quinta-feira, 27 de outubro de 2011

Les Européens évitent le pire avec un accord réel mais modeste

Les Européens évitent le pire avec un accord réel mais modeste

Nicolas Sarkozy espérait une réponse d’ampleur massive, qui stoppe définitivement la crise de la monnaie unique. Le chef de l’Etat a évité le pire, une absence d’accord entre les dix-sept chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro. Mais la réponse des Européens reste modeste. L’histoire est loin d’être terminée, parce qu’il faudra obtenir des aides des pays émergents et du FMI, si possible d’ici au G20 de Cannes, qui rassemblera début novembre les principaux dirigeants de la planète.  Parce que les négociations avec les banques, qui vont accepter d’effacer la moitié de leurs créances sur la Grèce ne seront pas achevées avant janvier. Parce qu’il va falloir compter sur le secours de la banque centrale européenne (BCE) et de son président désigné Mario Draghi, pour éviter une contagion de la crise à l’Italie et à l’Espagne, sans qu’aucun accord formel n’ait été scellé.
Dans le détail, les Européens ont décidé d’effacer la moitié de la dette grecque. Il en coûtera 100 milliards d’euros aux banques. La manœuvre ramènera la dette d’Athènes à 120% du produit intérieur brut d’ici 2020. Cet allègement est considérable par rapport aux 160% actuels. Il n’est pas certain que ce soit suffisant : ce taux est le double de la limite fixée par le traité de Maastricht. Nul ne peut prétendre que la Grèce soit tirée d’affaire avec un niveau de dette comparable, à terme, à celui de l’Italie actuellement. Pour l'aider, les Etats apporteront à la Grèce 130 milliards d'euros via le Fonds européen de stabilité financière ( FESF).
Pour parvenir à un accord, il a fallu tordre le bras aux banques, qui ont été convoquées dans la nuit par Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, Herman Van Rompuy et Christine Lagarde, directrice générale du FMI. Mercredi matin, elles n’acceptaient pas une décote aussi massive. L’accord comporte deux risques. Le premier est que les marchés considèrent qu’il s’agit d’une faillite de la Grèce–un « événement de crédit » dans le langage des financiers- et qu’ils paniquent, jugeant que d’autres Etats européens suivront. La réponse sera la réaction des marchés, ce jeudi 27 octobre, mais aussi dans les prochaines semaines.  Dans leur communiqué final, les Européens rappellent qu’à l’exception de la Grèce, « tous les autres membres de la zone euro réaffirment leur détermination inflexible à honorer complètement leur signature ». La question de la restructuration de la dette des pays en difficultés continue cependant de diviser.
Troisième sujet, la force de frappe du FESF, doté de 440 milliards d’euros. Elle sera de 1000 milliards d’euros, même si aucun chiffre n’a été convenu par écrit. On est encore très loin de 2000 milliards ou plus évoqués ces dernières semaines à Bruxelles et jugés nécessaires pour dissuader les marchés d’attaquer l’Italie. Certes, les Européens comptent sur le secours d’autres institutions. Nicolas Sarkozy déduit d’une déclaration de Mario Draghi, qui prendra le 1er novembre la présidence de la BCE, qu’elle continuera d’acheter de la dette italienne si nécessaire. Mais l’on est loin de la transformation du FESF en banque, originellement souhaitée par Paris, qui lui aurait permis d’avoir accès aux ressources illimitées de la BCE. Les Européens en sont réduits à faire la tournée des pays émergents et du FMI pour trouver d’ici quelques semaines des fonds supplémentaires. M. Sarkozy devait téléphoner au président Hu Jintao jeudi matin tandis que Klaus Regling, patron du FESF, se rend à Pékin vendredi. Enfin, l’idée de tirer des fonds sur le FMI n’est pas abandonnée.
La recapitalisation des banques est finalement le dossier le plus avancé. Les banques vont devoir renforcer leurs fonds propres de 106 milliards d’euros pour atteindre un ratio de fonds propres de 9% d’ici à fin juin 2012. Aide-toi le ciel t’aidera, c’est le leitmotiv. Les banques sont invitées à trouver des capitaux sur les marchés, à réduire leurs dividendes et leurs bonus. L’intervention de l’Etat en France a été exclue par M. Sarkozy, alors que les banques devront se renforcer à hauteur de 8,8 milliards d’euros. Les banques italiennes et espagnoles, dont les besoins sont chiffrés à 14,7 et 26 milliards d’euros, seront aidées par leurs gouvernements voire le FESF.
Dernier dossier, l’intégration économique et budgétaire. Nul le prononce le mot « fédéralisme », mais il progresse. Paradoxalement grâce aux pays les plus eurosceptiques qui ne supportent plus la mauvaise gestion des pays latins. Ainsi, la Finlande et les Pays-Bas ont obtenu que les pays qui ont des déficits excessifs voient leur budget examiné et commenté « avant leur adoption par le parlement national concerné ». La Commission européenne sera aussi chargée de surveiller l’exécution du budget et de proposer si nécessaire des corrections en cours d’année. Les Dix-sept saluent l’Espagne de Jose Luis Zapatero pour mieux surveiller l’application des promesses faites par le président du conseil italien Silvio Berlusconi.
Comme à chaque sommet depuis qu’a éclaté la crise grecque en janvier 2010, les dirigeants européens s’efforcent d’obtenir le meilleur accord possible. Il ne s’agit pas comme dans les négociations traditionnelles de défendre ses intérêts, mais de trouver l’impossible solution à une crise de surendettement et de perte de compétitivité, avec des pays qui ne peuvent pas dévaluer leur monnaie. Depuis deux ans, deux visions s’affrontent, celle de l’Allemagne qui veut assainir la Grèce, brutalement, pour la remettre sur les rails, quitte à braquer les marchés financiers. Celle de la France, qui veut sauver la zone euro dans son ensemble et éviter un risque systémique comme celui provoqué par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008.
Arnaud Leparmentier et Philippe Ricard

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