Introduction
Le mot raison a des sens multiples, puisqu’il désigne la faculté de l’esprit qui nous permet de distinguer le vrai du faux (être rationnel), le bien du mal (être raisonnable), cette faculté dont Descartes affirme qu’elle est « la chose du monde la mieux partagée ». Mais avoir raison, ce n’est pas toujours être capable d’un jugement juste, universellement valable et surtout démontrable, ce que sous entend le sujet puisqu’il s’agit d’avoir raison « contre » les faits. Ce sens général du mot signifie au sens large, les choses qui se passent, ce qui arrive, ce qui ne dépend pas de notre jugement. Le problème est donc de s’interroger sur cette opposition entre le jugement de notre pensée qui put être arbitraire, contradictoire ou faux et ce qui arrive indépendamment de ce que l’on peut en penser ; l’enjeu est ici la connaissance, car juger de manière rationnelle, c’est juger justement, c’est connaître quelque chose qui sans nous, ne serait pas interprété. Veut-on dire de manière confuse que les faits ont tord ? La simple possibilité d’avoir raison est celle de donner un sens à ce qui nous arrive, à ce qui nous entoure, bref à maîtriser par notre jugement de connaissance ce qui est seulement arbitraire et dû au hasard. Nous verrons dans une première partie cette opposition entre la raison et les faits puis nous nous interrogerons sur la valeur et l’intérêt de cette maîtrise du plus aléatoire, ce qui seulement se passe, arrive, comme à notre insu.
La raison contre les faits
Les faits sont des phénomènes naturels
Il faut faire la distinction entre les phénomènes naturels et le devenir humain. En ce qui concerne la nature, comme la montré Spinoza, elle est dénuée de toute cause première ou finale et en ce sens ses événements ne sont pas probant de quelque opinion que ce soit. On n’a pas raison, ni tord contre un tremblement de terre, ou une éclipse de lune… A l’inverse, les faits, au sens des actions humaines, sont tous empreints d’intentions, ils sont l’œuvre de l’homme, comme par exemple des faits militaires, des hauts faits, et la conscience que les hommes prennent de ce qu’ils font, de leur passé comme de leur avenir est constitutive de leur existence.
Il faut faire la distinction entre les phénomènes naturels et le devenir humain. En ce qui concerne la nature, comme la montré Spinoza, elle est dénuée de toute cause première ou finale et en ce sens ses événements ne sont pas probant de quelque opinion que ce soit. On n’a pas raison, ni tord contre un tremblement de terre, ou une éclipse de lune… A l’inverse, les faits, au sens des actions humaines, sont tous empreints d’intentions, ils sont l’œuvre de l’homme, comme par exemple des faits militaires, des hauts faits, et la conscience que les hommes prennent de ce qu’ils font, de leur passé comme de leur avenir est constitutive de leur existence.
