segunda-feira, 30 de maio de 2011

L’explication scientifique des conduites humaines est-elle compatible avec l’affirmation de la liberté?

 

  « Admettre une âme pour expliquer les phénomènes c’est être réduit à l’ opération du Saint-Esprit »   La Mettrie,  L’homme machine( 1747)
     » Je parlerai souvent de la doctrine reçue que je viens de résumer* comme du « dogme du fantôme dans la machine »
    » Les hommes ne sont pas des machines pas même des machines dominées par l’esprit »,   Gilbert Ryle, La notion d’esprit ( 1949)
    (*: le dualisme de Descartes considérant que l’âme ele corps sont deux substances distinctes)
                                                      
Exemple de dissertation possible entièrement  rédigée
    
La liberté, c’est d’abord pouvoir faire ce qu’on a choisi de faire alors qu’on aurait pu choisir autre chose. La liberté s’oppose à l’idée d’une détermination autre que notre propre volonté, qui est la faculté de « poursuivre ou fuir ce que l’entendement propose », donc de se déterminer, de commencer une série contingente de détermination, non d’en poursuivre une. Or le principe même de l’explication scientifique , c’est de ramener à une cause, en partant du principe que rien n’arrive sans une cause (qui a elle-même une cause) et que tout phénomène obéit à une loi. Donc expliquer une conduite humaine, c’est dire qu’elle est la cause de cette action, inscrire cette action dans une série telle que finalement cette conduite s’avère nécessaire, elle n’aurait pas pu être autre, ce qui revient à dire que le choix n’était qu’une illusion. Il y a donc, semble-t-il, incompatibilité entre explication scientifique et liberté. Mais la liberté peut aussi être pensée comme le pouvoir d’être maître de ses choix. Être maître ne signifie pas nécessairement qu’on aurait pu vouloir autrement, mais que c’est nous qui décidons véritablement, ce qui exclut la réaction instinctive, impulsive, le caprice mais pas une loi que nous nous donnerions à nous-même, une rationalité dans le choix.. L’explication scientifique des conduites humaines pourrait donc être l’explicitation de cette loi ou de cette rationalité, compatible avec la liberté. Aussi on peut se demander si l’explication scientifique des conduites humaines est vraiment incompatible avec l’affirmation de la liberté. C’est donc du problème du rapport entre déterminisme et liberté dont nous allons traiter. Ce sujet présuppose que l’on peut expliquer les conduites humaines comme on explique un phénomène naturel. Nous nous demanderons donc si ramener les conduites humaines au principe de causalité ce n’est pas nier la liberté de l’homme, si la liberté et déterminisme ne peuvent pas être compatibles et si cette compatibilité n’est pas ce qui oblige la science à aborder différemment phénomène humain et phénomène naturel.

     Expliquer, c’est déplier, analyser. Le mode d’explication scientifique est d’expliquer le particulier par le général, sous des lois. Donc le scientifique cherche une uniformité dans les phénomènes et cela par « l’usage combiné du raisonnement et de l’observation ». Pour que quelque chose soit expliqué scientifiquement, il faut que cette chose puisse être subordonnée à des lois, et donc qu’il y ait déterminisme, c’est-à-dire que la chose ait une cause dont elle est la conséquence et que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce principe d’explication semble donc incompatible avec l’idée de liberté de choix, pensée sur le modèle du libre-arbitre. Comme le dit Descartes, le libre-arbitre, c’est le pouvoir de se déterminer de manière contingente. C’est-à-dire que face à l’alternative A ou B, j’ai la possibilité de choisir A comme celle de choisir B et si je me détermine pour A, c’est parce que je l’ai voulu et cela ne dépend que de ma volonté. Or si on explique scientifiquement ce choix ce sera pour lui trouver une cause ou une cause à la raison de choisir A que l’on s’est donnée, dans ce cas on niera la contingence du choix. On montrera en effet que le choix de A était nécessaire. On pourra même dégager des lois: dans telle situation l’homme fait ou choisit ceci ou cela, ce qui remettrait aussi en question l’idée d’une liberté individuelle. Nous ne sommes pas différents dans nos choix, nous participons de la même nature humaine, donc nos choix ne sont pas contingents mais nécessaires.  
  De plus une explication scientifique des conduites humaines pourrait ramener ce que l’on croit relevé du choix de l’esprit conscient à un simple mouvement du corps, d’où une illusion de liberté. Je crois choisir celui que j’aime, je crois choisir de protéger mon enfant, mais ce n’est qu’un mécanisme hormonal; je crois choisir ce que je trouve beau mais ce n’est qu’une disposition de mon cerveau, je crois parler librement lors d’une psychanalyse alors qu’il y aurait un déterminisme psychique inconscient, selon Freud, à l’origine de mes associations d’idées ou du choix des thèmes abordés. La vie psychologique ne serait que l’effet de la vie physique; empirique, que l’on pourrait expliquer en remontant aux causes matérielles, physiologiques ou sociales, historiques. L’esprit et le corps ne sont pas 2 substances séparées, mais 2 points de vue épistémologiques différents; la volonté n’est que la prise de conscience, d’une « tension musculaire » comme le suggère Russell dans Science et religion, donc le versant psychologique d’un mouvement physique.
   L’explication scientifique des conduites humaines pourrait même réduire la liberté des hommes, si elle existait encore malgré tout, car sachant que l’homme obéit à telle loi du comportement, réagi à tel ou tel motif, on pourrait faire de lui ce que l’on veut et sans qu’il s’en rende compte, bercé par l’illusion de la liberté. Comme le dit Spinoza, en comparant l’homme à une pierre en train de chuter, l’homme se croit libre par ce qu’il est conscient de poursuivre telle ou telle fin mais ignorant des causes qui le déterminent à les poursuivre. Il suffit de le déterminer à poursuivre telle fin sans qu’il se rende compte de la manipulation et la liberté s’envole.
   Cependant, il serait curieux qu’ici la science quand elle traite du phénomène humain soit malveillante et liberticide, alors que le but de la science de la nature a été, en plus de la connaissance, de donner à l’homme les moyens de prévoir, d’agir sur la nature et par là de devenir selon la formule de Descartes, « comme maître et possesseur de la nature », donc de se libérer de certaines contraintes. Aussi on peut se demander si l’explication scientifique des conduites humaines, même si elle remet en question la contingence des choix, si elle ramène notre existence intelligible à notre existence empirique, est vraiment incompatible avec une liberté. Ne peut-on concilier déterminisme et liberté?

