Pour Jean-Claude Juncker, le Portugal ne sollicitera pas le fonds d'urgence de l'UE
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 25.03.11 | 08h14 • Mis à jour le 25.03.11 | 10h00
L'Europe s'est dite prête, jeudi, sous condition à aider le Portugal, avec un montant évoqué autour de 75 milliards d'euros, au lendemain de la démission du premier ministre qui rapproche le pays d'un plan de sauvetage et menace la stabilité de la zone euro. "Le Portugal ne sera pas laissé seul par les autres Européens", a déclaré Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, à l'issue de la première journée d'un sommet européen à Bruxelles. A ses yeux, un montant de prêts de 75 milliards d'euros serait "approprié" au cas où Lisbonne devrait faire appel à l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international. Aucune décision sur le déclenchement d'un plan d'aide au Portugal n'est attendue durant le sommet qui s'achève vendredi. "Nous n'avons pas discuté de cette possibilité", a même dit le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
Vendredi, Jean-Claude Juncker a déclaré qu'il ne voyait pas le Portugal solliciter une aide financière auprès du fonds d'urgence de l'Union européenne dans un avenir proche. "Je ne pars pas du principe que le Portugal va faire une requête pour une assistance financière. La situation au Portugal est très compliquée. Mais rien d'indique que le Portugal va faire une demande à court terme", a-t-il dit sur la radio Deutschlandfunk. "Ce n'est pas à nous de demander au Portugal de solliciter une aide. C'est du ressort du gouvernement portugais", a ajouté Jean-Claude Juncker.
Le Portugal va entrer dans une phase politique très incertaine, avec des élections anticipées à organiser. Mais la pression des marchés augmente. L'agence Standard & Poor's a annoncé vendredi avoir abaissé la note du Portugal de deux crans, de "A-" à "BBB", et n'a pas exclu un nouveau déclassement la semaine prochaine, quelques heures après une décision d'ampleur similaire de sa concurrente Fitch. Dans son communiqué, S&P souligne que la chute du gouvernement portugais est un facteur d'accroissement de l'incertitude politique et de hausse du risque de refinancement. Le premier ministre portugais, José Socrates, a présenté mercredi soir sa démission après le rejet par le Parlement des mesures d'austérité proposées par le gouvernement socialiste minoritaire. S&P n'exclut pas d'abaisser à nouveau la note du Portugal, cette fois d'un cran, dès la semaine prochaine, en fonction de la taille définitive du futur plan de sauvetage de la zone euro, le mécanisme européen de stabilité (MES). Fitch Ratings, qui a annoncé jeudi avoir abaissé de deux crans, de "A+" à "A-", sa note attachée à la dette souveraine du Portugal, estime aussi que le profil de risque du pays a augmenté après le rejet par le Parlement portugais du programme d'austérité du gouvernement.
Les dirigeants européens ont insisté jeudi sur la nécessité que le Portugal maintienne l'effort de réduction du déficit prévu, même si les mesures concrètes pour y parvenir étaient modifiées par l'opposition. "J'ai dit qu'il était capital que le Portugal confirme les projets qui ont été conçus et approuvés" par les autorités européennes, a déclaré le président de la banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet. "Nous avons exprimé notre confiance dans la capacité du Portugal à faire face à la situation actuelle et à trouver les financements dont il pourrait avoir besoin", a ajouté le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. La crise portugaise a relégué au second plan toute une série de décisions adoptées en parallèle par les dirigeants européens pour renforcer un dispositif de lutte contre les crises de la dette.
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