quinta-feira, 5 de maio de 2011

Sauvetage du Portugal : pas de quoi pavoiser !


Editorial du "Monde"
Sauvetage du Portugal : pas de quoi pavoiser !
EMONDE| 05.05.11 | 13h37
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La routine ou presque.
Le Portugal est sur le point d'être placé sous assistance financière internationale afin d'éviter le naufrage. Un accord préliminaire, négocié par le gouvernement socialiste démissionnaire avec les responsables européens et le Fonds monétaire international, doit être présenté, jeudi 5 mai, à Lisbonne. Ce plan prévoit une aide de quelque 78 milliards d'euros au Portugal en échange d'un effort vigoureux du pays pour assainir ses comptes publics. Sauf surprise, il devrait recevoir l'aval des principaux partis d'opposition, éventuellement appelés à gouverner après les élections législatives anticipées du 5 juin.

Après la Grèce et l'Irlande, le Portugal est donc le troisième pays de la zone euro mis sous perfusion. Les Européens se sont résolus, contre leur gré, à vivre en mode "gestion de crise". Non sans difficulté, ils sont parvenus à se doter de mécanismes d'entraide autrefois tabous. Et la mise sous tutelle du Portugal s'est, jusqu'ici, passée sans drame au niveau européen, en dépit de la crise politique qui secoue le pays.
Cette relative harmonie contraste avec le psychodrame qui avait entouré la mise en place des prêts à la Grèce voici tout juste un an. Elle est pourtant trompeuse, tant l'union monétaire reste fragile. Sur le plan politique, la solidarité ne va pas de soi. Le continent est ébranlé par la crise et miné par des forces politiques et des opinions de plus en plus rétives à l'idée même d'entraide communautaire. On peut le regretter, mais en Finlande, en Slovaquie et surtout en Allemagne, ces sauvetages à répétition passent mal. Ils ont en effet brisé l'interdit qui proscrivait, dans les traités européens, de secourir un Etat de l'Union en difficulté.
Le parti nationaliste et eurosceptique des Vrais Finlandais, devenu la troisième force politique de ce pays, a menacé de s'opposer au plan d'aide au Portugal, qui devrait cependant être activé avant la formation de la prochaine coalition. Plus grave, les Vrais Finlandais veulent rejeter la création du mécanisme permanent de gestion des crises qui doit succéder en 2013 au dispositif bâti dans l'urgence en 2010.
Ce serait une grave erreur. Car l'égoïsme à courte vue risque d'alourdir encore la facture, comme on l'a constaté lorsque l'Allemagne a tardé à soutenir les maillons faibles de la zone euro. La critique des mouvements populistes - et des pays vertueux - est d'autant plus vive que la sortie du tunnel n'est pas encore en vue pour les économies laminées par la crise financière.
Il est dès lors facile de dénoncer le tonneau des Danaïdes que constitueraient ces prêts sans garantie de remboursement. Le débat sur la restructuration de la dette grecque n'a jamais été aussi fort. L'Irlande ne pourra rebondir que si elle restructure en profondeur le secteur bancaire surdimensionné qui a causé sa perte. Quant au Portugal, rien ne dit que les remèdes qui lui sont aujourd'hui prescrits ne l'enfonceront pas davantage dans la crise.
L'Europe ne peut se dérober à ses obligations. Mais elle n'a pas non plus de quoi pavoiser.

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