sábado, 6 de junho de 2009
DESCARTES, LEIBNIZ E KANT - RESUMO
Les grands philosophes de la tradition sont susceptibles de parler immédiatement à des gens qui ignorent pratiquement tout de l’époque et du contexte. Que Descartes, Leibniz ou Kant puissent être traités spontanément comme des contemporains est une sorte de fait premier dont toute histoire de la philosophie doit tenir compte. Même si cela peut sembler la conséquence d’une forme de naïveté un peu ridicule aux yeux de l’historien averti, ce qu’il y a au début n‚est sûrement pas l’incommensurabilité ou la distance infranchissable qui sont censées nous séparer de certains de nos ancêtres philosophiques.
Un certain anachronisme conscient et raisonné semble être un élément constitutif de la tentative que nous faisons pour instaurer une sorte de dialogue imaginaire avec nos grands prédécesseurs : nous les traitons comme les partenaires d’une conversation dans laquelle nous considérons que nous devrions pouvoir les persuader que nous avons clarifié certaines de leurs idées, remédié à certaines insuffisances de leurs théories, amélioré certaines de leurs méthodes et peut-être résolu mieux qu’eux certains de leurs problèmes.
Ce cinquième volume des Essais de Jacques Bouveresse constitue l’hommage d’un philosophe rationaliste d’aujourd‚hui à trois grandes figures du rationalisme classique. S’appuyant sur Frege, Gödel et quelques autres modernes, il examine et discute leurs conceptions de la raison et de la vérité, de la logique et des mathématiques, du possible, de la contingence et de la liberté, ou encore des relations entre le corps et l’esprit.
« Si on considère la façon dont l’histoire de la philosophie française traitait encore, il n’y a pas si longtemps, la philosophie du XXe siècle, la conclusion qui s’impose me semble être que la pratique de l’histoire a eu tendance, de façon générale, à fortifier bien plus la conception essentialiste de ce qu’est la philosophie que le sens de la contingence historique, de la pluralité et de la relativité des productions philosophiques.
Ce n’est sûrement pas tout à fait un hasard si, dans un pays comme la France, les historiens de la philosophie ont une tendance aussi remarquable à se présenter en même temps comme les gardiens de la (vraie) philosophie, en donnant l’impression d’être à peu près les seuls à savoir réellement ce qu’elle est. Il vaudrait sûrement mieux pour la philosophie qu’elle ne soit pas considérée comme un temple ou que ceux qui se présentent comme les gardiens de celui-ci soient capables d’explorer autre chose qu’une toute petite partie de la construction dont ils sont censés garantir l’inviolabilité. »
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