Pour la première fois, en application du traité de Lisbonne, les élections européennes sont « personnalisées » : chaque grande famille politiqueeuropéenne a présenté un meneur de campagne, chargé de donner un visage à ce scrutin pour lequel l'abstention s'annonce record.
A quelques jours des élections des 22-25 mai, cinq d'entre eux se sont affrontés jeudi 15 mai dans un grand débat, retransmis dans tous les pays européens.
Voici les six candidats en lice pour présider la Commission européenne.
- Jean-Claude Juncker (Parti populaire européen)
La droite a choisi comme tête de liste un candidat qui a de la bouteille européenne. Ce vétéran qui n’a pas encore 60 ans est fier de faire partie des signataires du traité de Maastricht. Il a été de presque tous les conseils européens de ces dernières années et connaît comme sa poche les moindres recoins de la politique bruxelloise. Il passe dans un même discours du français à l’allemand ou à l’anglais. Chrétien social, il a essayé d’incarner un visage plus humain sur la Grèce, face à l’intransigeance allemande, et compte représenterle nouveau credo du PPE : l’économie sociale de marché. Mais l’ancien premier ministre du Luxembourg part aussi au combat avec une image de défenseur du secret bancaire.
- Martin Schulz (Parti socialiste européen)
Quel que soit le résultat du scrutin du 25 mai, le chef de file des socialistes européens pourra se prévaloir d’un succès : avoir fait accepter l’idée d’une « locomotive » unique par famille politique du Parlement européen. Ce rôle – inscrit selon lui dans les traités européens –, cet Allemand de 58 ans élu (SPD) à Strasbourg depuis 1994 l’habite déjà depuis des mois. Sollicitant son excellent français et son caractère bien trempé, il participe à des réunions publiques dans l’un ou l’autre pays de l’Union et parcourt les médias pour mieux faire connaître« l’autre Allemand » de l’UE. L’un de ses principaux défis, si les socialistes s’imposent, sera peut-être de convaincre Angela Merkel de ne pas lui barrer la voie.
- Guy Verhofstadt (ADLE - libéraux)
Polyglotte doté d’un solide sens de l’humour, Guy Verhofstadt rêve de mettre en place les « Etats-Unis d’Europe », défendant avec vigueur les mérites du fédéralisme. La principale cible du président de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) : les partis eurosceptiques et notamment le UKIP britannique du trublion Nigel Farage. M. Verhofstadt incarne une ligne plus sociale que l’autre grande figure du parti, le Finlandais Olli Rehn. L’ex-premier ministre belge ne ménage pas ses critiques sur la gestion par Bruxelles de la crise de la zone euro. En vue des grandes manœuvres entre partis pour la présidence de la Commission, il espère pouvoir séduire les socialistes et les Verts.
- Ska Keller - José Bové (Verts)
Le tandem qui mène la campagne des Verts ne vise pas tant la tête de la Commission qu’une forte influence sur le choix du président. L’objectif est defaire entendre les différences des Verts face aux autres partis de gauche. Eurodéputé depuis 2009, José Bové entend prendre, au Parlement, la relève de Daniel Cohn-Bendit, qui tire sa révérence après quatre mandats. M. Bové, 60 ans, qui réside toujours dans le Larzac, a fait de la lutte contre les lobbies (agroalimentaire et tabac notamment) sa signature.
Franziska (« Ska ») Keller, 32 ans, incarne le renouveau du parti. Née en RDA, cette spécialiste des questions migratoires est une figure montante de Die Grünen, les Verts allemands.
- Alexis Tsipras (gauche radicale)
Alexis Tsipras est devenu l’incarnation de la lutte contre la « troïka » (Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne et Fonds monétaireinternational). Les plans de restructurations sévères imposés à la Grèce ont fait de Syriza la deuxième force politique du pays. Son dirigeant de 39 ans s’est transformé en porte-voix des opposants de gauche à la politique d’austérité. En Grèce, certaines voix internes au parti critiquent déjà les concessions qu’il serait prêt à faire pour gouverner. Mais en Europe, il reste un héros de la gauche radicale et parcourt les capitales pour pourfendre l’Europe de Merkel. Et celui qui était surnommé le « Mélenchon grec » a supplanté en popularité son modèle français.
- Marine Le Pen - Geert Wilders (extrême droite)
L’objectif prioritaire pour les droites extrêmes est de parvenir à constituer un groupe au Parlement européen. Cela suppose de réunir au moins 25 députés provenant d’au moins 7 pays. Marine Le Pen, la présidente du FN, s’est lancée depuis des mois à la recherche d’alliés qui lui permettraient d’avoir gain de cause. Elle s’est entendue avec le Parti pour la liberté du Néerlandais Geert Wilders et peut aussi compter sur de possibles élus du FPÖ autrichien et du Vlaams Belang belge, tandis que les Démocrates suédois (SD) semblenthésiter. En revanche, les néo-nazis d’Aube dorée et le Jobbik hongrois sont tenus à l’écart, et les Britanniques anti-UE du UKIP ne se reconnaissent pas dans cette famille.
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