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Comme on vient de le dire le déterminisme n’est pas le fatalisme. Si le fatalisme pose une nécessité inconditionnelle, pas de si… et fait qu’on ne peut avoir aucune emprise sur le destin, obéissant à une loi extra-mécanique ( la volonté divine), le déterminisme pose lui une nécessité conditionnelle: si… alors; ce qui permet comme nous l’avons dit la prévision et par là l’action. On peut éviter à la cause de se mettre en place, on peut introduire un élément modifiant l’effet ou impliquant une autre loi. Dans ce cas, on peut penser que si l’individu a compris comme il fonctionne, il peut « jouer le rôle que naguère , au moyen de son caractère en empirique, il ne faisait que naturaliser, avec art et méthode, fermeté et convenance, sans jamais se départir de son caractère », comme le dit Schopenhauer dans son Essai sur le libre-arbitre ( p 91). Savoir qui on est, comment on fonctionne, les motifs qui nous font réagir on non, c’est être capable d’échapper à certaines manipulations, c’est être aussi capables de connaître avec l’expérience nos limites et celles des autres. On peut ainsi préserver certaines de nos libertés. On ne va pas prêter de l’argent à celui que l’on sait incapable de résister à la dépense; on ne va se mettre dans certaines situations que l’on sait nuisibles pour soi. Car si pour Schopenhauer, on ne change pas de caractères et par là de but, on peut par la connaissance se donner d’autres moyens pour les atteindre, en mettant en place d’autres motifs jusque là inconnus qui peuvent influencer le choix. Pour Schopenhauer , les termes du choix ne sont plus alors exactement les mêmes , d’autres motifs entrant en jeu, même si selon lui, on ne changera pas par là celui que l’on est . Ceci ne serait selon lui « pas plus chimérique que de changer le plomb en or en le soumettant à une influence extérieure, ou d’amener un chêne par une culture très soignée à produire des abricots ».
    Le but de l’explication scientifique n’est pas de retirer la liberté aux hommes, mais de les libérer de certaines illusions et par là de certaines souffrances. C’est par exemple le cas de l’hypothèse de Freud de l’inconscient dont le but n’est pas de se retrancher derrière un alibi de l’inconscience, mais de comprendre les causes inconscientes de nos choix et actes, pour pouvoir par un travail de prise de conscience, s’en libérer et par là devenir maître de soi. De même le but de la connaissance historique, s’efforçant de répondre aux critères de scientificité est de se libérer du passé et de pouvoir prendre en main son histoire. En connaissant le fonctionnement des manipulateurs et nos propres mécanismes, on peut déjouer leur stratégie.
   Enfin, on peut penser qu’être libre, ce n’est pas avoir nécessairement la possibilité de se changer mais plutôt d’être en accord avec soi-même. Ne pas subir ce que l’on est ou se contenter de réagir mais agir, voilà ce qu’est la liberté. En effet, on peut penser que la liberté ne s’oppose pas à la nécessité mais à la contrainte. Et c’est d’ailleurs cette absence de contrainte qui donne un sentiment de liberté, et qui est sans doute la liberté. Car si nos choix n’ont pas de causes, on ne peut choisir sans mobile, sans raison . Et le fait que l’on prenne telle raison plutôt qu’une autre, a sans aucun doute une cause. Difficile de soutenir en effet le libre arbitre. Mais au fond, l’essentiel n’est pas que nos choix n’ait pas de cause, mais plutôt de pouvoir nous reconnaître dans ses causes, ou faire en sorte que ces causes nous soient le moins étrangères possibles, puisque de toute façon il y en aura une. Subir sa nature par ignorance, c’est ne pas être libre. Savoir qui on est et faire des choix en accord avec sa nature, voilà ce que pourrait être la liberté. Et dans ce cas le déterminisme ne s’oppose pas à la liberté, mais peut être compatible avec elle. C’est ce que soutient Spinoza, dans sa lettre à Schuller en disant que « est libre celui qui existe et agit par la seule nécessité de sa nature, et contrainte cette chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir selon une modalité précise et déterminée. [...] Vous voyez donc que je ne situe pas la liberté dans un libre décret, mais dans une libre nécessité. » Dans ce cas, l’explication scientifique des conduites humaines n’est pas incompatible avec la liberté, elle permet même de se libérer et d’échapper à l’hétéronomie. Au lieu de se perdre dans des désirs périphériques, mimétiques, ignorants de soi et des objets, on peut en se connaissant, en sachant comme nous fonctionnons , quelle est notre loi, tendre vers ce qui nous est utile, faire d’une cause subie, une raison d’agir. Bergson va dans le même sens ce qui s’oppose à la liberté, ce n’est pas ma nature, mon essence et ses déterminismes, c’est le « courant social » qui nous détermine et nous éloigne de ce que nous sommes.
   Mais ne peut-on pas dire, par delà la cohabitation possible du déterminisme et de la liberté, que ce qui rend compatible la liberté et l’explication scientifique des conduites humaines, c’est qu’on explique pas scientifiquement de la même manière le phénomène humain et le phénomène naturel, de même qu’on ne pas par prévoir de la même manière un phénomène naturel et un phénomène humain?

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En effet, réduire la nature à des lois et un déterminisme peut déjà poser problème , comme le soutient Russell avec la physique quantique qui doit se contenter de probabilités, comme le montre Popper avec sa théorie du falsificationnisme selon laquelle on ne peut prouver une loi, ne pouvant faire toute l’expérience possible, le principe du déterminisme pourrait même n’être qu’une projection du Ciel sur la Terre, selon Bachelard, alors que « le phénomène terrestre a une diversité et une mobilité immédiates trop manifestes pour qu’on puisse y trouver sans une préparation psychologique,une doctrine de l’Objectif et du déterminisme ». ( texte 1 p238) .
    Mais réduire le comportement humain à des lois posent encore plus problème. Et c’est ce que montre la difficulté de prévoir les comportements humains. Comme le note Montesquieu dans L’esprit des lois où il s’efforce de penser la nature des peuples et des États selon le climat, le territoire, etc.. donc à la manière d’un scientifique : « il s’en faut de beaucoup que le monde intelligent (le monde de l’homme) soit aussi bien gouverné que le monde physique. Car, quoique que celui-là ait aussi des lois qui par leur nature soient invariables, il ne les suit pas constamment comme le monde physique suit les siennes. » L’homme bien qu’obéissant à des lois resterait en partie imprévisible. Pourquoi? l’homme ne suit pas constamment les lois?
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      On peut certes expliquer cette difficulté de prévision par la complexité de l’être humain, par le fait que chaque individu est unique, comme chaque situation. Chaque acte reste unique malgré une uniformité possible. On peut aussi expliquer cela par les limites de nos connaissances: le fonctionnement du cerveau est loin d’être intégralement connu, il est difficile d’appliquer la méthode scientifique sur le comportement humain. En histoire par exemple, chaque événement n’a lieu qu’une seule et unique fois. On parle de primultimité qui empêche toute expérimentation, mais aussi d’expliquer le particulier par le général. On peut aussi expliquer cela par une capacité à l’a-rationalité, c’est-à-dire que l’homme serait capable de transgresser volontairement ce que l’on pourrait attendre de lui au nom de la rationalité ou au contraire par un effet de la connaissance, qui est de permettre de mieux choisir et par là de déjouer la prévision. Mais on peut aussi expliquer cela par une part de liberté. Si l’homme reste imprévisible, même si on peut dégager des régularités dans son comportement, des traits de caractère, c’est parce qu’en dernière instance, c’est lui qui choisit et qu’il peut à tout moment opposer à la loi naturelle, à sa tendance naturelle, une loi de la raison. Il peut opposer à la nécessité, l’obligation.
C’est ce qui fait selon Kant que même si on trouve des causes à nos choix et actes, on peut malgré tout ressentir de la culpabilité parce qu’on sait que nous ne nous réduisons pas à notre existence concrète, empirique, mais qu’en tant qu’être de raison , nous avons aussi une existence intelligible , nous sommes capables d’écouter notre raison, plutôt que les circonstances ou nos penchants. ( texte 1 p 420). C’est ce qui fait selon Sartre que l’on se retranche derrière le déterminisme pour fuir l’angoisse de la liberté et de la responsabilité qui en découle.

