quinta-feira, 24 de maio de 2012

Há quem pague para emprestar dinheiro à Alemanha. Assim, até eu enriquecia.


Quand les investisseurs payent pour prêter à l'Allemagne

 (Mis à jour: )
A la Bourse de Francfort, le 7 mai.
A la Bourse de Francfort, le 7 mai. (Alex Domanski. REUTERS)
    Tandis que certains pays européens ne peuvent plus se financer sur les marchés, Berlin le fait à taux zéro, voire négatif.
Par DOMINIQUE ALBERTINI
En ces temps de crise, voilà qui semble relever du surréalisme économique : mercredi, l’Allemagne a emprunté gratuitement 4,5 milliards d’euros sur les marchés. Les investisseurs se sont rués sur des obligations à deux ans, rémunérées à 0%. Plus tard dans la journée, les taux allemands à dix ans ont atteint un minimum historique de 1,77%. Sur la même durée, la prime de risque française est à 3,5%, l’italienne à 5,7%, l’espagnole à 6,2%.
Cette bizarrerie n’est pas une première. En janvier, Berlin avait même émis des titres à court terme à des taux négatifs (-0,01%). Autrement dit, les investisseurs étaient prêts à payer pour détenir des obligations allemandes, en récupérant moins d’argent qu’ils n’en ont prêté. C’est aussi le cas, d’ailleurs, pour les titres à taux zéro, car l’inflation (2,1% en Allemagne en avril) fait baisser la valeur de l’argent sur la durée du prêt.
L’explication est simple, et inquiétante : le contexte économique est tellement incertain que les investisseurs s’arrachent les rares valeurs sûres à long terme, même si elles sont peu ou pas rentables. Et en premier lieu, les obligations allemandes. «On assiste à une fuite vers la qualité, commente Patrick Jacq, analyste obligataire chez BNP Paribas. La sécurité est l’unique facteur de décision des investisseurs.» Les obligations françaises à deux ans, encore considérées comme des actifs sûrs, sont elles aussi à leur plus bas historique, à moins de 50 centimes.

Réglementation

A cette aversion au risque s’ajoutent des contraintes réglementaires. Les investisseurs privés ne peuvent pas laisser dormir leur argent : ils doivent l'investir dans des actifs. Or, «les institutions officielles comme les banques centrales sont obligées d’avoir dans leur portefeuille des titres à court terme les mieux notés possible, poursuit Patrick Jacq. Idem pour les banques commerciales, que les nouvelles réglementations dites Bâle III contraignent aussi à détenir des titres de la meilleure qualité.» Et dans le club très sélect des pays notés triple A, Berlin fait figure de tête de gondole.
Du coup, les obligations allemandes sont aussi les plus faciles à revendre sur le marché secondaire, éventuellement avec des bénéfices : une motivation supplémentaire pour certains acheteurs. 
Cette anomalie économique révèle l'extrême pessimisme des marchés vis-à-vis de la situation de l'Europe. Elle éclaire également le scepticisme de l'Allemagne à l'égard des eurobonds réclamés par la France, qui pourraient renchérir le coût de sa dette. 

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