Ça fait 15 ans que ça dure, mais c’est de pire en pire ! Au soir de chaque élection, les dirigeants de tous les partis politiques défilent sur les plateaux de télé, la mine triste, et nous expliquent que la première leçon à tirer du vote, « c’est le très haut niveau d’abstention qui montre que notre pays s’enfonce dans une grave crise démocratique. » Cette rengaine, nous l’avons tous entendue 20 fois.
Mais il ne se passe jamais plus de deux jours pour que « la grave crise démocratique » soit totalement oubliée et que chacun retourne à sa cuisine habituelle.
Est-il possible de revenir sur les résultats de dimanche ? Le total des non-inscrits, des abstentionnistes et des votes blancs ou nuls représente 65,9 % des citoyens en âge de voter… Le « premier parti de France », celui qui a remporté « une éclatante victoire », le seul qui soutient la politique menée par Nicolas Sarkozy, a reçu le soutien de 9,5 % des citoyens. Et le premier parti de gauche, que l’effondrement de l’imposture néo-libérale aurait du conforter dans un rôle central, est à 5,7 %…
Et qu’on ne nous dise pas que les Français ne s’intéressent pas à l’Europe. Lors du dernier référendum, l’abstention a été 2 fois plus faible !
La plupart de nos concitoyens, nos voisins de palier, nos collègues de travail, ne sont pas allés voter parce qu’aucune liste n’avait un projet qui semblait à la hauteur des enjeux. Tous les partis ont dit et répété que nous vivions une “crise historique” mais aucun n’a fait l’effort de proposer un projet à la hauteur des enjeux.
En février dernier, nous étions plus de 5.000 militants et élus du PS à proposer une méthode pour muscler le projet (Cf www.plusloinplusvite.fr). Mais personne à Solférino n’a trouvé 5 minutes pour nous recevoir et les grands élus qui avaient eu le courage de signer notre Appel se sont fait presque tous fait “engueuler” par la direction.
Nous sommes nombreux à attendre du Conseil national de ce soir autre chose qu’un replâtrage de façade.
Vu la gravité de la crise sociale (il y a déjà 4 millions de chômeurs et le gouvernement a admis hier que leur nombre allait augmenter de 600.000 d’ici un an), vue la gravité de la crise écologique (toutes les études montrent que le dérèglement climatique risque d’échapper à notre contrôle si nous ne changeons pas très vite nos modes de vie), vue la gravité de la crise alimentaire (on en parle moins, mais des millions d’hommes et de femmes continuent à mourir chaque année), la question que doit trancher ce soir le Conseil National du PS n’est pas de savoir si Tartemuche va monter à la direction pour seconder Tartemolle ou si Tartampion déclare sa candidature pour 2017. La seule question est de savoir si nous sommes capables de prendre quelques mois pour, enfin, nous mettre au travail.
Nous sommes des millions à attendre un sursaut du PS et de l’ensemble de la gauche.
Vu l’histoire de ce parti, vu la qualité du travail réalisé par ses élus et ses militants, vu la richesse intellectuelle de tous les réseaux politiques, associatifs, syndicaux ou universitaires de notre pays, en quelques mois, il est possible d’organiser un sursaut intellectuel et politique de l’ensemble de la gauche. A condition de le vouloir et de, très vite, nous en donner les moyens.
Si nous ne sommes pas capables d’organiser ce sursaut, les régionales de 2010 et les présidentielles de 2012 verront s’aggraver la « grave crise démocratique dans laquelle s’enfonce notre pays »…
Pierre LARROUTUROU est économiste et ancien Délégué national Europe du PS. Il vient de publier Crise, la solution interdite.
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