pour les scientifiques, qui auront aussi des responsabilités professionnelles dans leur métier d'ingénieur, de chercheur, une formation bien pensée à la philosophie paraît absolument indispensable.
MP : Des journaux pour enfants proposent des réflexions de philosophie, à leur niveau... L'enseigner dès la seconde, bravo, mais ne serait-ce pas intéressant de commencer beaucoup plus tôt ? La philosophie, c'est la vie !
Il existe de multiples expériences de "philosophie pour enfants", dans le cadre scolaire et en dehors.
Il faut seulement distinguer des registres différents, entre une ouverture à la réflexion qui peut se conduire à tout âge, et une véritable formation, même élémentaire, qui demande évidemment un suivi plus complet et une maturité des élèves plus grande.
Une des tendances de notre époque est, justement, la diversification des registres de la philosophie.
Diogène : Vous dites dans votre dernier livre qu'il est naïf de croire que "l'Occident produit des sciences et des machines tandis que l'Orient engendre des sagesses et des sages". Mais n'est-ce pas un état des lieux assez réel de la pensée mondiale de ce début de XXIe siècle ?
Je ne crois pas. D'abord parce que l'Asie produit énormément de machines au sens où la puissance industrielle chinoise, japonaise, indienne est colossale.
Et il existe au sein même des traditions occidentales des sagesses et des spiritualités. Cette opposition entre un Occident d'ingénieurs et un Orient de méditants me paraît non seulement critiquable, mais illusoire.
DéfiTexte : Y a-t-il un lien entre désenchantement des sciences et désenchantement de la philosophie ?
Je ne suis pas sûr de comprendre ce que signifie "désenchantement des sciences" ni "désenchantement de la philosophie". Si cela signifie qu'on n'attend plus le salut des connaissances scientifiques, ni le bonheur des réflexions des philosophes, alors il me semble que ce désenchantement est fort ancien et qu'il existait déjà des sceptiques dans l'Antiquité, qui ne pensaient pas que ni les sciences ni la philosophie soient enchantées.
hpjy : Est-ce qu'on peut étendre l'enseignement de philo au-delà de la philo occidentale ?
Cela fait vingt-cinq ans que je m'occupe de cette question. Evidemment, la réponse est oui.
Non seulement on peut, mais à mon avis, on doit. On peut parce qu'il existe effectivement des philosophies ailleurs qu'en Occident. On nous a beaucoup répété que la philosophie était seulement grecque, que c'était un mot grec, donc une chose grecque, alors qu'il suffit de lire, même dans une traduction, des traités de logique sanscrits, pour se rendre compte que c'est manifestement faux.
Et il existe des démarches de démonstration, d'analyse rationnelle et d'argumentation conceptuelle dans de grandes civilisations lettrées comme la Chine, l'Inde, le Tibet, le monde arabe, le monde hébraïque, etc.
Pour parvenir à un enseignement de la philosophie qui tienne compte de cette diversité, il faut encore franchir un certain nombre d'obstacles et de résistances.
Lauréline : Vaut-il encore mieux de la philosophie de comptoir que pas de philosophie du tout ?
A condition qu'il y ait un comptoir ! J'aurais tendance à dire oui, mais évidemment j'hésite.
J'ai tendance à être bêtement optimiste dans ce domaine en pensant que même du pire quelque chose peut rester ou se transformer.
FDP : La philo, disait Deleuze, servait aux grecs qui s'interrogeait sur qui était légitime pour occuper telle position de pouvoir... N'est-il pas plus urgent de permettre aux jeunes de faire l'expérience de la politique d'abord ?
On ne fait pas de politique sans avoir au moins une idée. Politique d'abord n'a de sens que s'il y a réflexion en même temps. Je ne vois pour ma part pourquoi ce serait fromage ou dessert, ou politique ou philosophie. Il y a une nécessité de penser ce qu'on fait et de le réfléchir pour le faire efficacement.
Donc si on veut aussi une politique efficace, il faut avoir une pensée active.
pitch : Concrètement, comment adapter l'enseignement de la philo à des jeunes de 15 ans ?