Les faits n’ont pas raison
Le pluriel du mot fait dans le sujet évoque une multiplicité indéterminée de ce qui arrive de manière aléatoire, ce qui se passe sans nécessité et surtout sans intention, ce qui peut laisser l’homme perplexe lorsqu’on sait qu’il est en quête de sens, ne serait-ce celui a donner à son existence. Aristote affirme que « par nature, l’homme désire savoir » cela signifie qu’il n’est pas le spectateur passif de sa propre existence ni de cette histoire dont il est aussi acteur. Il y a une ambigüité au sein de l’histoire qu’en on parle des faits entre nécessité et hasard d’une part et entre sens et non sens d’autre part. Si les faits signifient ce qui s’est passé, avoir raison consiste à reconstituer ce passé, à lui donner un sens par une interprétation qui vient s’ajouter
Le pluriel du mot fait dans le sujet évoque une multiplicité indéterminée de ce qui arrive de manière aléatoire, ce qui se passe sans nécessité et surtout sans intention, ce qui peut laisser l’homme perplexe lorsqu’on sait qu’il est en quête de sens, ne serait-ce celui a donner à son existence. Aristote affirme que « par nature, l’homme désire savoir » cela signifie qu’il n’est pas le spectateur passif de sa propre existence ni de cette histoire dont il est aussi acteur. Il y a une ambigüité au sein de l’histoire qu’en on parle des faits entre nécessité et hasard d’une part et entre sens et non sens d’autre part. Si les faits signifient ce qui s’est passé, avoir raison consiste à reconstituer ce passé, à lui donner un sens par une interprétation qui vient s’ajouter
L ’enjeu pour l’histoire
La connaissance exacte du passé est un idéal qui n’apparait qu’au XVIII° siècle et qui consiste à dire comment les choses se sont passées réellement. Il y a dans les balbutiement de cette histoire objective, un souci d’établir une connaissance des événements (dates, lieux, actions). On cherche à distinguer alors l’histoire de la légende du mythe ou de la fable ; l’histoire vise alors à être un discours objectif, scientifique. Quel est le rôle de la raison ? Elle nous permet dans son usage théorique de se méfier des sensations, de l’imagination et de la sensibilité. La raison est l’instrument privilégié de la connaissance. Son discours (en grec logos) s’oppose à l’interprétation. Avoir raison contre les faits signifierait alors donner une interprétation juste de ce qui se passe, s’est passé, voire va se passer.
La connaissance exacte du passé est un idéal qui n’apparait qu’au XVIII° siècle et qui consiste à dire comment les choses se sont passées réellement. Il y a dans les balbutiement de cette histoire objective, un souci d’établir une connaissance des événements (dates, lieux, actions). On cherche à distinguer alors l’histoire de la légende du mythe ou de la fable ; l’histoire vise alors à être un discours objectif, scientifique. Quel est le rôle de la raison ? Elle nous permet dans son usage théorique de se méfier des sensations, de l’imagination et de la sensibilité. La raison est l’instrument privilégié de la connaissance. Son discours (en grec logos) s’oppose à l’interprétation. Avoir raison contre les faits signifierait alors donner une interprétation juste de ce qui se passe, s’est passé, voire va se passer.
Avoir raison c’est soutenir une opinion
Les faits dans l’histoire
Une génération d’historiens entre les deux guerres mondiales a reproché à leurs prédécesseurs de ne retenir que les faits compris comme des événements marquants, des faits de grands hommes et de grandes actions sans tenir compte de ce qui arrive du point de vue économique, social, démographique, anthropologique. Pour Lucien Febvre ou Marc Bloch par exemple, initiateurs de l’école des annales, les faits ne nous donnent ni raison ni tord, ils sont les éléments indispensables d’une histoire qui n’est pas globale comme le pensaient les philosophes de l’histoire au XIX siècle. Si l’histoire des faits relève de la raison, ce n’est pas au sens d’une reproduction possible de leur multiplicité en les ordonnant selon des lois et des déterminations logiques.
Une génération d’historiens entre les deux guerres mondiales a reproché à leurs prédécesseurs de ne retenir que les faits compris comme des événements marquants, des faits de grands hommes et de grandes actions sans tenir compte de ce qui arrive du point de vue économique, social, démographique, anthropologique. Pour Lucien Febvre ou Marc Bloch par exemple, initiateurs de l’école des annales, les faits ne nous donnent ni raison ni tord, ils sont les éléments indispensables d’une histoire qui n’est pas globale comme le pensaient les philosophes de l’histoire au XIX siècle. Si l’histoire des faits relève de la raison, ce n’est pas au sens d’une reproduction possible de leur multiplicité en les ordonnant selon des lois et des déterminations logiques.
