Le corrigé
Problème: ce qui est juste, c’est étymologiquement ce qui est conforme à la règle, au droit. La loi incarne la règle, on peut ici assimiler la loi, au droit positif, à la loi de l’État. En théorie, la loi est censée être juste et donc définir ce qui est juste. Mais on peut s’interroger sur cette définition du juste laissée à la loi. Cela soulève 3 difficultés: 1. la loi est-elle toujours juste et 2. faut-il laisser autre chose que soi ( et sa raison) distinguer ce qui est juste, de ce qui ne l’est pas. 3. si c’est la loi qui définit ce qui est juste alors on pourrait penser que la légalité, la conformité à la loi suffit pour être juste. Ce sujet invite donc à penser les grandes questions soulevées par cette notion de justice.
Plan possible :
I. C’est la loi (droit positif) qui définit ce qui est juste
A. Le droit positif apparaît comme légitime par opposition à la force ou au fait, et donc il incarne ce qui est juste et est la réponse à notre désir de justice.
B. C’est avec lui que commence à apparaître les notions de juste et d’injuste, avant lui la loi de la nature ni juste ni injuste selon Spinoza ou que du Bon et du mauvais selon chacun
C. Le droit positif est censé incarner la volonté générale du peuple et est dès lors aussi expression de la raison capable de voir l’intérêt général par delà l’intérêt immédiat et particulier, aussi le droit nous apparaît en général juste, car soit en accord avec notre raison ou en accord avec nos valeurs, notre culture.
TR : donc on peut dire que c’est la loi qui définit ce qui est juste. Mais pourquoi avons-nous dès lors le sentiment qu’elle est parfois injuste et ne l’est-elle pas de fait parfois? Dans ce cas peut-on vraiment la tenir comme étalon et source de la définition de la justice?
II. Le juste ne se réduit pas à sa définition selon la loi
A. D’abord parce qu’elle n’est pas toujours juste: la loi peut n’être qu’une légitimation de la force et du fait en eux-mêmes ni juste ni injuste mais injuste quand ils sont érigé en tant que loi
B. Ensuite parce que cela signifierait que la justice est relative: « Plaisante justice qu’une rivière borne » disait Pascal, or être juste renvoie à une dimension universelle.
C. Enfin le droit positif peut être en distorsion avec les autres droits moral, naturel ou divin. Ex de Thomas d’Aquin avec le vol
III. Il serait même dangereux de réduire le juste à la loi et à la légalité
A. Réduire le juste à la simple légalité, c’est justifier une obéissance systématique, c’est se résoudre à l’hétéronomie et se dispenser de consulter sa propre conscience et sa raison, avec les dangers que cela comporte : le cas de Eichmann, étudié par Hannah Arendt par exemple
B. c’est dire que seul le droit positif décide du juste et présupposer qu’il n’y a rien d’autre au-dessus du droit positif, c’est ce qu’essaie de défendre certains états au nom du principe de souveraineté et de non-ingérence et par delà cela de la différence culturelle. Cela peut entraîner une culturisation du droit et une absolutisation de la culture, qui signe la fin des droits de la personne, aussi dangereuse voire sans doute plus dangereuse que l’impérialisme des droits de l’homme que conteste certains.
C. C’est dire aussi qu’être juste, c’est simplement agir conformément à la loi qui est souvent bien en dessous de ce qu’exigerait de nous la morale. Là où la loi interdit de porter atteinte, la morale peut prescrire bien plus. C’est dire aussi que celui qui se tient à la loi est juste en soi, et ses intentions et mobiles, ne doivent-ils pas être examinés pour juger de sa justice ?
Il est peut être jugé insuffisant car il a pour but de faire coexister les libertés, fonde les droits de chacun sur les devoirs d’autrui. Son but est que nous ne nuisions pas à autrui. Donc il engage une certaine conception de l’homme que dénonce Marx ( texte p399) et se réduit à des interdictions, alors que le droit moral et/ou naturel exigent eux plus dans le rapport individuel à l’autre. Le droit positif interdit, la morale prescrit et oblige : Lévinas et Hegel et le devoir de bienfaisance.
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