Pour recruter des enseignants, l’Europe a des idées
Le Monde.fr | • Mis à jour le |Par Angèle Guicharnaud
La mauvaise image de la profession et les bas salaires expliquent en grande partie la désertion du métier. C'est ce que relève l'étude, qui s'est appuyée, pourparvenir à ses conclusions, sur un sondage, réalisée par Bruxelles auprès de plus de 80 000 professeurs, étudiants, formateurs et chefs d'établissement de 31 pays européens. En France, à titre d'exemple, la moitié des postes mis au dernier concours de mathématiques n’ont pas été pourvus.
UN PRÉ-SALAIRE PENDANT LA FORMATION
En outre, si la plupart des sondés répondent qu'ils ont choisi ce métier par vocation, un enseignant sur trois envisage de changer de profession. En France, ils sont même plus de 60% à rêver d'une reconversion.Un projet que seule une minorité d'entre eux mettra probablement à exécution, faute d'y êtreaidés. Développer les reconversions est par conséquent l'une des nombreuses propositions émises par la Commission pour rendre le métier plus attractif.
Pour encourager les candidatures, Bruxelles dresse une liste de recommandations. Il faut d'abord, selon l'exécutif européen, augmenter les salaires, jugées trop bas au regard du niveau d'études demandé. Accélérer les hausses de salaires pour les enseignants « les plus efficaces » est également nécessaire, estiment les experts du rapport.
Entre 2000 et 2009, les salaires réels des enseignants ont pourtant augmenté dans tous les pays européens. Partout... sauf en France, où les salaires des enseignants en début de carrière étaient parmi les plus bas d'Europe en 2009. Depuis, la paye des jeunes profs français a été légèrement revalorisée – par le ministre de l'éducation Luc Chatel, fin 2011 – mais ils restent encore bas. En revanche, les salaires français progressent plus que dans d'autres pays européens pendant la carrière : un enseignant français rattrape donc son retard sur ses homologues étrangers au bout de 15 ans.
Attirer de nouveaux enseignants passe aussi, selon l'exécutif européen, par la mise en place d'un pré-salaire pendant la formation en échange d'un engagement à exercer au moins huit ans et le maintien des aides de début de carrière jusqu'à trois ans après la prise de fonction. Une mesure qui existe en France sous le nom d’Emploi d’avenir professeur (EAP) et a du mal à attirer.
MIEUX ARTICULER COURS THÉORIQUES ET PRATIQUES
Repenser la formation et le recrutement est l'une des autres pistes proposées. Pour la Commission européenne, il faut continuer à recruter les enseignants à bac+5. Mais la formation initiale doit mieux articuler cours théoriques et cours pratiques, pour que les étudiants soient plus rapidement et plus efficacement confrontés à la réalité du métier. La formation continue, préconise le rapport, devrait être obligatoire, gratuite et encouragée par les chefs d'établissements. Aujourd’hui, souligne Bruxelles, les crédits manquent et les plans académiques de formation sont souvent consacrés aux changements de programmes ou aux nouveaux enseignements.
Pour ce qui est du vivier de candidats, il devrait être élargi aux personnes ayant exercé, au préalable, une autre profession, propose le rapport. Peu à peu, les « secondes carrières enseignantes » se développent sur le terrain. Mais elles pourraient être encouragées et sont freinées par les nominations qui se font à l’échelle nationale en France.
Enfin, lancer des stratégies de communication pour améliorer l'image de la profession dans les fictions et dans les médias permettrait aussi, même si ce n’est pas central, de renforcer l'attractivité du métier d'enseignant selon la Commission. Côté financement, Bruxelles se montre toutefois réaliste : la crise est un frein majeure à la mise en place de ces mesures.
- Angèle Guicharnaud
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