En utilisant un vocabulaire simple, en tentant de partir de leurs questions pour les retransformer, pour les élaborer, en centrant enfin la réflexion sur des points de départ concrets ou sur des récits plutôt que directement sur des concepts.
Et pour le reste, improviser au mieux.
Il s'agit un peu de régler les manettes, si je puis dire, de syntoniser en fonction des gens avec qui on travaille. Il n'y a pas de méthode spécifique selon l'âge.
DéfiTexte : Pourquoi l'économie et la philosophie se sont dissociées, disons après Marx ?
La première question est de savoir dans quelle mesure elles se sont véritablement associées. Dans l'histoire de la philosophie, les philosophes se sont relativement peu occupés d'économie, à quelques exceptions près, et c'est avant Marx, avec Smith, Ricardo, qu'économie et philosophie ont commencé à se rejoindre. Je ne suis pas persua dé que ce lien se soit véritablement dissous, même s'il s'est distendu.
Bon nombre de philosophes contemporains, Alain Badiou par exemple, et d'autres sur un versant libéral, maintiennent un lien de ce type.
Toute la question est de savoir s'il s'agit de la coexistence de deux éléments ou d'une réduction de la pensée philosophique à des considérations de type économique.
Stephane : Je ne suis pas d'accord avec la dissociation de l'économie et de la philosophie. On a souvent qualifié la période actuelle comme marquant la "fin des idéologies" notamment avec l'effondrement de l'URSS et la mondialisation.
Or celle-ci n'est-elle tout de même pas le corollaire d'une philosophie libérale ? Ne vit-on pas sous le règne de l'idéologie libérale ?
Quand on parle de mondialisation, il me semble qu'il faut distinguer une possible idéologie de ses bienfaits ou de son règne et, d'autre part, la réalité d'une planétarisation des communications, des échanges de flux financiers, qui constituent des réalités non seulement économiques mais sociétales, qu'on les juge positives ou négatives.
Je crois pour ma part que la réflexion philosophique doit prendre acte de la réalité de la mondialisation, ne serait-ce que pour s'y opposer, ou pour la transformer.
Serguéi : En tant qu'enseignant de philosophie en terminale, je constate qu'il est déjà difficile de maintenir les exigences du discours philosophique et, a fortiori, de la dissertation. La dissertation a-t-elle un sens pour des élèves qui ne savent plus écrire (sections techniques, 2de...) ?
A mon avis, aucun. Il faut, me semble-t-il, clairement distinguer entre une épreuve ancienne et finalement en grande partie rhétorique qu'est la dissertation, et les capacités de réflexion des élèves.
Autrefois, les deux pouvaient à peu près se superposer pour des élèves issus de la bourgeoisie façon XIXe siècle. Il me semble que si la dissertation ne correspond plus à rien pour une grande partie des élèves aujourd'hui, il vaudrait mieux l'abandonner ou la réduire considérablement, au profit d'autres types d'exercices qui mettraient en action une capacité d'analyse ou de réflexion sans faire appel à un exposé suivi, en trois parties, etc.
Kilb : Pourquoi la pensée globale connaît si peu d'intérêt (de la part des chercheurs en philosophie politique, du droit, social) en France, alors même qu'elle connaît depuis des années dans les pays anglophones comme en Allemagne une actualité très vivace ?
Je nuancerais quand même cette affirmation. Il me semble qu'il existe en France une attention, même insuffisante, à ce que vous appelez la "pensée globale".
Si elle est insuffisante, c'est probablement en raison de la clôture de la pensée française, qui existe dans bien des domaines, qu'il soit politique, économique ou social.
friedrich : Les philosophes religieux, chrétiens, comme Augustin ou Thomas d'Aquin, ou musulmans (Avicenne, Averroès) peuvent-ils revenir à la mode comme les antiques et les asiatiques ? Ou bien les excès des intégristes de tous poils disqualifient-ils la pensée en ce "XXIe siècle religieux" cher à Malraux ?
Ce n'est pas sa conviction religieuse qui caractérise un philosophe. Descartes était chrétien, mais ce sont sa pensée et ses démonstrations rationnelles qui font de lui un philosophe. Il en va de même pour un certain nombre de pères de l'Eglise, comme Augustin, qui s'inscrivent dans l'histoire de la pensée en tant que penseurs et pas en tant que croyants.