   Nous avons donc vu que l’explication des conduites humaines présupposant un déterminisme semblait incompatible avec la liberté qui présupposa, elle, contingence. Mais nous nous sommes rendu compte que le déterminisme pouvait être une ressource pour la liberté et que la liberté était plutôt l’absence de contrainte que de déterminisme. Enfin nous avons noté que les conduites humaines ne pouvaient être expliquées comme des phénomènes naturels, ce qui fait d’ailleurs la particularité des sciences humaines et qui en fait un objet de débat, qu’il y avait une part d’imprévisibilité qui pouvait être associée à une part de liberté en l’homme. Donc l’explication scientifique des conduites humaines n’est pas incompatible avec l’affirmation d’une liberté, et ses limites prouvent même une liberté irréductible.

Texte : Durkheim, L’Education morale

Texte : Durkheim, L’Education morale

Le sujet :
Expliquez le texte suivant :
La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle morale est œuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c’est qu’elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu; et c’est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité morale.
DURKHEIM, L’éducation morale
Le corrigé
Les difficultés / pièges à éviter :
Il fallait faire attention à ne pas « plaquer » des connaissances sur Durkheim (issues du programme de SES spécialité) sans rapport avec le texte.
La difficulté de toute explication est justement de ne pas faire de contresens ou de paraphrase. Il fallait réfléchir à la portée du texte : pourquoi Durkheim souligne-t-il la contradiction entre la dimension collective de la morale et les valeurs humanistes ?
Attention, ici Durkheim ici ne dénonce pas la valeur de l’autonomie. Au contraire il pense que c’est la seule valeur aujourd’hui susceptible de fédérer les hommes.
Les notions au programme : La morale,   la liberté.
Le thème du texte : l’autonomie.
Problème traité par le texte : A quelle difficulté s’oppose aujourd’hui la transmission des valeurs morales
Thèse de l’auteur : la transmission des valeurs morales est confrontée à un dilemme : concilier le caractère contraignant des règles collectives de la morale avec la valeur de l’autonomie.
Les références pertinentes : Ici Durkheim évoque la conception kantienne de la morale.
Le plan proposé :
Première partie : ligne 1 à 10, la morale est un ensemble de règles qui s’imposent de l’extérieur aux individus.
1/ Les hommes n’ont pas d’action individuelle dans l’élaboration de la morale. Ils n’en sont pas les auteurs. La morale est un processus collectif, qui évolue très lentement.
2/ C’est donc la pression sociale qui provoque le comportement moral de l’homme. La morale est ainsi un facteur de cohésion sociale.
Seconde partie : ligne 10 à 21 : la contradiction entre la dimension collective de la morale et l’aspiration à l’autonomie entre les hommes ?
1/ La valeur de la personne humaine :
La morale actuelle repose sur la dignité de la personne humaine (référence Kant). Par conséquent, c’est l’autonomie qui est une valeur centrale.
Y a-t-il un risque de dissolution de toute morale, chacun désirant être l’auteur de ses propres règles morales ? Ce refus des règles extérieures va-t-il conduire au relativisme ?
2/ Une valeur collective.
« Tout le monde » pense que l’autonomie est plus importante que la conformité à des règles extérieures à l’individu. Le respect de la personne humaine fait l’objet d’un « culte », ce qui implique une communion collective. Il y a ainsi un renversement : la valeur de l’autonomie est une valeur individuelle, mais elle est partagée par tous.
Par conséquent, le respect de la personne humaine est la seule valeur susceptible de fédérer les hommes. La morale ne peut plus être enseignée sans faire appel à l’autonomie.

Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

Le sujet : Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
Le corrigé :
Ce sujet interroge sur le rapport passé, présent, futur, suggérant que le passé est un poids et que l’action historique et individuelle doit s’en libérer pour être ! Tout cela avec un œil favorable pour le futur, promesse de nouveauté, d’inconnu, et donc livré à tous les imaginaires, par opposition au passé trop commun et rabâché. Pourtant, négliger le passé peut être un danger et peut-être que l’obstacle est plutôt le présent et ce qu’il peut être.
Auteurs en référence : Nietzsche, Aron, Sartre (liberté, projet)
Plan proposé :
I. Dans le passé, pas d’avenir
II. Sans conscience du passé, pas d’avenir
III. Autres conditions : avoir un futur est différent d’avoir un avenir
I. Dans le passé, pas d’avenir
Oublier = ignorer, ne pas tenir compte, laisser tomber…
1. Ne peut apparaître que le passé soit une contrainte pour faire le futur : on peut ici penser à la critique nietzschéenne.
Dans la seconde considération intempestive de l’excès de conscience historique qui a pour conséquences :
  • le passéisme -> la « manie de l’antiquaille » -> incapacité à se tourner vers l’avenir, qui est disqualifié par avance
  • l’esprit de vengeance -> on est incapable de voir le présent détaché du passé, on y rejoue le passé d’où répétition, piétinement, absence de progrès
  • on avance dans le présent à la manière d’un « chien limier », on cherche des traces, incapable de saisir le neuf, d’envisager d’autres possibles.
2. Inutilité des leçons de l’histoire : chaque événement est une seule et unique fois, avec changement de contexte, d’acteurs, etc. Ne pas avoir la mémoire de son passé, c’est le subir, comme celui qui souffre d’un passé caché, non su.
Transition : Négliger le passé peut apparaître comme quelque chose de nécessaire, mais est-ce pour autant légitime et raisonnable de n’avoir aucune connaissance du passé ? Peut-on le nier ?
II. Sans conscience du passé, pas d’avenir
1. On peut bien sûr penser au devoir de mémoire comme un hommage, une dette envers le passé qui permet de restituer ainsi une continuité dans le temps, une filiation, transmettre un héritage. Se libérer totalement du passé pourrait être prendre le risque de se perdre en perdant ses racines, ce qui nous constitue et permet ensuite de s’orienter.
2. La conscience du passé permet justement de s’en libérer, en faire le deuil : effet cathartique de la conscience historique. « La conscience du passé est constituée de l’existence historique » (R. Aron). D’où le drame de l’amnésique, qui a un passé ignoré mais qui le détermine malgré tout et contre lequel il ne peut rien.
3. La connaissance du passé permet de libérer présent et avenir en ayant une compréhension du présent (conséquences du passé), une vue des mécanismes de l’histoire et des éléments sur la nature humaine qui permettent d’éclairer l’action.
Bergson distingue le rêveur (sans mémoire), l’impulsif (sans mémoire) et l’homme d’action qui sait convoquer le passé, les souvenirs utiles pour agir.
Oublier, c’est aussi pardonner, ne pas être dans le ressentiment, et pour cela, il faut savoir ce qu’on pardonne. Pardonner n’est pas perdre la mémoire, mais en avoir une, considérer le passé comme passé.
Transition : Donc ce qui est nécessaire, ce n’est pas d’oublier le passé mais d’en avoir mémoire et connaissance de manière pertinente en évitant les excès. Mais cela suffit-il pour se donner un avenir ?
III. Autres conditions : avoir un futur est différent d’avoir un avenir
1. La liberté d’action dans l’histoire : ne pas être forcément seul auteur mais en tout cas acteur.
2. Assumer ses responsabilités en tant que sujet de l’histoire et de sa propre vie, ne pas se cacher derrière fatalisme et déterminisme ou derrière l’idée que nous ne sommes pas seuls à la faire.
3. Avoir un projet aussi bien individuel que collectif, ne pas se contenter de ce qui est, de l’immédiat.
4. Garder une certaine foi en l’avenir : après une idéologie du progrès, on sombre parfois dans un pessimisme d’humeur et la crainte des utopies.

sábado, 28 de maio de 2011

Discurso de Aristófanes no Banquete de Platão

Dimensão Política e Metafísica de Liberdade

A Moral Kantiana

Une chanson de Theo Hakola

Une chanson de Theo Hakola

Ô tendre jeunesse !

