“L'homme n’a rien de plus inconnu autour de lui que l’homme même. Les phénomènes de sa pensée, les lois de la civilisation, les phases de ses progrès ou de ses décadences, sont les mystères qu’il a le moins pénétrés. Il connaît mieux la marche des globes célestes qui roulent à des millions de lieues de la portée de ses faibles sens, qu’il ne connaît les routes terrestres par lesquelles la destinée humaine le conduit à son insu : il sent qu’il gravit vers quelque chose, mais il ne sait où va son esprit, il ne peut dire à quel point précis de son chemin il se trouve. Jeté loin de la vue des rivages sur l’immensité des mers, le pilote peut prendre hauteur et marquer avec le compas la ligne du globe qu’il traverse ou qu’il suit ; l’esprit humain ne le peut pas ; il n’a rien hors de soi-même à quoi il puisse mesurer sa marche, et toutes les fois qu’il dit : « Je suis ici, je vais là, j’avance, je recule, je m’arrête, » il se trouve qu’il s’est trompé et qu’il a menti à son histoire, histoire qui n’est écrite que bien longtemps après qu’il a passé, qui jalonne[…]”
Excerto de: Alphonse (De) Lamartine. “Méditations poétiques.” iBooks. https://itunes.apple.com/pt/book/meditations-poetiques/id620622617?mt=11
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