Il faut donc, à mes yeux, distinguer histoire des religions et histoire de la philosophie. Elles ont des points d'intersection, mais elles ne se confondent pas.
Il y a aussi une grande tradition philosophique au cœur de l'islam, qui doit évidemment être remise en lumière contre le fondamentalisme et le fanatisme des islamistes.
Toutefois, il me semble là aussi que c'est en tant que philosophes qu'Averroès ou Avicenne sont importants, plus qu'en tant que musulmans.
usoa : A force de trop philosopher, n'y a-t-il pas le risque de l'inactivité et donc de se retrouver en retrait de notre société?
On reprochait déjà à Socrate de rester dans un coin à discuter avec des jeunes gens au lieu de s'occuper de choses sérieuses comme faire des affaires ou s'occuper de l'actualité. C'est donc un vieux reproche auquel on peut faire une vieille réponse : pour agir, il faut avoir réfléchi. Evidemment, le risque est toujours de s'enfermer dans la réflexion, et sans doute faut-il savoir aussi s'arrêter de penser.
Delphine : La philosophie est un état d'esprit à un moment donné, ne devrait-elle pas s'adapter à la mondialisation justement pour renforcer les esprits ? Et donc grandir en même temps qu'elle ?
Il ne me paraît pas possible de parler de "philosophie mondiale" alors qu'il s'agit plutôt de philosophie au temps de la mondialisation. Quelle différence ? Philosophie mondiale, cela évoque une sorte de doctrine unifiée, comme si, en mélangeant toutes sortes de philosophies, on finirait par obtenir une doctrine valable partout.
Ce qui est en question, c'est plutôt l'espace multiple de la pensée à une époque où les communications, les échanges et les cultures diverses sont en interconnexion.
En ce sens-là, il y a un changement de registre pour la pensée philosophique, mais pas un changement de contenu.
JSM : Ne croyez-vous pas qu'il faille enseigner la philosophie "par auteur" plutôt que "par concept" ? Même en terminale, les élèves ont beaucoup de mal à passer d'une théorie à l'autre sur un sujet particulier, et ceux qui se contentent d'apprendre leur cours ne connaissent que des fragments de théorie et jamais la pensée entière de l'auteur.
Il me semble que dans les programmes de philosophie l'étude d'une œuvre en entier figure toujours, et qu'elle peut remédier à cette discontinuité. En étudiant un dialogue de Platon ou un opuscule de Kant ou une œuvre de Nietzsche, on doit retrouver cette forme de continuité qu'une étude des notions fait parfois perdre.
Le désintérêt de la majorité de la population pour la philosphie n'est-elle pas le reflet de la société de consommation, où l'on vend de la pub à longueur de journée, où l'on pousse les gens à consommer sans réfléchir sur eux même?
En ce cas, comment expliquer qu'il y a aussi, depuis vingt ans, un regain d'intérêt croissant pour la philosophie, souvent en dehors de son cadre scolaire ? Il me semble que l'hyperconsommation entraîne aussi le désir de regarder les choses autrement, de sortir de la consommation permanente pour tenter de réfléchir.
C'est en tout cas ainsi que, de manière peut-être optimiste, je m'explique le regain d'intérêt que les oeuvres des philosophes connaissent.
Sylvie : Ne pensez-vous pas que le monde médiatique a un besoin crucial d'une meilleure formation philosophique, qui serait comme un garde-fou à la tentation et la pression de l'urgence, des effets d'annonce ? Une sorte de résistance à la folle temporalité de leur métier ? Le public en bénéficierait sans doute, non ?
Il y a un postulat optimiste dans votre question : une formation à la philosophie entraîne nécessairement une meilleure résistance à la pression de l'époque.
Guillaume : On a parlé de la philosophie orientale : pourquoi justement ne l'enseigne-t-on pas ou pas encore dans le secondaire ?
Parce qu'elle n'est pas encore institutionnellement reconnue. Quand j'étais professeur de philosophie et déjà chercheur dans le domaine oriental, je refusais de parler à mes élèves d'auteurs indiens ou chinois parce que s'ils avaient fait usage de ces références dans leurs copies du bac, les correcteurs n'auraient pas su quoi faire de ces citations.