Ô tendre jeunesse, chose douce, chose fluide
Dites non à la vieillesse, Écoutez vos appétits
Ô tendre jeunesse, chose molle, chose humide
Dites non à la sagesse car un bon look n 'a pas de prix

Laissez-nous vous vendre nos t-shirts pourris
Laissez-nous vous prendre pour de gros abrutis
qui font pour nous de la réclame en portant nos produits
qui nous paient pour faire la publicité qui nous a tant réussi

N'importe quelle crotte qui porte la marque, qui porte la marque qui brille
Achetez-la ô tendre jeunesse, faites monter nos profits
Faites-vous respecter ainsi par d'autres abrutis
Dépensez, ô tendre jeunesse, dépensez toutes vos vies

Que la marque rayonne de haut en bas, que personne ne soit à l'abri
des baskets et des casquettes ornés de la marque qui brille
Ne soyez pas trop regardants à l'égard de vos économies
Ô tendre jeunesse, remplissez nos caisses, faites multiplier nos fruits

Ô tendres chiens qui attachez si bien vos chaînes vous-mêmes :
Léchez, lavez, repassez, rapportez et portez vos laisses
Soyez complices avec la police de vos propres supplices
N'affichez pas vos faiblesses, ne vous écrasez pas comme des gonzesses
Ne vous habillez pas avec petitesse, ô chère et tendre et jobarde jeunesse
Apportez-nous toute votre largesse et oui, faites fructifier notre business !

Ô tendre jeunesse, ô idiote jeunesse, ô pauvre jeunesse, ô sotte jeunesse
Ô jeunesse bleue, ô jeunesse jaune, ô jeunesse verte, ô jeunesse conne
Ô jeunesse blanche, ô jeunesse rouge, ô jeunesse noire, ô jeunesse qui bouge
Ô jeunesse percée et anti-mondialiste, ô jeunesse tatouée et progressiste
Passez de la pommade à vos exploiteurs, passez vos commandes, n'ayez pas peur
Achetez le swoosh, mettez-nous encore une couche, ô tendre jeunesse, merci de tout cœur

Des victimes consentantes vous êtes, des consommateurs, des pauvres bêtes
des pigeons plumés jusqu 'à la peau par la libre entreprise en plein assaut
Par le swoosh qui vous pousse à vous cribler de dettes,
Par la marque qui vous embarque comme des mauviettes
Par un tas de torchons déguisés en survêts
Par les manigances de la puissance qui colonise vos têtes...

Ô tendre jeunesse, chose douce, chose fluide
Dites non à la vieillesse, écoutez vos appétits
Ô tendre jeunesse, chose molle, chose humide
Dites non à la sagesse car un bon look n 'a pas de prix

Um outro tema do BAC






















20 mai 2011

La mondialisation, un sujet tarte à la crème ?

Je me remercie moi même de me poser cette excellente question ! Les sujets classiques ne sont pas en effet les plus faciles à traiter, bien au contraire. Mettez-vous dans la peau du correcteur fatigué qui lira jusqu'à la nausée des introductions de dissertation trop souvent identiques, des conclusions en forme d'ouverture trop attendues. Sur un sujet sans surprise, les copies sont également sans surprise et c'est bien là le problème...
Il est donc encore temps de vous exercer à réveiller l'attention de votre correcteur par la qualité de votre copie, par votre capacité à rendre attractif un développement convenu. Si vous réussissez, c'est bingo, vous êtes l'oasis espérée d'une longue traversée du désert.
Exerçons nous donc avec un sujet sur le thème de la mondialisation.
Premier conseil : soyez encore plus précis qu'à l'habitude quand vous définirez la notion (sans doute dans une introduction). Soyez encore plus rigoureux qu'à l'habitude. Exemple issu d'une définition qui souligne la complexité de la notion "La mondialisation entraîne des dynamiques contradictoires autour du couple uniformisation/fragmentation : unification du monde dans un marché mondial, mais aussi régionalisation des échanges et « oubliés » de la mondialisation ; gouvernance mondiale mais décentralisation, poussée identitaire ; société mondiale en gestation face à l’exclusion, l’isolement ou l’encouragement de la diversité culturelle." Lisez l'ensemble de la définition ici sur le blog d'un prof d'histoire géo et rendez vous compte que l'on peut être précis sur une notion par ailleurs classique.
Deuxième conseil : sortez des sentiers battus. Si vous abordez la notion dans une épreuve SES, n'oubliez pas qu'il s'agit autant d'économie que de sociologie. Peut-être pourrez vous aborder la notion au travers des critiques de la société de consommation si le sujet vous y invite. Pensez alors à faire des références culturelles et pourquoi pas à des chansons. Lisez ici l'excellent billet d'une professeur en art plastique sur les chansons critiques de la société de consommation ... Vos profs apprécieront votre capacité à solliciter à bon escient des éléments de culture générale, même contemporaine.
Troisième conseil : jouez un peu avec la notion, pensez aux concepts proches ou à ceux qui s'y opposent. Ceux d'entre vous qui tentent sciences po ont ainsi travaillé sur la notion de frontière qui peut sans aucun doute être ici réinvestie (voir le sujet "la mondialisation signifie t-elle la fin des frontières ").

Preparação para Exame do 12º ano em França - O problema do Desenvolvimento Sustentável

 
Sur le blog éco(lo) d'Audrey Garric, on trouve un excellent article sur le barrage des Trois-Gorges pour illustrer toute la complexité du développement durable. Ce barrage présenté comme un soutien indispensable à la croissance économique chinoise est à l'origine de difficultés environnementales, sociales et même économiques (lire l'article en intégralité).

24 mai 2011

Croissance et développement durable, un épineux sujet au bac

Faut-il en conclure que la recherche de la croissance économique et celle d’un développement durable sont incompatibles ? C'est une question pas si anodine sachant qu’elle pourrait vous être posée au bac en Sciences Économiques et Sociales (SES).
Voici une proposition de plan rédigée par Diane Duval, professeur de SES, sur le magazine de l’EDD du WebPédago. L’article détaille les différents éléments de ce plan et donne des pistes pour aller plus loin. Lire l’article en intégralité.
I. Croissance économique et développement durable semblent inconciliables
A. La croissance économique compromet le développement durable
B. Le développement durable freine la croissance économique
II. Croissance économique et développement durable peuvent aller de pair
A. La croissance économique rend possible le développement durable
B. Le développement durable stimule la croissance économique
Je ne vous apprendrai rien en disant qu’on attend de vous une réponse argumentée plutôt qu’une simple prise de position. Dans ce type de sujet où deux termes s'opposent, une posture classique revient à analyser les impacts de l’un sur l’autre. Dans un premier temps, il est plus simple d’aller dans le sens du sujet (croissance et développement durable sont incompatibles) puis de montrer qu’ils se nourrissent l’un l’autre. Cela ne sert à rien d'essayer de faire plus original : ce type de plan vous permet de présenter vos idées de manière cohérente.
Vous pourrez en conclusion rappeler la complexité du sujet (comme le montre l’exemple du barrage des Trois-Gorges) puis prendre position à la lumière des différents arguments exposés précédemment. Ne cherchez pas à trouver une solution (vous venez de démontrer qu’il n’y avait pas une seule solution), mais vous pouvez par exemple imaginer, selon vous, quel axe de développement sera privilégié dans les prochaines années.