L’interprétation des faits
Les lois de la science sont des rapports constants entre des phénomènes, ce qui signifierait que l’on puisse ordonner les faits selon ces « longues chaînes de raison » dont parle Descartes à propos de la connaissance. Or il existe une subjectivité irréductible de l’homme qui étudie les faits :journalistes, historiens, homme du commun, aucun n’échappe à l’interprétation du réel et sa part d’arbitraire. Il suffit de lire n’importe quel rapport d’événement pour le constater : les points de vue divergent. Avoir raison contre les faits apparaît alors comme une sorte de justification idéologique du présent et cela diffère selon les idéologies. Du rapport des faits à l’histoire, l’écart est le même que du rapport des faits à notre raison.
Les lois de la science sont des rapports constants entre des phénomènes, ce qui signifierait que l’on puisse ordonner les faits selon ces « longues chaînes de raison » dont parle Descartes à propos de la connaissance. Or il existe une subjectivité irréductible de l’homme qui étudie les faits :journalistes, historiens, homme du commun, aucun n’échappe à l’interprétation du réel et sa part d’arbitraire. Il suffit de lire n’importe quel rapport d’événement pour le constater : les points de vue divergent. Avoir raison contre les faits apparaît alors comme une sorte de justification idéologique du présent et cela diffère selon les idéologies. Du rapport des faits à l’histoire, l’écart est le même que du rapport des faits à notre raison.
Le relativisme des opinions
Jusque ici on a essayé de prendre le mot raison au sens propre pour montrer la difficulté de rendre raison des faits c’est-à-dire de les juger de manière objective, de les connaître. Or, avoir raison signifie donner tord aux faits ce qui est improbable car les faits arrivent, indépendamment de notre volonté et de notre jugement. Avoir raison, en ce sens, signifie faire triompher son opinion, la vérifier par des faits ou invalider nos prédictions en montrant que ce qui arrive nous donne tord….On ne peut pas réduire l’histoire à un tel relativisme qui la rangerait parmi les simples opinions. Il faut distinguer les faits des passions individuelles, des jugements préconçus, non démontrés, et hâtifs qui prétendent juger par des opinions une réalité complexe.
Jusque ici on a essayé de prendre le mot raison au sens propre pour montrer la difficulté de rendre raison des faits c’est-à-dire de les juger de manière objective, de les connaître. Or, avoir raison signifie donner tord aux faits ce qui est improbable car les faits arrivent, indépendamment de notre volonté et de notre jugement. Avoir raison, en ce sens, signifie faire triompher son opinion, la vérifier par des faits ou invalider nos prédictions en montrant que ce qui arrive nous donne tord….On ne peut pas réduire l’histoire à un tel relativisme qui la rangerait parmi les simples opinions. Il faut distinguer les faits des passions individuelles, des jugements préconçus, non démontrés, et hâtifs qui prétendent juger par des opinions une réalité complexe.
Conclusion
Les faits au sens des phénomènes naturels sont indépendants de notre raison : ils arrivent, ils ne demandent aucune justification de la part de l’homme. Cependant, tout se passe comme si ce dernier ne pouvait pas s’empêcher de juger, de peser, de mesurer, de donner du sens aux faits. Lorsqu’ils concernent ses propres actions, l’homme mesure la justesse de ses propre interprétations et confont la connaissance rationnelle, objective et le fait d’avoir raison c’est-à-dire d’avoir une opinion. Il est alors conforté dans le relativisme et l’arbitraire de sa propre opinion en croyant à tord rendre raison des faits.
Les faits au sens des phénomènes naturels sont indépendants de notre raison : ils arrivent, ils ne demandent aucune justification de la part de l’homme. Cependant, tout se passe comme si ce dernier ne pouvait pas s’empêcher de juger, de peser, de mesurer, de donner du sens aux faits. Lorsqu’ils concernent ses propres actions, l’homme mesure la justesse de ses propre interprétations et confont la connaissance rationnelle, objective et le fait d’avoir raison c’est-à-dire d’avoir une opinion. Il est alors conforté dans le relativisme et l’arbitraire de sa propre opinion en croyant à tord rendre raison des faits.
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