terça-feira, 18 de outubro de 2011

"Le Capitalisme peut-il survivre"


"Le Capitalisme peut-il survivre", de Joseph Schumpeter

par Philippe Arnaud


"Le Capitalisme peut-il survivre", de Joseph Schumpeter. Editions Payot, 206 pages, 18 euros.DR

Beaucoup a été dit sur le concept de destruction créatrice. On a plus rarement souligné son ironie.

Ce livre reprend la deuxième partie de Capitalisme, socialisme et démocratie, paru pour la première fois aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale.
Le texte est imprégné du climat intellectuel de la fin des années 1930. Il n'en demeure pas moins d'une frappante actualité.
Joseph Schumpeter (1883- 1950) y examine les raisons de ce qu'il appelle l'"autodestruction" du système capitaliste.
Ce phénomène est-il lié à la "disparition des occasions d'investissement", comme le pensait Keynes? Au déclin de la famille bourgeoise? Au crépuscule de la fonction d'entrepreneur? A une "surproduction d'intellectuels" (dont Schumpeter fait lui-même partie) qui critiquent le système? Sans doute.
"LA VISION DE MARX ÉTAIT JUSTE"
Mais, pour le penseur autrichien, les causes sont plus profondes. "La vision de Marx était juste", écrit-il, en soulignant le mot "vision". "Le processus capitaliste s'attaque (...) à son propre cadre institutionnel." Et notamment à l'idée fondamentale, sacrée, de propriété.
Dans des pages prophétiques, peut-être les plus étonnantes du livre, Schumpeter montre comment ce que l'on appelle aujourd'hui la dématérialisation, ou la financiarisation de l'économie, "en substituant un simple paquet d'actions, aux murs et aux machines d'une usine, dévitalise la notion de propriété." "L'appropriation dématérialisée, défonctionnalisée et absentéiste, écrit-il, ne provoque pas et n'impose pas, comme le faisait la propriété vécue de naguère, une allégeance morale. Finalement, il ne restera personne pour se soucier réellement de la défendre."
Pour celui que l'on présente volontiers, aujourd'hui encore, comme un économiste hérétique, le "credo socialiste" n'était qu'une variante du credo capitaliste.
Ironie de l'histoire, c'est le succès - et non l'échec - du capitalisme qui, selon Schumpeter, désignait le socialisme comme "son héritier présomptif". Ce qui ne voulait pas dire, pour lui, que le capitalisme n'avait pas encore de beaux ou sombres jours devant lui.

Le capitalisme peut-il survivre ? de Joseph Schumpeter. Payot, 206 pages, 18 euros.

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