Qualidade de Vida segundo OCDE

quarta-feira, 25 de maio de 2011

Estilos na Relação Interpessoal

Relacionamento Interpessoal

Memorando do Acordo Troika/Governo Traduzido para Português

Já ouvi várias afirmações erradas a respeito deste memorando.
Já ouvi gente a mentir, e não era o mentiroso do costume, a respeito deste memorando.
O mínimo que podemos fazer é torná-lo público em língua portuguesa.
O resto fica ao critério de cada um.

Memorando de Entendimento da Troika (traduzido)

Ainda Há quem Diga que Portugal não é um Bom Aluno...

La Cour des comptes certifie les comptes 2010 de l'Etat, mais émet sept "réserves"

LEMONDE.FR avec AFP | 25.05.11 | 13h27

Dans son rapport annuel, la Cour des comptes a estimé que le compte général de l'Etat en 2010 est "régulier et sincère."
Dans son rapport annuel, la Cour des comptes a estimé que le compte général de l'Etat en 2010 est "régulier et sincère."AFP/BERTRAND GUAY
La Cour des comptes a certifié avec sept "réserves" les comptes de l'Etat en 2010, et noté dans son rapport publié mercredi des progrès de l'administration pour plus de fiabilité et de transparence. La Cour estime que le compte général de l'Etat en 2010 "est régulier et sincère et donne une image fidèle de la situation financière et du patrimoine de l'Etat, sous sept réserves substantielles".
La Cour a donc émis moins de "réserves substantielles" qu'en 2009, où elle en avait pointé neuf au total. Pour autant, "ces progrès très réels ne doivent pas cacher les difficultés qui demeurent", note la Cour. Elle note également que "la situation justifiant certaines réserves s'est aggravée", à savoir celles concernant les systèmes d'information financière et comptable de l'Etat, les produits régaliens et le patrimoine immobilier de l'Etat.
Les autres réserves portent sur les dispositifs ministériels de contrôle et d'audit internes, les opérateurs et les autres immobilisations financières de l'Etat, les actifs du ministère de la défense et les charges et passifs d'intervention.

BUDGET 2010 : "DÉFICIT HISTORIQUE"
Concernant le budget 2010, la Cour note que son exécution s'est achevée sur "un déficit historique de 148,8 milliards d'euros alors que la loi de finances initiale prévoyait une amélioration du solde budgétaire". La dette de l'Etat a augmenté de 81 milliards d'euros et le programme d'émission à moyen et long terme a été "le plus important jamais réalisé", avec 210,7 milliards d'euros.
Le déficit 2010 représente 46,1 % des dépenses nettes du budget général ou 86,5 % de ses recettes fiscales nettes, relève la Cour.

terça-feira, 24 de maio de 2011

A Construção do Social 3

AI2.2-Construção do Social 3

segunda-feira, 23 de maio de 2011

Berlin incité à entrer au capital d'EADS - Quem diria?

Berlin incité à entrer au capital d'EADS

Avec AFP
23/05/2011 | Mise à jour : 11:23

Le directeur financier de Daimler, principal actionnaire allemand d'EADS, Bodo Uebber, incite Berlin à s'engager au capital du groupe européen de défence et d'aéronautique, dans un entretien au journal dominical Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.

Le constructeur automobile Daimler, qui contrôle 22,5% des droits de vote d'EADS et 15% de son capital, songe en effet à se désengager du groupe européen d'aéronautique, même si aucune date n'a pour le moment été fixée. S'exprimant sur l'actuelle recherche "d'une structure stable et équilibrée en termes d'actionnaires" d'EADS, Bodo Uebber a déclaré: "le succès d'EADS repose sur la coopération entre les Etats. L'Etat est un important client et il participe au financement des programmes: sans Etat, aucun avion ne décolle". "De mon point de vue, il n'y a pas de date fixée. Une seule chose est claire: nous sommes une entreprise automobile et nous estimons légitime de placer au centre de notre stratégie notre activité principale", a dit Bodo Uebber.


Berlin préfère une solution privée

Jusqu'ici le gouvernement allemand ne semble pas prêt à s'engager dans EADS: le 23 février dernier, le ministre allemand de l'Economie, Rainer Brüderle, avait indiqué qu'il "préférait une solution privée" plutôt qu'une entrée de l'Etat au capital d'EADS.
Bodo Uebber s'est également prononcé contre une participation d'un sous-traitant allemand d'EADS au capital du groupe aéronautique, comme ceci avait été évoqué un temps dans la presse allemande.
"Je n'ai encore pas vu une seule entreprise dirigée par ses sous-traitants", a-t-il dit. Il a également exclu la possibilité qu'EADS rachète une partie des actions que Daimler souhaite vendre: "ce n'est pas une solution sensée", a-t-il déclaré.

EADS, dont l'acte de naissance remonte à l'automne 1999, est issu des entreprises aéronautiques allemande DASA, française Aérospatiale-Matra et de l'espagnol Casa. Etant donné le caractère hautement stratégique de cette industrie, l'équilibre franco-allemand est inscrit dans les statuts du groupe. Outre Daimler, EADS est contrôlé côté allemand par des investisseurs publics et régionaux. Côté français, Lagardère et l'Etat français contrôlent aussi 22,5% d'EADS.

La crise de la dette secoue les Bourses


Crédits photo : ERIC PIERMONT/AFP

La crise de la dette secoue
les Bourses européennes

Par Marine Rabreau
23/05/2011 | Mise à jour : 18:22

Les indices boursiers européens perdent en moyenne 2% ce lundi, alors que les craintes sur les dettes en Europe ressurgissent. Le Cac 40 recule de plus de 2%.

Le CAC 40 est encore plus chahuté qu'en fin de semaine dernière. A la clôture, l'indice parisien creuse ses pertes et recule de 2,10% à 3906,98 points. Selon les analystes graphiques, le Cac 40 pourrait même passer en-dessous des 3900 points. Selon Alexandre Le Drogoff, analyste technique chez Aurel Leven, cité par Reuters, «un passage franchement au-dessous de ce niveau de soutien, qui correspond au bas du canal haussier constaté sur l'indice depuis l'été 2010, pourrait précipiter à court terme le CAC 40 vers les 3.693 points, son point bas en séance du 16 mars dernier».
Ailleurs, en Europe, la tendance est identique : les Bourses sont sérieusement bousculées. Le Dax de Francfort abandonne 2% à 7121,52 points, le Footsie de Londres, 1,77% à 5843,47 points, l'Ibex 35 de Madrid perd 1,41% à 10.082,70 points, le FTSE Mib de Milan cède 3,32% à 20.532,60 points et le FTSE/ASE 20 abandonne 1,50% à 568,94 points.
En fin de semaine dernière, deux mauvais signaux ont été lancés : la dégradation, de trois crans, de la note de la dette de long terme de la Grèce par Fitch, et la mise sous perspective négative de celle de l'Italie par Standard and Poors. Tandis qu'en Espagne, les manifestations se poursuivent pour une semaine et les élections locales ont donné perdant le parti de José Luis Zapatero.
Un seul chiffre à suivre ce lundi, l'indice PMI flash pour le mois de mai. La croissance de l'activité dans le secteur privé en France s'est légèrement ralentie en mai, à 60,5 contre 62,4 en avril, en raison notamment d'une décélération de l'industrie manufacturière, d'après l'enquête Markit.