Il faut donc prendre le problème à l'envers : que les programmes puissent laisser place à une partie d'auteurs non-occidentaux afin que les manuels, à leur tour, leur donnent droit de cité. Et tant que ça n'est pas le cas, il y a deux voies parallèles : l'une qui est celle de l'institution où ces philosophies n'existent pas ou très peu, et l'autre qui est celle des librairies, du Web où ces philosophies existent.
Il me semble qu'il serait temps de voir les deux se rapprocher. C'est en tout cas ce que je souhaite, mais je ne suis pas ministre de l'éducation.
Aurélien : Les rayons philo des grandes enseignes culturelles (Fnac, Virgin... ) sont plus occupés par des BHL ou autre que par Spinoza, Russell ou Frege. Qu'en pensez-vou s?
Ces auteurs sont aussi disponibles dans les grandes enseignes. Peut-être un peu moins pour Frege, il est vrai...
Je crois qu'il faut de tout pour faire une librairie, et aussi une réflexion philosophique.
Si on ne lit que des auteurs dits "médiatiques", on risque de manquer de substance, mais je ne pense pas qu'une vision élitiste et purement conceptuelle de la philosophie soit suffisante. La réalité est toujours impure, et c'est bien.
Guest : Pourrait-on envisager, en réaction aux simplifications issues des sectarismes religieux et à la perte de magie dans le réel, un renouveau de la philosophie des Lumières ?
Tout dépend quel élément de la philosophie des Lumières on retient. Il serait bon, à mes yeux, de faire revivre plus intensément la pédagogie des Lumières, la transmission des savoirs, la tolérance.
Mais je ne pense pas que la foi dans le progrès qui animait le siècle des Lumières puisse être encore véritablement active à l'identique.
Nous avons aussi appris de l'Histoire que la raison peut engendrer des monstres et des totalitarismes. C'est ce qu'ont souligné Adorno et Horkheimer.
Peut-être ont-ils eu tort de faire porter aux Lumières toutes les horreurs du XXe siècle – ce qui est excessif –, mais il y a une forme d'optimisme des Lumières qui ne peut plus appartenir à notre temps.
Alors, une partie des Lumières, oui ; toutes les Lumières, je doute.
Marisa : Bonjour, nous sommes des élèves de terminale espagnoles. Dans notre pays, nous avons un cours de citoyenneté dès la classe de quatrième et un cours d'éducation éthico-civique en seconde. C'est très intéressant parce que nous débattons parfois sur des sujets très polémiques. La philo nous enrichit énormément et, sans nous en rendre compte, elle nous apprend à raisonner sur n'importe quel domaine.
Merci de votre témoignage. Il confirme bien ce que je crois le plus profondément : une formation philosophique ne consiste pas à apprendre des doctrines, mais à exercer sa capacité de discussion et à ce titre-là, c'est une formation essentielle à tous les citoyens de toutes les démocraties pour les prémunir contre les formes de propagande et de désinformation.
Chat modéré par Nicolas Truong et Pascal Galinier
Cours de philosophie
Titres du jour : Dublin discute avec le FMI et l'UE d'un fonds d'urgence pour les banques - Pour 66 % des Français, le réchauffement climatique se fait déjà sentir - "La philosophie, une formation ess
jeudi 18 novembre 2010 |
Selon l'Irlande, les discussions entre le gouvernement et la mission de l'UE et du FMI sont axées sur la création d'un fonds d'urgence pour les banques du pays. Plus tôt dans la journée, le parquet avait déposé une demande en ce sens, dans le cadre d'une enquête pour viol. Chez les moins de 35 ans, ce pourcentage grimpe jusqu'à 78 %, selon un sondage IFOP. Dans un chat sur LeMonde.fr, Roger-Pol Droit, normalien et agrégé de philosophie, estime qu'initier à sa discipline permet "de donner à tous les citoyens la possibilité de former leur jugement". Jacques Tardi adapte le roman noir de Jean-Patrick Manchette "La Position du tireur couché", présentement disponible en librairies grâce aux bons soins de Futuropolis et de Gallimard. ET AUSSI |
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