Le plan d'aide au Portugal pourrait être de l'ordre de 75 milliards d'euros
pour Le Monde.fr | 07.04.11 | 13h12 • Mis à jour le 07.04.11 | 18h39
L'aide financière au Portugal devrait être activée avant les prochaines élections législatives dans ce pays, le 5 juin prochain. Sur fond de crise politique et budgétaire à Lisbonne, les préparatifs doivent "aller vite" au niveau européen, selon un haut responsable bruxellois. José Socrates, le premier ministre portugais, s'est résolu, mercredi 6 avril au soir, à demander une assistance extérieure, après avoir longtemps refusé d'aller en ce sens, entre autres pour ne pas avoir à passer sous les fourches caudines du Fonds monétaire international (FMI).
En prélude, les ministres des finances de la zone euro espèrent clarifier les contours de l'aide financière sollicitée par le Portugal, vendredi 8 avril. John Lipsky, le numéro deux du FMI, participera à une partie des travaux. La réunion est prévue de longue date près de Budapest, et tombe à pic pour gérer ce nouvel épisode de la crise des dettes souveraines qui ébranle la zone euro depuis plus d'un an.
"Il faut voir quelle est la portée de la demande portugaise, et si elle correspond à ce qui est nécessaire", dit un haut fonctionnaire bruxellois. "Un détail très important concerne l'implication du FMI : elle est indispensable, tout comme la mise en œuvre d'un programme d'ajustement", renchérit un expert. Ce dernier espère que le Portugal précisera au plus vite ses intentions. Et prévoit, dans le cas contraire, que ses dirigeants seront sous forte pression de leurs voisins européens pour accepter un plan d'aide semblable à celui activé en novembre 2010 pour l'Irlande, en association avec le FMI, pour un montant total de 85 milliards d'euros.
INTERVENTION DU FMI
En principe, les deux fonds mis en place au printemps en Europe ont assez de moyens pour voler seuls au secours d'un pays de la taille du Portugal. Mais une intervention conjointe du FMI, à hauteur d'un tiers du total engagé, est prévue en cas de plan d'aide au sein de la zone euro.
C'était l'une des conditions posées par Angela Merkel avant d'accepter, dans l'urgence, en mai dernier, de mettre en place les instruments européens de gestion des crises. Il est peu vraisemblable que la chancelière allemande accepte de faire une exception à la règle en faveur du Portugal, qui a, selon les responsables de la zone euro, déjà beaucoup tardé avant de faire appel à l'aide internationale.
Enfin, les Européens espèrent que l'opposition de centre-droit et le gouvernement socialiste démissionnaire pourront s'entendre sur les modalités du plan d'ajustement qu'ils exigent, avec le FMI, en contrepartie de toute aide. Il s'agit d'être sûr que ce programme sera appliqué quelque soit l'issue du scrutin du 5 juin. Les prochaines élections ont été convoquées en raison de la chute du gouvernement minoritaire de M. Socrates, après le rejet, par l'opposition, d'un plan drastique d'assainissement et de réforme, le 23 mars.
A ce jour, le premier ministre sortant est donné battu par son rival de centre-droit, Pedro Passos Coelho. Ce dernier est favorable au plan d'aide. "Jusqu'à l'élection d'un gouvernement suffisamment fort et crédible pour négocier une aide plus complète, à moyen et long terme, il est indispensable que le gouvernement en fonction puisse négocier un cadre minimum d'aide ", a-t-il indiqué, mercredi 6 avril, après la demande de M. Socrates.
Philippe Ricard
Fitch évalue l'aide nécessaire à 60 milliards d'euros
L'agence de notation Fitch Ratings estime à quelque 60 milliards d'euros les besoins de financement jusqu'en 2013 du Portugal, dont les autorités viennent officiellement de demander l'aide des Européens pour faire face aux prochaines échéances financières. Cette demande va "aider à atténuer les risques à court terme sur la stabilité économique et financière" du Portugal, estime l'agence de notation, l'une des trois principales dans le monde.Une fois un programme d'aide décidé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), Fitch prendra une décision, "peu de temps après" pour revoir sa notation du pays. L'agence avait rétrogradé de trois crans au début du mois la note souveraine du Portugal à "BBB-", dernier palier avant la catégorie "spéculative", estimant alors peu probable que le pays bénéficie d'une aide extérieure avant les élections législatives anticipées. (AFP)
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