L'euro pénalisé par les dettes

Également inquiété par les dettes européennes, l'euro se déprécie. La monnaie unique chutait lourdement face au dollar lundi. Vers 18 heures à Paris, la monnaie unique européenne valait 1,4013 dollar contre 1,4155 dollar vendredi soir.
Aucune publication d'entreprise française n'est prévue ce lundi. Veolia recule mécaniquement de 2,68% à 20,48 euros sur fond de paiement du dividende de 1,21 euro.
De son coté, Alcatel Lucent cède 3,09% à 3,95 euros et Schneider, 3,41% à 109,15 euros. Les bancaires sont également à la peine : Credit Agricole se replie de 2,95% à 10,53 euros après que S&P a abaissé les notes de la banque fortement exposée à la Grèce, Société Générale, de 1,62% à 41,31 euros et BNP Paribas, de 1,82% à 51,37 euros.
Europacorp prend 1,41% à 4,31 euros. Le film Tree of Life qui a reçu la palme d'or, a été produit par William Pohlad, distribué par Fox SearchLight, Summit Intenrational et Europacorp.
Notons aussi, côté sociétés, que quatre ans après sa dernière enquête, la Cour des comptes constate dans un rapport que la situation financière des institutions sociales des industries électrique et gazière s'est encore dégradée. EDF (-1,30 % à 28,37 euros) est directement concernée.
Le secteur aérien est également sérieusement malmené alors qu'un autre volcan islandais s'est réveillé ce week-end. Un nuage de cendres pourrait atteindre la France jeudi. Air France KLM chute de 4,54% à 11,46 euros, après les premières informations qui ressortent des boîtes noires du vol Rio-Paris créashé il y a deux ans.
La compagnie malaisienne à bas coûts AirAsia serait prête à commander plus de 150 Airbus (EADS :-1,39 % à 22,40 euros) A320 Neo (remotorisés), dotés de nouveaux moteurs plus économes en carburant, pour un montant de 13,6 à 15,9 milliards de dollars, rapporte lundi le quotidien Les Echos. Par ailleurs, côté EADS, Daimler souhaite que l'État allemand entre dans son capital.
Renault (-3,08% à 38,26 euros) : l'État pourrait profiter du remplacement du numéro deux du constructeur automobile Patrick Pelata pour militer en faveur d'une réforme à la tête du groupe, selon Les Echos. L'État voudrait davantage peser sur les choix industriel et limiter le pouvoir du Carlos Ghosn via notamment le recrutement de sang neuf.
Si la justice donne raison ce lundi à l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Hermès (+0,46% à 176,35 euros) pourrait perdre le contrôle de son assemblée générale du 30 mai au profit de LVMH (-2,52 % à 116,0 euros).
Michelin (-1,88% à 61,75 euros) compte commercialiser d'ici à trois ans un pneu qui se répare tout seul en cas de crevaison.

Comprendre la révolution espagnole






[tous les liens de ce billet sont en espagnol, sauf mention contraire]


Vous entendez toutes sortes de bêtises sur les mobilisations à Sol1 et dans de nombreuses villes d’Espagne : des théories conspirationistes absurdes [émission de radio] de ceux qui voient des ombres derrière toutes choses, jusqu’à la simplification grossière2 de ceux qui mettent l’étiquette “anti-système” alors même qu’ils ont la réponse sous les yeux. Ou encore la stupidité de de ceux3 qui prétendent être d’accord avec les manifestants [pdf], alors que ceux-ci protestent précisément contre eux, ce qu’ils ont fait et contre ceux qu’ils représentent.
Je suis totalement d’accord avec Periodismo Humano : quelque chose de grand est en train de se passer ici. Le rejet des théories conspirationnistes stupides est absolu et radical, l’interprétation est claire et convaincante : les gens descendent dans la rue parce qu’ils réclament un changement. Un changement sur le fond dans la manière de faire de la politique et d’exercer la démocratie.
Analyser les demandes des uns et des autres est un exercice vain : parmi les gens que je vois manifester dans la rue, très peu soutiendraient explicitement ces demandes. Beaucoup arrêtent de les lire parce qu’elles n’en valent tout simplement pas la peine : les citoyens descendent dans la rue avec une contre-pétition, appelant à un changement radical, parce que les partis politiques et le système ne les représentent déjà plus. Ils en représentent d’autres.
En ce qui concerne les demandes concrètes… cela viendra plus tard, pour le moment, nous sommes dans un processus de changement. De quoi ? Il est trop tôt pour le savoir, et il possible d’espérer que, quel qu’il soit, ce changement soit pacifique, ordonné et civilisé. Je suis entièrement d’accord avec le billet d’Antonio Ortiz à cet égard.


Voici les clefs du mouvement que nous sommes en train de vivre :

L’origine, le déclenchement

C’est le moment où les trois grands partis, PSOE, PP et CiU, forment un pacte pour faire passer la ley Sinde4 , en contradiction flagrante avec la volonté d’une grande majorité de citoyens, pour faire plaisir à un lobby. Attention, ceci n’est que le début, le détonateur : à l’heure actuelle, cela n’a déjà plus d’intérêt ou de pertinence dans les manifestations. Mais en voyant l’acharnement pathétique à “faire passer cette loi à tout prix” alors que l’ensemble du réseau s’était soulevé contre elle, le relayer en direct a eu le même effet – avec tout le respect dû aux tunisiens et en demandant pardon d’avance pour la comparaison tragique – que le suicide de Mohammed Bouazizi s’immolant en Tunisie. De l’activisme contre la ley Sinde est né le mouvement #nolesvotes (ne votez pas pour eux), en plus de la cristallisation d’un climat de mécontentement évident contre toute une manière de faire de la politique.

Les motifs réels

Les véritables raisons sont, et cela n’a échappé à personne, des sujets tels que la gestion de la crise économique, la corruption, le chômage (en particulier le taux de  plus de 40% de chômage pour les jeunes) et surtout, la désaffection envers une classe politique, identifiée comme l’un des problèmes majeur de la citoyenneté dans les enquêtes du CIS5. Egalement, le désenchantement que l’on peut ressentir face à cette manière de faire de la politique qui fait de l’électeur un être sans importance, juste bon à déposer un bulletin dans une urne et qui, par cet acte, donne à un parti politique toute la légitimité de faire ce que bon lui chante pendant quatre ans6. Un parti qui est devenu une grande entreprise inefficace et corrompue répondant aux intérêts des lobbies et pas à ceux des citoyens.

Place Sol à Madrid : Nous ne nous tairons pas ! La démocratie, maintenant !

Le témoignage est recueilli par d’autres associations

D’abord JuventudSinFuturo (Jeunesse sans futur) et ensuite DemocraciaRealYA (Une vraie démocratie maintenant !) ont été capables de s’organiser brillamment, avec civilité et pacifiquement pour transposer ce mouvement dans la rue. Ce fut l’épreuve du feu, le “moment de vérité” :  avant que les protestations ne prennent vie dans la rue, le réseau bouillonnait de dizaines de tweets par minute, de groupes Facebook et de posts de blogs, mais personne n’avait encore sauté le pas. Après les protestations, les gens se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas les seuls à partager cet opinion, et que si l’organisation et l’action sont possibles, ils sont aussi une réalité concrète. C’est comme cela qu’est tombée la barrière que beaucoup se mettaient pour descendre dans la rue.

