Pour Amazon, Google ou Starbucks l'impôt n'a pas de frontières
13.11.12 | 12:06
Y a un truc! On ne peut s'empêcher d'avoir ce réflexe dubitatif, lorsque, bluffé par un tour de passe-passe, abusé par ce que nos yeux n'ont pas pu détecter, on tente de remettre un peu de rationnel dans une réalité qui nous dépasse. Starbucks, Amazon ou Google sont des entreprises admirées pour leur capacité à dégager des bénéfices, mais leur habileté ne s'arrête pas là. Leur "truc" à elles s'appelle l'optimisation fiscale. Gagner le maximum dans un endroit donné, tout en payant le minimum d'impôts. Trop fort!
Ce petit manège agace de plus en plus les Etats, qui, asphyxiés par la dette, cherchent légitimement à récupérer leur dû. Une commission parlementaire britannique a ainsi réclamé, lundi 12 novembre, à ces trois multinationales américaines de lui révéler le dessous des cartes.
Par exemple, comment fait Starbucks pour continuer à s'évertuer à perdre de l'argent au Royaume-Uni? Treize ans que cela dure, et malgré tout, la chaîne de café s'entête à y investir. "Soit vous gérer mal l'entreprise, soit il y a un truc", s'est énervé un parlementaire britannique. "Nous n'avons gagné de l'argent qu'en 2006", s'est presque excusé le directeur financier de Starbucks, Troy Alstead. En fait, tout l'art de la magie consiste à s'adapter à son public. Car en 2009, la direction assurait la main sur le coeur aux analystes financiers que la filiale britannique gagnait de l'argent. Sans doute un excès de naïveté de leur part. Ou bien avaient-ils oublié de prendre en compte les "faux frais" de Starbucks dans ce pays. Ainsi, 6% du chiffre d'affaires doit être reversé à la filiale néerlandaise au titre de "l'usage de la marque". Sans compter la société interne de courtage, basée en Suisse, qui revend le café à Starbucks au Royaume-Uni en prenant au passage une marge de 20%. Une fois passés au percolateur de l'optimisation fiscale, on comprend que les bénéfices s'évaporent vers des contrées plus accueillantes en matière fiscale.
Chez Amazon, le "truc", c'est le Luxembourg. Les clients britanniques du libraire en ligne n'achètent pas leurs livres au pays de Shakespeare, mais auprès d'une société logée au Grand-duché. Le contribuable anglais n'a plus qu'à tourner la page. Le fisc français, lui, s'y refuse et réclame 252 millions de dollars d'arriérés d'impôts à Amazon. Pour Google, c'est l'Irlande, où le climat fiscal est des plus cléments, tout en disposant d'un siège aux Bermudes. On est jamais trop prudent avec la météo.
"Nous ne faisons rien d'illégal", clament en coeur ces multinationales, dont la liste n'est pas exhaustive. C'est bien le problème. Il ne tient qu'aux Etats de mettre fin à la prestidigitation.
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