La décision de descendre dans la rue répond à un sentiment général

Et non pas à une revendication particulière comme une série de points d’un programme. Dans la rue, vous pouvez voir des personnes de tous les âges, opinions politiques, de toutes les conditions sociales. Des étudiants en chemises jaunes, des chômeurs, des punks, des retraités, des entrepreneurs, des enseignants … J’étais là, concrètement, et j’ai rencontré tous ces profils, un par un, et plus encore. Un qui salue une connaissance, et j’ai pu moi-même saluer plusieurs anciens élèves, des collègues, des gens que je connais qui ont créé des start-up, des cinéastes, des avocats, des journalistes … On trouve de tout. Littéralement tout.
Ne vous attendez pas à un accord sur les mesures à prendre, c’est impossible. Mais s’il y a une chose sur laquelle il existe bien un accord c’est la nécessité d’un CHANGEMENT. Et un retour en arrière n’est pas envisageable.

La démocratie, maintenant !

La simplification est mauvaise

Que les jeunes de gauche soient les plus susceptibles de descendre dans la rue ne veut rien dire, et prétendre inscrire ce soulèvement dans une idéologie ou un parti spécifique est tout simplement absurde. C’est normal et inévitable. Tenter de se placer devant les gens pour faire croire qu’ils vous suivent est encore plus pathétique : dans un mouvement aussi connecté, la personne qui tente de “diriger” en appliquant des techniques pastorales comme on le ferait pour un troupeau de bêtes se fait immédiatement régler son compte sur les réseaux sociaux.
En Égypte, il avait eu des moments où il semblait que les Frères musulmans monopolisaient la protestation, et d’autres qui montraient clairement la diversité et la pluralité au sein du mouvement. Ici il n’y a pas de leader, il y a des gens. Personne ne suit personne réellement, il ne s’agit même pas de savoir si c’est bien comme ça ou pas. Le désir de changement continue d’être présent, et c’est tout.
Attribuer ces manifestations à des mouvements organisés, à une stratégie concrète ou a des personnes spécifiques est une vieille interprétation, typique de ceux qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Chercher à mieux organiser le mouvement, prétendre que des demandes concrètes sont en cours, demander un leadership plus clair et incarné ou chercher sous les pierres son origine alambiquée est absurde : cela ne peut pas être, et plus que tout, c’est impossible.

Et maintenant ? Maintenant nous voulons plus !

Une fois la mèche allumée, il est très difficile de l’éteindre. La manifestation du 15M (15 mai) à Madrid a rassemblé des dizaines de milliers de personnes ; un événement autorisé et organisé depuis des semaines. Cependant celui d’hier, le 17 mai à Sol, a été organisé en quelques heures, en utilisant uniquement Twitter et Facebook. La place de 10000 m2 fut presque entièrement remplie, jusqu’à la rendre impraticable.
L’exemple s’est également largement étendu à d’autres villes. Le contrôle de tous ces mouvements est tout bonnement impossible. Il faut absolument, et par tous les moyens, que tout se déroule de façon civilisée et pacifique, mais ne nous ne sommes pas sûrs d’éviter des mouvements incontrôlés d’une part ou des réactions excessives d’autre part.  L’ordre malheureux d’expulsion du camp de la place Sol dans la nuit de dimanche a déclenché le rassemblement de mardi après-midi, et ce phénomène pourrait se produire plus souvent.

L'avarice nique la liberté

Il est important de comprendre que nous avons passé une étape

Une étape vers un modèle que les partis politiques devront comprendre, de gré ou de force. Ils ne peuvent plus ignorer les citoyens et défendre d’autres intérêts. La politique ne peut pas continuer à être menée de cette manière là.
Nous ne sommes pas dans le cas de la Tunisie ou de l’Égypte : en Espagne il y a un gouvernement démocratiquement constitué et personne ne descend dans la rue pour le renverser, mais des changements importants sont nécessaires, des changements en profondeur et drastiques que les partis devront mettre en place maintenant.
Pour l’instant, les partis politiques sont en train de minimiser l’importance de cette question, et pensent : « ça va leur passer ». Mais nous ne sommes pas dans cette dynamique. Probablement l’ampleur du changement nécessaire est telle que nous devrons faire des modifications depuis le code électoral jusqu’à la Constitution elle-même. Mais si cela ne se fait pas, si des avancées dans ce sens ne se font pas sentir, le mouvement continuera, et a de fortes chances de s’étendre.
Si nous tenons jusqu’au dimanche 22 mai et que les élections nous ressortent le même scénario et toujours les mêmes messages, j’ai le sentiment que le mouvement va s’intensifier. Mais en qui concerne ces mouvements de société, personne n’en possède le contrôle ou le pouvoir de prédire ce qu’il en adviendra.
La seule certitude est que l’Espagne a déjà sa révolution.

Publié initialement sur le blog de Enrique Dans, sous le titre “Entiendo la #spanishrevolution” Traduction : Ophelia Noor
Crédits photos :
via Flickr : Amayita [cc-by-nc-nd] ; Garcia Villaraco [cc-by-nc-sa] ; Brocco Lee [cc-by-sa]
via le wiki de #nolesvotes, logo sur fond noir nolesvotes
Retrouvez tous les articles de notre Une Espagne sur OWNI (illustration de Une CC Flickr Le Camaleon)
- Jose Luis Sampedro: “la vie ne s’arrête pas”
- Manifeste ¡ Democracia real ya !
  1. la place Sol est au centre de Madrid, elle serait l’équivalent de notre place de la République ou de la Bastille []
  2. ndlr : l’auteur parle ici d’Esperanza Aguirre, présidente actuelle de la communauté de Madrid et membre du PP, parti de droite espagnol []
  3. ndlr : le PSOE, parti socialiste espagnol []
  4. ndlr : la Hadopi espagnole au goût de Loppsi []
  5. Centre des enquêtes sociologiques []
  6. durée du mandat en Espagne []
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CALL FOR PAPERS 2011

 

CALL FOR PAPERS

Observatório Político FCSH-UNL

 
RPCP - Revista Portuguesa de Ciência Política

São aceites para publicação artigos, estudos e recensões de livros de acordo com as normas de publicação.
 
Os textos deverão ser enviados para
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Appel à contribution : "Gestion de classe, autorité... Prof, ça s'apprend ?"


 
LE PETIT JOURNAL PEDAGOGIQUE
Appel à contribution :
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On m’a encore demandé ma carte d’élève pour rentrer dans le lycée… le problème, c’est que je suis prof…

A Doença do Alzheimer

Em França, o Governo da República Reforça o seu Poder na Renault

Le gouvernement veut refondre la direction de Renault

LEMONDE.FR avec AFP | 23.05.11 | 09h14  •  Mis à jour le 23.05.11 | 10h09



L'Etat, qui est actionnaire à hauteur de 15 % de Renault, entend profiter de la désignation du successeur de Patrick Pélata pour obtenir une refonte de l'organigramme et de la gouvernance.
L'Etat, qui est actionnaire à hauteur de 15 % de Renault, entend profiter de la désignation du successeur de Patrick Pélata pour obtenir une refonte de l'organigramme et de la gouvernance.AFP/FABRICE COFFRINI
L'exécutif français souhaite que Renault engage une refonte de sa direction à la faveur du remplacement de son numéro deux suite au scandale de prétendu espionnage qui a secoué le constructeur automobile, affirment Les Echos, lundi 23 mai.


Patrick Pélata, qui a démissionné de ses fonctions de directeur général en raison du scandale, pourrait être remplacé par Carlos Tavares, l'actuel patron des activités de Nissan pour le continent américain. Celui-ci est soutenu par le patron du groupe, Carlos Ghosn, et son conseil d'administration, rapporte le quotidien.

LIMITER L'AUTONOMIE DE CARLOS GHOSN
M. Tavares a déjà rencontré le cabinet du ministre de l'industrie, Eric Besson, le 9 mai, et celui de la ministre de l'économie, Christine Lagarde le 20. Mais l'Etat, qui est actionnaire de Renault à hauteur de 15 %, entend profiter de cette désignation pour obtenir une refonte de l'organigramme et de la gouvernance dans le but de peser davantage sur la stratégie industrielle du groupe et de limiter quelque peu l'autonomie de Carlos Ghosn.
Selon Les Echos, les fonctions de Patrick Pélata pourraient être réparties entre plusieurs personnes. Le futur numéro deux pourrait siéger au conseil d'administration et bénéficier du titre de directeur général avec une plus grande autonomie par rapport à Carlos Ghosn, ce qui en ferait son successeur désigné.
Mais, souligne le quotidien, M. Ghosn n'envisage pas de mettre quelqu'un en position, avant 2014, de lui succéder ni de faire entrer le futur numéro deux au conseil d'administration. Pour l'heure, le gouvernement attend les propositions du patron du groupe. La désignation du directeur général adjoint pourrait n'avoir lieu que dans une semaine, affirme le quotidien économique.

A Mãe de Obama é de Ascendência Irlandesa

sexta-feira, 20 de maio de 2011

Psicologia Aplicada (versão actualizada)

Psicologia Aplicada (Versão Actualizada)

Le développement durable, nouvelle rhétorique universelle

Le développement durable, nouvelle rhétorique universelle

Fondation Res-Publica | 19.05.11 | 10h41  •  Mis à jour le 19.05.11 | 16h07



En ce début du XXIe siècle, le "développement durable" fait florès. Devenu aujourd'hui l'impératif catégorique, au moins la feuille de route, non seulement dans le cadre national pour des pays de plus en plus nombreux – Chine comprise – mais aussi à l'échelle de la communauté des nations, il revient rituellement dans les textes issus de l'ONU. Sa présence est également persistante, dans les medias, le discours d'entreprise, voire l'école… Que penser d'un tel succès ?

Première constatation : c'est une véritable flambée conceptuelle qui impose le "développement durable" dans sa dimension universelle au tournant des années 2000.
Certes, la création du concept remonte à 1987 : à l'initiative de l'ONU une commission consacrée "au développement et à l'environnement" débouche sur le rapport Bruntland. Un débat s'ensuit d'ailleurs quant à l'adjectif le plus approprié à retenir. Finalement ce sera "sustainable" en anglais et "durable" en français à l'exception remarquable du Québec qui préfère la traduction "soutenable". Le débat n'est pas si futile : on le verra par la suite, la sémantique est pour beaucoup dans l'acclimatation générale de ce nouveau concept.
Mais ce sont les sommets de Rio (1992) et surtout de Johannesburg (2002) qui consacrent définitivement "le développement durable". L'Europe adopte alors une "stratégie européenne de développement durable" comportant des objectifs que devraient s'approprier les pays de l'Union. En France, une "stratégie nationale de développement durable" (SNDD) est adoptée en 2010 à la suite du Grenelle de l'environnement, avec des objectifs précis et une batterie d'indicateurs.

Deuxième constatation : ce succès européen est explicable car le lien entre le développement et l'interrogation sur le maintien de ses conditions actuelles est une problématique imposée par la vague verte qui peu à peu s'installe dans le paysage politique de nombreux pays, dont la France. On croit discerner que le "développement durable" veut intégrer cette double dimension dans une synthèse en forme d'espoir pour le futur.
Mais les choses sont loin d'être aussi claires. En même temps, en effet, le développement durable, tout aussi bien dans sa version européenne que dans sa version "onusienne", comporte, à y regarder de près plus de thèmes liés au développement humain qu'à l'environnement. Sur les "neuf défis clés" relevés par le Grenelle de l'environnement, quatre ont trait au second : changement climatique et énergies, biodiversité, production et consommation durables, transport durable. Mais cinq se situent sur un tout autre registre : santé publique, démographie-immigration et inclusion sociale, pauvreté dans le monde, société de la connaissance et gouvernance. Surtout aucun lien n'est fait entre ces derniers objectifs et les objectifs proprement environnementaux.

C'est la troisième constatation : le développement durable se fonde sur une ambiguïté ou, peut-être, une dualité sous l'unité apparente du concept.
Cette dualité apparaît très clairement dans la "SNDD" qui, à la suite du rapport Stiglitz commandé en 2009 par le président de la République définit ainsi le "développement durable" : "Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs."
De même, le sommet de Johannesburg s'exprime ainsi : "Pour assurer le développement durable, il faut améliorer la qualité de vie de l'ensemble de la population mondiale sans accroître l'utilisation des ressources naturelles au-delà de ce que peut supporter la planète."
Faut-il penser qu'il y a là la juxtaposition de deux objectifs souhaitables ? L'espoir qu'à terme ils se rejoindront ? Faut-il plutôt croire que le "développement durable" résout la contradiction entre une éradication de la pauvreté qui ne peut être trop regardante sur la dégradation de l'environnement et les impératifs propres à rendre celui-ci "durable" et si oui, par quelle alchimie ?
La question n'a pu être évitée lors du denier sommet par lequel en septembre 2010 à New York, l'ONU a fait le bilan des dix premières années du siècle en ce qui concerne les "objectifs du Millénaire". Comme le soulignait l'économiste Esther Duflo, la réduction de l'extrême pauvreté semble engagée d'un point de vue purement quantitatif. Mais, ajoutait-elle, cet objectif en lui-même n'empêche pas d'une part que la croissance de l'éducation et de la santé qui sont la clé du développement humain restent très insuffisantes, d'autre part que "les progrès sont dus essentiellement aux excellentes performances de la Chine et de l'Inde" lesquelles n'ont pas été acquises dans un souci de préservation de l'environnement.
Manteau de Noé couvrant une dualité d'objectifs dont la synthèse n'a pas encore été trouvée sauf à titre invocatoire, tel est peut-être en ce début de XXIe siècle le "développement durable". On peut en tirer d'ailleurs des conclusions opposées.
On peut ainsi penser qu'il n'est pas si mauvais de disposer d'un terme permettant à toutes les nations du monde de se projeter dans l'avenir par une rhétorique qui est peut-être nécessaire à l'esprit d'universalité. Toutefois, il ne faut pas non plus se cacher que l'invocation d'un "concept attrape-tout" comme disait Roland Barthes peut conduire à une paresse de l'esprit. Il peut aussi servir d'enseigne à bien des choix qui n'ont à voir ni avec le développement … ni avec la durabilité, comme le montre plus d'une publicité commerciale. Il peut surtout cacher sous le voile d'un consensus universel des désaccords fondamentaux qui gagnent à ne pas apparaître : l'échec du sommet de Copenhague l'a bien montré.
Une autre approche, plus critique, est également légitime. Ne serait-il pas moins hypocrite ou du moins plus approprié, de parler de "développement humain" en gardant à l'esprit que ce développement qui passe en premier par l'éradication de la pauvreté, du déficit de santé et d'éducation – n'en déplaise aux pays riches – inclut aussi la capacité humaine à donner des réponses aux défis créés par ce même développement : démographie, épuisement des ressources naturelles, maîtrise de l'énergie, conscience de la nature publique des biens tels que l'eau ? Ce serait là reconnaître le caractère fondamental des besoins de l'"homme" dont la "planète" est en fait la créature que ce soit pour la piller ou pour inventer les solutions de demain.

Marie-Françoise Bechtel, vice-présidente de la Fondation Res Publica